Téléphonie : au Cameroun, la nouvelle taxe qui fait polémique

15
Téléphonie : au Cameroun, la nouvelle taxe qui fait polémique
Téléphonie : au Cameroun, la nouvelle taxe qui fait polémique

Africa-PressCameroun. Pour lutter – officiellement – contre les fraudes douanières, Yaoundé impose désormais aux utilisateurs de téléphones et tablettes de s’acquitter de la taxe d’importation. Mais pour les consommateurs, la pilule ne passe pas.

C’est une réforme qui a du mal à passer au sein de l’opinion. Dès le 15 octobre, les utilisateurs de terminaux électroniques neufs tels que les téléphones (portables ou fixes), tablettes et modems, son supposés s’acquitter des droits de douane afférant à ces produits, pour un montant équivalent à 33 % de la valeur à l’usine de l’appareil concerné.

À chaque fois qu’un nouvel appareil sera détecté pour la première fois sur le réseau camerounais, un SMS sera adressé à l’utilisateur lui indiquant le montant à régler, ce qu’il pourra faire par voie numérique, via une plateforme gouvernementale dédiée, en une fois ou par traites.

Présentée conjointement par le ministère des Postes et Télécommunication et la douane camerounaise, cette mesure que le gouvernement considère comme une « innovation » vise à optimiser les recettes douanières sur l’importation des téléphones qui ont connu une baisse drastique au cours de ces vingt dernières années.

« Aujourd’hui, moins de 100 millions de francs CFA (152 000 euros) sont collectés chaque mois, contre deux milliards encaissés dans les années 2000. Or selon les estimations, près de 4 millions de téléphones sont importés au Cameroun chaque année, ce qui représente pour l’État un potentiel de 13 milliards de F CFA de recettes douanières (20 millions d’euros) », explique la direction générale des douanes dans une communication.

« Les importateurs de téléphones trouvent le moyen de contourner la douane en dissimulant leurs marchandises (…) Pourquoi devrait-on payer des taxes pour importer des voitures et autres marchandises et pas pour les téléphones ? », s’insurge un cadre du ministère des finances, joint par Jeune Afrique.

Si la douane soutient que les consommateurs payaient déjà cette taxe, plus ou moins consciemment, lors de l’acquisition d’un terminal neuf, l’opinion ne décolère pas. « C’est peut être une ancienne taxe pour eux, mais c’en est une nouvelle pour nous, car on devra désormais ajouter cela dans nos prévisions budgétaires lorsqu’on voudra acquérir un téléphone ! » commente Paul Bidias, un habitant de la capitale Yaoundé.

Sur les réseaux sociaux, le hashtag #EndFoneTaxe a été créé et partagé des milliers de fois. La protestation a d’ailleurs traversé le champ socio-économique pour atteindre les milieux politiques. Pointés du doigt, les députés ayant entamé leur mandat en février dernier rejettent la responsabilité de l’adoption de cette disposition sur ceux de la mandature précédente, car si les modalités de la nouvelle taxe ont été définis pour ce mois d’octobre, son principe était prévu dès la loi de finances 2019, adoptée en novembre 2018.

Au sein de l’opposition, des groupes s’organisent pour réclamer l’abrogation de la disposition. Le leader du PCRN, Cabral Libii, indique avoir « bon espoir » de faire annuler cette taxe « afin de préserver les intérêts du peuple ». Contraintes administratives

Au-delà de la contestation politique et sociétale, la mise en place de la taxe semble devoir être retardée par des contraintes administratives : selon une source à l’Agence de régulation des télécoms, le contrat de partenariat entre l’État du Cameroun, les opérateurs de téléphonie mobile et la société Arintech, la startup ayant développé la plateforme, fait encore l’objet de discussions. L’agence n’a pas été associée au processus de désignation d’Arintech, précise cette source.

Les opérateurs attendraient notamment la position du gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), responsable de la politique monétaire en zone Cemac, qui a été saisi afin de déterminer si le crédit de communication peut être utilisé comme un moyen de paiement de taxes.

Paul Zambo, le PDG d’Arintech se veut pourtant rassurant. Invité de l’émission « Scène de presse » sur la télévision nationale CRTV le 11 octobre, il a déclaré qu’au moins cinq pays africains attendaient la mise en place de cette solution pour la mettre en pratique sur leur territoire.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here