Africa-Press – Cameroun. Au Cameroun, les élections passent mais Paul Biya demeure, est-on tenté de dire lorsqu’on observe les résultats du scrutin présidentiel du 12 octobre dernier. Le Doyen des Chefs d’Etats de la planète est déclaré vainqueur avec 53,66% des voix exprimées contre 35,16% pour son principal challenger Issa Tchiroma Bakary. A la veille de l’annonce de ces résultats, de violentes contestations ont éclatés sur le territoire entrainant des pertes en vies humaines.
Ce dimanche 26 octobre 2025, le Cameroun a été secoué par une vague de manifestations contre une éventuelle réélection de Paul Biya à la tête du pays. Depuis le 12 octobre dernier où ont eu lieu les votes, la situation politique étaient tendue avec la crainte d’un nouveau passage en force de l’homme de 92 ans rempilant pour un huitième mandat au pouvoir.
La tension a atteint son paroxysme avec l’annonce du candidat Issa Tchiroma Bakary de sa victoire sur son ancien patron qu’il a accusé d’avoir orchestré des fraudes.
Déjà ce samedi, Issa Tchiroma Bakary lançait un appel à ses compatriotes: « Peuple du Cameroun, ne cédez pas à l’intimidation. Leur but est de nous arrêter parce qu’ils savent qu’une manifestation massive les prive de légitimité. Si nous obtenons une marée humaine pacifique et déterminée, ils perdront toute apparence de légitimité ».
Il a surtout invité les habitants de la ville de Garoua au nord du pays et la diaspora camerounaise à manifester pacifiquement pour « libérer le Cameroun ».
Plusieurs centaines de militants et sympathisants sont descendus dans les rues pour « réclamer la vérité des urnes ».
A Garoua, fief de l’opposant, et dans plusieurs autres villes, les manifestations ont rapidement dégénéré face au dispositif mis en place par les autorités pour contrer les manifestants. En effet, selon les autorités au pouvoir, le ministre de l’administration territoriale, Paul Atanga N’ji, ces manifestations sont illégales.
Les forces de l’ordre ont par conséquent sévèrement réprimé les manifestants en lançant des gaz lacrymogènes. Incendies sur les voies publiques, courses poursuites, arrestations ont meublé la journée de dimanche sur le territoire.
Les manifestants sont constitués principalement de jeunes qui visiblement éprouvent une soif justifiée d’alternance à la tête de leur nation. Sur les banderoles, on pouvait lire « nous exigeons la vérité des urnes » ou encore « le pouvoir doit revenir au peuple ».
Certains en appellent même au Président américain Donald Trump. Pour l’heure, le gouvernement dresse un bilan de 4 personnes décédées et des blessés dans les rangs des forces de l’ordre.
Cependant au regard de la violence des évènements de ce dimanche, certains observateurs craignent un bilan beaucoup plus lourd et surtout des lendemains incertains pour ce pays d’Afrique centrale gouverné depuis 1982 par Paul Biya et une minorité de personne de neuvième âge.
Malgré ces craintes, le Conseil Constitutionnel a rendu public des chiffres qui donnent vainqueur Paul Biya avec 53,66% des voix exprimées contre 35,19% pour Issa Tchiroma Bakary.
Le taux de participation est établi à 57,76%, soit environ 4 millions de votants. Le président de ce Conseil Constitutionnel, Clément Atangana, a annoncé: « le candidat Paul Biya, Président élu de la République » car « ayant obtenu la majorité des suffrages exprimés ».
Il faut noter qu’en marge des protestations de la rue qui vient bousculer l’hégémonie et la complaisance dont a souvent bénéficié le régime de Paul Biya, l’opposant annoncé 2ème selon les chiffres officiels publiés, avait annoncé une tentative d’enlèvement sur sa personne à son domicile.
Selon ce dernier, plusieurs individus lourdement armés auraient été aperçus par des lanceurs d’alerte, rodant autour de sa résidence.
Le candidat Tchiroma semble déterminé à revendiquer sa victoire et maintient son appel au peuple camerounais pour une mobilisation en ce sens.
« Tuez-moi si vous voulez, mais je libérerai ce pays par tous les moyens », a-t-il crié ce matin.
source: lalternative.info
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