Cameroun – 22 septembre 2020: le calvaire des ‘otages’ du Mrc

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Cameroun - 22 septembre 2020: le calvaire des 'otages' du Mrc
Cameroun - 22 septembre 2020: le calvaire des 'otages' du Mrc

Africa-PressCameroun. Il y a un an, jour pour jour, des centaines de militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun ont été pris à la pelle à travers le pays et embastillés. A moins 10 jours de cet anniversaire, ils se sont mis d’accord avec leurs avocats, pour abandonner toutes les procédures aux magistrats et à leurs tribunaux.

En septembre 2020, La Nouvelle Expression relevait que des organisations non gouvernementales estimaient à quelques 600 le nombre de personnes interpellées avant et après le 22 septembre 2020, dans le cadre des marches pacifiques que le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) de Maurice Kamto avait lancées, pour exiger le départ de Paul Biya, vissé sur le siège du président de la République depuis 38 ans. Et dont la gouvernance a ruiné les espoirs de plein de camerounais. Une fois de plus, les arrestations et les gardes à vue des personnes arrêtées violaient systématiquement toutes les dispositions du Code de procédure pénale en vigueur au Cameroun. L’avocat dont l’un des droits les plus inaliénables est l’assistance en temps réel de son client, n’est pas lui-même en sécurité. Parce qu’il bute toujours à un mur lorsqu’il veut accéder à son client, s’il n’est pas simplement brutalisé et même jeté dans les mêmes cellules que son client.

«L’avocat camerounais constate tous les jours qui passent qu’il ne sert plus à rien à son client. Parce que les responsables des, -forces de maintien de l’ordre et la justice ont vidé la profession d’avocat de tout son contenu, en foulant au pied toutes les règles de droit», se lamentait alors un avocat de Douala.

«Dans ces conditions, c’est la mort de l’État de droit et de la démocratie. C’est très grave», conclut-il, blasé. Un an pourtant auparavant, le bâtonnier de l’ordre des avocats de regrettée mémoire, Charles Tchakouté Patie, pour dénoncer ces violations graves des droits de la défense, avait engagé les avocats dans un vaste mouvement de grève qui avait profondément ébranlé le régime de Yaoundé.

En présence du représentant du secrétaire d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie nationale, le Colonel Mbock Mioumnde Paul, le représentant du délégué général à la Sûreté nationale, le commissaire divisionnaire Onana A. Théophile, le représentant du Ministre de la Défense, le Colonel Sipa Didier, le secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Justice chargé de l’Administration pénitentiaire, Doh Jerome Penbaga, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats de regrettée mémoire, Me Tchakouté Patie Charles, et le Ministre délégué auprès du Ministre de la Justice, Momo Jean De Dieu qui avaient d’ailleurs signé le communiqué final, une séance de travail avait eu lieu le 4 septembre 2019. Elle avait été présidée par le ministre délégué auprès du ministre de la Justice, Garde des Sceaux dans la salle des conférences de ce département ministériel.

Y avaient pris part plusieurs autres acteurs. Au terme des échanges intenses, libres et constructifs, les parties étaient parvenues à un consensus articulé, d’une part, sur des mesures urgentes à prendre et, d’autre part, sur celles à formuler dans le cadre d’un groupe de travail ad hoc.

S’agissant des mesures urgentes, le ministre délégué avait rassuré le Barreau sur les instructions écrites que la Chancellerie prescrirait à bref délai aux procureurs généraux pour mettre fin aux dysfonctionnements observés dans le libre exercice de la profession d’Avocat dans leurs ressorts de compétence respectifs.

Les représentants du Mindef et du Sed/Cgn avaient, quant à eux, rassuré l’assistance sur les instructions à prescrire dans les meilleurs délais aux différents responsables des services déconcentrés dans le sens d’un strict respect des dispositions du Code de procédure pénale sur le déroulement des enquêtes judiciaires, tant à l’égard des mis en cause que de leurs conseils ; notamment le droit pour les suspects de se faire assister par l’Avocat de leur choix.

Assurance avait aussi été donnée par le secrétaire d’État auprès du Ministre de la Justice chargé de l’administration pénitentiaire relativement au droit d’accès des conseils à leurs clients détenus (prévenus ou condamnés), conformément aux dispositions du Code de procédure pénale. Depuis ces mirobolantes promesses, les avocats se rendent compte que ce fût un marché de dupes. Et que la situation ne cesse de se dégrader.

C’est face à toutes ces humiliations infligés aux militants et à leurs avocats qu’ils ont décidé que les juges vont rester désormais juges et parties dans ces procédures. Une triste image pour la justice camerounaise.

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