Écrivain Contre Biya: La Plume en Révolte

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Écrivain Contre Biya: La Plume en Révolte
Écrivain Contre Biya: La Plume en Révolte

Africa-Press – Cameroun. Les hommages continuent de tomber pour Georges Anicet Ekane. Ambroise Kom, l’écrivain, y va également de sa plume.

Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, 1955).

Depuis la nuit des temps (esclavage, colonisation, etc.), des générations d’Africains meurent sous l’oppression des autres. Nous les accusons parfois avec beaucoup d’indignation de racistes, de méchants négrologues. Il nous arrive même de nous comporter en donneur de leçons lorsque l’Occident met à mort nombre de nos leaders bien-aimés comme ce fut le cas pour Lumumba, Khadafi et autres Um Nyobe.

Seulement? nous étions en passe d’oublier que nous marchions sur les traces de nos bourreaux et que leurs crimes nous servaient, toute honte bue, de modèle dans la gestion de notre espace, de notre peuple. Non seulement nos ressources sont exploitées à leur profit mais nous sommes leur bras armé dans les assassinats des meilleurs des nôtres qui osent développer des stratégies de notre libération intellectuelle, politique et économique.

Nous sommes même fiers de former des soldats qui ne nous protègent pas, mais dont le rôle est de nous massacrer. Nous sommes encore plus fiers de toujours nous assurer d’avoir au sein de nos gouvernements, des assassins professionnels qui ne cachent pas la vraie mission qui est la leur dans l’appareil administratif.

En clair, même si nous nous plaignons de la prétendue oppression postcoloniale, nous sommes heureux que pareil système nous profite puisqu’il nous enrichit, nous les dirigeants, sans effort et appauvrit sans cesse les classes laborieuses qui nous seront à jamais soumises. L’allégorie du Moulinex est emblématique à cet égard.

Il affirme haut et fort, à temps et à contretemps que son rôle est de conduire le peuple à l’abattoir. Et s’y attèle effectivement, étonnement ! Au moins ses prédécesseurs le faisaient en catimini. L’aveu actuel est une affirmation de son leadership jamais pris en défaut.

Voilà qui est clair et net. Pendant que les autres peuples du monde sont en quête de savoir, de lumière, nos dirigeants invoquent la nuit noire sur notre pays. Jusques à quand donc? Une poignée d’individus se permet de penser qu’elle peut enterrer trente millions de leurs compatriotes à l’insu de la terre entière. Est-ce donc vrai que les Africains ne sont pas prêts pour la démocratie?

Mais sont-ils prêts, pour paraphraser Wole Soyinka, pour la dictature? Il ne nous resterait plus qu’à déployer des banderoles dans nos ports et aéroports pour mettre en garde tout étranger qui oserait s’aventurer vers chez nous: silence on tue. C’est peut-être ce genre de démocratie et de liberté d’expression que nous promettait le Renouveau. Nous avons tout compris à l’envers. Qui l’eût cru?

Bonne traversée Anicet Ekane ! Ta vie aura été un modèle d’inspiration. Tu diras à Ruben, à Félix-Roland, à Ernest et à tous leurs semblables que la lutte s’intensifie et que comme dirait Mongo Beti, certes nous sommes dans les chaînes depuis des siècles mais nous nous libérerons toujours à temps.

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