Ambassades Camerounaises: un Milliard de FCFA Encaissé

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Ambassades Camerounaises: un Milliard de FCFA Encaissé
Ambassades Camerounaises: un Milliard de FCFA Encaissé

Africa-Press – Cameroun. Les chiffres sont accablants et révèlent une réalité amère pour des milliers de Camerounais. En 2024, sur les 51 659 demandes de visa pour l’espace Schengen déposées au Cameroun, pas moins de 19 748 ont été rejetées, soit un taux de refus de 38,2 %. Derrière ces statistiques froides se cache une réalité financière cruelle: près d’un milliard de francs CFA encaissés gratuitement par les ambassades européennes, sans aucune possibilité de remboursement pour les demandeurs déboutés.

Avec un coût de visa fixé à 80 euros (environ 52 500 FCFA) pour les adultes et 40 euros (26 250 FCFA) pour les enfants, chaque refus représente une perte sèche considérable pour des familles camerounaises aux revenus souvent modestes. Ces montants, qui peuvent paraître dérisoires pour les standards européens, constituent souvent l’équivalent de plusieurs mois de salaire pour de nombreux Camerounais.

L’augmentation annoncée de 12 % des frais de visa Schengen, qui passera à 90 euros en juin prochain, ne fera qu’aggraver cette situation. Cette hausse, justifiée par la Commission européenne par l’inflation dans les États membres, ignore totalement l’impact sur les demandeurs africains dont le pouvoir d’achat n’a pas suivi la même évolution.

Le caractère non-remboursable des frais de visa constitue le cœur de cette injustice financière. Contrairement à d’autres services administratifs où un refus peut donner lieu à un remboursement partiel, les demandeurs de visa Schengen perdent intégralement leur mise, qu’ils obtiennent ou non le précieux sésame.

Cette règle transforme les consulats en véritables machines à cash, générant des revenus substantiels sans contrepartie. Au Cameroun, les 19 748 refus de 2024 représentent une manne financière de plus de 900 millions de FCFA pour les représentations diplomatiques européennes.

Au-delà des chiffres, des vies brisées

Derrière chaque refus se cache un projet avorté: un étudiant qui ne pourra pas poursuivre ses études, un malade qui ne pourra pas se faire soigner, une famille qui ne pourra pas se retrouver, un entrepreneur qui ne pourra pas développer son activité. Ces refus massifs alimentent la frustration et le sentiment d’injustice d’une jeunesse camerounaise qui se sent enfermée dans ses frontières.

Les motifs de refus les plus fréquents – informations incomplètes, risque de non-retour, menace présumée pour l’ordre public – sont souvent invoqués de manière subjective, laissant peu de marge de manœuvre aux demandeurs pour contester ces décisions.

Le Cameroun n’est malheureusement pas un cas isolé. Selon les statistiques de Schengen News, les ressortissants africains ont essuyé 704 000 refus en 2023, représentant une perte collective de 56 millions d’euros, soit près de 37 milliards de FCFA. Cette somme colossale illustre l’ampleur du transfert financier des pays africains vers l’Europe, sans aucune contrepartie.

Sept des dix pays affichant les taux de refus les plus élevés pour les visas Schengen se trouvent en Afrique, selon le cabinet Henley and Partners. Cette surreprésentation africaine dans les statistiques de refus soulève des questions légitimes sur l’équité du système d’attribution des visas.

Face à cette situation, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une réforme du système. Les propositions incluent un remboursement partiel en cas de refus, une plus grande transparence dans les critères d’attribution, ou encore une révision des tarifs en fonction du niveau de vie des pays demandeurs.

L’enjeu dépasse la simple question financière. Il s’agit de la perception de l’Europe par les jeunes Africains et de la construction de relations équitables entre les continents. Continuer à encaisser des milliards sur les rêves brisés de millions d’Africains risque d’alimenter un ressentiment durable qui pourrait compromettre les relations euro-africaines.

Les chiffres camerounais de 2024 – un milliard de FCFA encaissés pour des refus – doivent servir d’électrochoc. Ils révèlent un système devenu une source de revenus faciles pour les pays européens, au détriment de populations aspirant légitimement à la mobilité internationale.

Il est temps que les autorités européennes prennent la mesure de cette injustice et engagent une réflexion profonde sur un système qui transforme l’espoir en business lucratif. Car derrière chaque statistique se cache une histoire humaine, un rêve brisé et une famille appauvrie par la quête d’un visa qui ne viendra jamais.

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