Africa-Press – Cameroun. La région de l’Extrême-Nord du Cameroun fait face à une crise humanitaire sans précédent alors que des inondations dévastatrices frappent de plein fouet cette zone déjà fragilisée. Selon un rapport alarmant publié par l’UNICEF le 6 septembre 2024, l’avenir de plus de 74 000 enfants est désormais en péril, à seulement quelques jours de la rentrée scolaire prévue le 9 septembre.
Les départements du Logone et Chari, du Mayo-Sava, du Mayo-Danay, du Mayo-Tsanaga et du Diamaré sont particulièrement touchés par ces intempéries exceptionnelles. Ces régions ont reçu entre 105 et 145% de la moyenne saisonnière totale des précipitations au début du mois d’août, provoquant des dégâts considérables sur les infrastructures et les terres agricoles.
L’ampleur de la catastrophe est stupéfiante. Au 28 août, l’UNICEF rapportait que 158 620 personnes, soit 18 970 ménages, étaient gravement affectées par les inondations. Le bilan humain est lourd, avec sept morts et huit blessés. Les pertes matérielles sont également considérables: 1 178 têtes de bétail ont péri et près de 3 000 hectares de terres agricoles ont été dévastés. Plus alarmant encore, 194 écoles sont submergées, privant plus de 74 000 enfants de leur droit à l’éducation à l’aube de la nouvelle année scolaire.
Cette catastrophe naturelle vient aggraver une situation humanitaire déjà fragile dans cette région, marquée par les attaques répétées de Boko Haram et une crise des réfugiés. Les familles déplacées se retrouvent dans une situation précaire, cherchant refuge dans des écoles, des espaces ouverts ou des bâtiments partiellement endommagés. La solidarité locale s’organise, avec certaines familles accueillant leurs voisins sinistrés, mais les ressources s’amenuisent rapidement face à l’ampleur de la crise.
Les perspectives pour les semaines à venir sont peu encourageantes. L’UNICEF tire la sonnette d’alarme, prévoyant une possible détérioration de la situation due aux pluies continues et à la montée du niveau des rivières. Les estimations sont effroyables: entre 463 000 et 600 000 personnes, dont 260 000 à 336 000 enfants, pourraient être affectées par les inondations de cette année dans les régions de l’Extrême-Nord et du Nord.
Cette catastrophe n’était pourtant pas imprévisible. L’Observatoire national sur les changements climatiques (Onacc) avait émis des avertissements dans son Bulletin décadaire des prévisions et alertes climatiques. Des précipitations importantes, variant entre 40 et 108 mm, étaient attendues dans la région de l’Extrême-Nord. L’Onacc avait également mis en garde contre les risques de destruction des habitations et des édifices publics “suite aux pluies accompagnées de vents violents, de foudre et même de chutes de grêle”.
Face à cette crise multidimensionnelle, la communauté internationale et les autorités camerounaises sont appelées à agir rapidement. L’urgence est de fournir une assistance immédiate aux populations sinistrées, tout en élaborant des stratégies à long terme pour renforcer la résilience de cette région face aux changements climatiques. La protection des enfants et la garantie de leur accès à l’éducation doivent être au cœur des priorités, afin de ne pas compromettre l’avenir d’une génération entière.
Cette catastrophe souligne une fois de plus l’impact dévastateur du changement climatique sur les populations les plus vulnérables. Elle rappelle l’urgence d’actions concrètes et coordonnées à l’échelle mondiale pour atténuer ces effets et protéger les communautés les plus exposées.
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