Uemoa : ce qu’il faut savoir sur le doublement du capital des banques

8
Uemoa : ce qu’il faut savoir sur le doublement du capital des banques
Uemoa : ce qu’il faut savoir sur le doublement du capital des banques

Africa-Press – Cameroun. Apports des actionnaires, fusions-acquisitions, absorptions… En voulant muscler le capital des banques ouest-africaines à 20 milliards de F CFA, les autorités monétaires et réglementaires cherchent avant tout à préserver la solidité du secteur. Explications.

« Le Conseil des ministres a enfin décidé du relèvement du capital social minimum des banques de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) de dix à vingt milliards de F CFA en vue de renforcer la résilience du secteur bancaire et de répondre aux besoins croissants de financement auxquels font face les pays de l’Union ». C’est par ces termes que les autorités monétaires et règlementaires ont décidé de doubler le capital minimum des banques de l’Union qui s’établit désormais à 20 milliards de francs CFA (plus de 30 millions d’euros). Pourquoi cette décision ?

1 – Trois ans pour se conformer

Quoique inédite, cette annonce était attendue par le secteur. Dans les faits, les actionnaires disposent d’un délai maximum de trois ans pour se conformer. « Cette décision va freiner l’entrée de nouveaux acteurs dans le secteur bancaire. Avec 10 milliards de F CFA, c’était encore faisable, mais là on passe au double. Si un investisseur veut venir, il lui faudra un peu plus de 20 milliards, cela va réduire l’arrivée de potentiels candidats », décrypte sous couvert de l’anonymat le patron d’un groupe bancaire établi à Abidjan. Il faut dire que le secteur bancaire est en pleine ébullition avec l’arrivée massive de nouveaux acteurs. En Côte d’Ivoire ou au Sénégal par exemple, le secteur compte respectivement une trentaine et une vingtaine d’établissements, bien au-delà des dix banques opérant au Maroc avec une économie plus forte.

2 – Absorber la crise de liquidité

La décision intervient dans un contexte où le secteur financier régional, sollicité à outrance par les États pour leurs besoins de financement du développement traverse une crise de liquidité. « Les autorités veulent assurer la solidité du système bancaire et la résilience à supporter les chocs actuels et futurs. Mais l’augmentation actuelle du capital ne saurait à elle seule résoudre la crise de liquidité », tranche un financier de la région. L’appétit des investisseurs régionaux pour la dette souveraine a fini par assécher en partie la trésorerie des banques de l’Union. D’autant que ces dernières ne peuvent plus se faire refinancer en contrepartie des titres publics détenus à hauteur de 90 % de leur montant auprès de la Banque centrale.

3 – Consolidations à venir

« Les banques existantes seront obligées d’augmenter leur capital obligeant les actionnaires à mettre la main à la poche. En conséquence, les banques de petite taille dont les actionnaires ne pourront pas passer à 20 milliards vont vendre leur banque. Nous assisterons de fait à des fusions-acquisitions, ce qui peut peut-être réduire le nombre de banques dans la zone Uemoa. Je pense que l’idée est d’avoir des banques solides avec des fonds propres plus importants et qui ont donc la capacité de financer l’économie. C’est aussi un assainissement du secteur bancaire. Ne subsisteront que les banques d’une certaine taille », insiste notre source.

4 – Une gageure pour les banques publiques

Enfin, les banques publiques jouent-elles leur avenir ? D’autant que l’émergence tous azimuts de banques contrôlés par des capitaux publics, loin de faire l’unanimité doit encore prouver sa pertinence dans l’architecture financière nationale et régionale. « Au-delà des disparitions ou des fusions qui en découleront, l’une des problématiques porte sur les établissements détenus par l’État, dont certaines ne respectent pas le capital social de 10 milliards de F CFA », pointe du doigt un ancien cadre de la Commission bancaire, le gendarme du secteur basé à Abidjan.

Lancée en 2019 avec un capital de 14,8 milliards de F CFA (22,5 millions d’euros), abondé par l’État via le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES), la Loterie nationale du Burkina et la Caisse de retraite des fonctionnaires, la Banque agricole du Faso envisage une nouvelle augmentation de son capital. En cause, des créances compromises estimées à 50 milliards de F CFA et le fait que le groupe de treize organisations paysannes, parmi lesquelles la Confédération paysanne du Faso et l’Union des producteurs semenciers, pressenties pour faire partie du capital, n’a toujours pas libéré ses participations, conformément à l’accord confidentiel entre les fondateurs.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Cameroun, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here