Garoua: un chef traditionnel accuse le Lamido de l’avoir torturé

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Garoua: un chef traditionnel accuse le Lamido de l’avoir torturé
Garoua: un chef traditionnel accuse le Lamido de l’avoir torturé

Africa-PressCameroun. Le lamidat réfute les accusations et accuse l’intéressé de tous les maux.

Djaouro Bouba Bémi, chef de Galbidjé III dans le lamidat de Garoua, a été interpellé et gardé à vue dans les geôles du lamidat de Garoua du 29 au 30 août 2021 pour escroquerie foncière et usurpation de titre. «Sincèrement, je ne sais pas ce que le lamido me reproche. J’étais à mon domicile ce dimanche matin quand un homme est venu me signaler la présence d’une foule de personnes dans la cour de l’école publique de mon quartier.

J’ai cru qu’il y avait une réunion en rapport avec les préparatifs de la rentrée scolaire et je me suis précipité pour les rejoindre. A mon arrivée sur les lieux, j’ai été cueilli à chaud par le chef de bloc qui me voulait des problèmes. Pour ne pas tomber dans son piège, j’ai rebroussé chemin.

Chemin faisant, on m’a fait appeler pour me dire que ma hiérarchie, le Kaïgama de Garoua, désirait me rencontrer illico presto. J’ai dû donc faire demi-tour pour honorer son invitation. Sur place, il m’a instruit d’entrer dans son véhicule en me disant que nous devrions rencontrer le sous-préfet. Je ne me doutais de rien et c’est comme ça que je me suis engouffré dans sa voiture.

Nous avons pris la route qui mène au collège polyvalent et sans dire mot, il m’a conduit directement au lamidat. Après une entrevue avec le lamido et je ne sais ce qu’il a dit au lamido, il ressort de là et le lamido m’appelle trois fois de suite par mon nom. Je lui ai répondu en scandant l’expression connue dans notre milieu «Saboungo ».

Il a alors déclaré que je n’allais pas mourir, mais que j’allais souffrir. Il a pris une machette et a ordonné aux éléments de sa garde de me conduire à «Nakong». Nakong est une grande agglomération située à 15 Km de la ville de Garoua. Je me demandais ce que je partais faire là-bas. Or, il s’agissait d’un compartiment du lamidat servant de geôles.

On m’y a conduit et une fois dans cette partie du lamidat, ceux qui m’y ont amené m’ont complètement déshabillé. Ils m’ont lié les mains par derrière et m’ont littéralement maîtrisé. 20 personnes étaient sur moi pour m’immobiliser et c’est à ce moment que le lamido et toute sa cour m’ont bastonné à l’aide d’une machette.

Ils m’ont administré plus de 150 coups aux plantes des pieds et plusieurs coups aux fesses. J’ai beau crier que j’étais diabétique, personne n’a pris mes doléances en compte», déclare Djaouro Bouba Bémi, au sortir de l’hôpital où il est allé faire ses soins. «Ils m’ont copieusement bas-tonné ce dimanche et m’ont abandonné dans cette cellule. J’y ai passé la nuit les mains liées par derrière.

Regardez mes pieds, ils sont enflés. Là même j’ai reçu des soins. Les infirmiers les ont incisés pour extraire du liquide. Qu’ai-je fait pour mériter ça ? C’est le lundi aux environs de 22 heures que j’ai été extrait de là par des éléments de la brigade de recherche. Ils m’ont conduit à leur brigade et m’ont jeté en cellule », poursuit Bouba Bémi.

Approché, le Kaïgama du lamidat de Garoua, l’officier de police Souleymanou, décline les motifs de l’interpellation de Djaouro Bouba Bémi. Il déclare que plusieurs plaintes sont déposées contre Bouba Bémi pour escroquerie foncière et que ce même jour, il a été surpris en flagrant délit de vente de terrain. Il poursuit en affirmant que cette pratique a été formellement interdite par le lamido.

«Il fait dans la manipulation car lui-même sait ce qui l’attend. Il y a une pluralité de plaintes déposées contre lui tant au niveau du lamidat qu’au niveau de la gendarmerie ou de la police. Ce monsieur ternit l’image du lamidat C’est un repris de justice. Il a été condamné à maintes reprises pour les mêmes faits qui lui sont reprochés aujourd’hui.

S’il a quelque chose à reprocher au lamidat, tant mieux qu’il nous porte plainte car nous n’avons rien à nous reprocher. Nous l’avons mis à la disposition de la justice, je crois que cette institution fera son travail. Quant à vouloir nous éclabousser, je ne pense pas qu’il puisse y parvenir. Le lamido a une mission : redorer l’image de son lamidat et défendre non seulement les droits de l’homme mais aussi les droits des humains. Ces agitations ne nous perturberont donc pas», déclare sereinement Kaïgama Souleymanou, le premier ministre du lamidat.

Effectivement, pour ce qui est’ de Bouba Bémi, au moins cinq plaintes dont la dernière date du 03 septembre ont été déposées contre lui au niveau du lamidat et plusieurs autres pour les mêmes faits au niveau de la gendarmerie et de la police.

En dépit des mises au point apportées par le lamidat, nombre de personnes continuent à penser que le lamidat a outrepassé ses prérogatives en infligeant des sévices corporels à Djaouro Bouba Bémi. «Quel que soit le crime que Bouba Bémi a eu à commettre, le lamido et ses doungourous ne devraient pas lui infliger ce traitement inhumain.

C’est un homme d’un certain âge qu’il faut respecter quel que soit ses manquements. Nous sommes dans un Etat de droit et s’il y a quelques griefs à lui reprocher, soit on le destitue soit on le traduit en justice. Et selon des indiscrétions, le cas de Bouba Bémi serait le troisième du genre. Deux autres chefs traditionnels dont un de Laïndé auraient été également traités de la sorte», déclare Mal Boubakari, habitant de Galbidjé.

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