Le manque d’eau touchera 5 milliards d’êtres humains d’ici 2050, avertit l’OMM

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Le manque d'eau touchera 5 milliards d'êtres humains d'ici 2050, avertit l'OMM
Le manque d'eau touchera 5 milliards d'êtres humains d'ici 2050, avertit l'OMM

Africa-PressCameroun. Le réchauffement climatique et la mauvaise gestion des ressources en eau aggravent les sécheresses partout dans le monde. Une situation qui met en danger des millions de personnes mais qui a aussi de graves conséquences sociales et économiques.

« Une grave crise de l’eau se profile », a mis en garde ce mardi 5 octobre Petteri Taalas, le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). En 2018, 3,6 milliards de personnes n’ont pas eu un accès suffisant à l’eau potable pendant au moins un mois. D’ici 2050, elles seront 5 milliards dans ce cas, alerte le nouveau rapport de l’OMM sur l’eau dans le monde.

Ce rapport, qui contient les contributions d’une vingtaine d’organisations internationales, d’organismes de développement et d’instituts scientifiques, avance des chiffres très inquiétants sur la pénurie qui menace les populations. Plus de 80 % des zones humides ont été perdues depuis l’ère préindustrielle dans le monde et ces 20 dernières années, le stockage de l’eau dans les terres a diminué d’un centimètre par an, en tenant compte de la surface, du sous-sol mais aussi de l’humidité du sol, de la neige et de la glace. Au total, le nombre et la durée des sécheresses a augmenté de 29 % en 20 ans.

Un rapport met en garde contre la crise de l’eau qui se profile

De la nécessité d’améliorer la surveillance et la gestion de l’eau ainsi que les alertes précoces correspondantes pour faire face à l’augmentation des aléas hydrologiques et du stress hydrique

“Plus de 2 milliards de personnes vivent dans des pays soumis à un stress hydrique

« Le manque d’eau continue d’être une source majeure de préoccupation pour de nombreuses nations, notamment en Afrique. Plus de 2 milliards de personnes vivent dans des pays soumis à un stress hydrique et souffrent du manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement », souligne Petteri Taalas. L’Afrique de l’Est est particulièrement concernée. « Avant 1999, une sécheresse — qui se traduit par une saison des pluies insuffisante — se produisait une fois tous les cinq ou six ans. Depuis 2000, la saison sèche entre mars et mai survient tous les deux ou trois ans », souligne Chris Funk, directeur du Climate Hazards Center, dans une analyse indépendante. En juin dernier, Madagascar a ainsi été déclaré officiellement comme premier pays au monde à connaître une famine due à la sécheresse engendrée par le réchauffement climatique.

Pénurie ou trop-plein d’eau

Mais aucune région du monde n’est épargnée. Le Brésil connaît sa pire sécheresse depuis 91 ans, ce qui menace son approvisionnement énergétique, lequel repose en grande partie sur l’hydroélectricité. En Californie, la sécheresse persistante favorise les incendies géants qui ravagent les forêts depuis plusieurs mois. Paradoxalement, le trop-plein d’eau a aussi très fortement augmenté. Depuis 2000, le nombre de catastrophes liées aux inondations a augmenté de 134 % par rapport aux deux décennies précédents. Ces dernières ont fait 322.000 victimes depuis 1970 et ont causé 1,14 milliard de dollars de pertes.

Une gestion calamiteuse de la ressource en eau

Le risque de pénurie d’eau est d’autant plus élevé que la ressource en eau est très mal gérée : 60 % des services météorologiques et hydrologiques nationaux — chargés d’informer « les autorités et le grand public — ne disposent pas des capacités nécessaires pour fournir des services climatologiques à destination du secteur de l’eau », relève Petteri Taalas. Si l’efficacité de la gestion de l’eau s’est globalement améliorée de 10 % depuis 2018, elle s’est dégradée dans 26 des 166 pays analysés. « 107 pays ne sont toujours pas sur la bonne voie pour gérer durablement leurs ressources en eau d’ici à 2030 », s’inquiète Petteri Taalas.

L’agriculture reste le principal point faible, absorbant à elle seule 72 % des ressources en eau douce. Selon un autre rapport de la Cour des comptes européenne, la politique agricole européenne favorise le gaspillage d’eau, « avec des financements allant soutenir des cultures nécessitant de grandes quantités d’eau telles que le riz, les fruits à coque ainsi que les fruits et légumes, sans restriction géographique, et donc également dans des zones en situation de stress hydrique ». De plus, « des dérogations [aux restrictions d’eau, ndlr] sont généreusement octroyées aux agriculteurs, y compris dans les régions en situation de stress hydrique ».

Les auteurs du rapport de l’OMM n’avancent pas de solution miracle, mais préconisent d’investir dans des systèmes d’alertes sécheresse et inondation, d’améliorer la coopération entre les pays ou encore de combler les lacunes sur les données relatives à l’eau. Cela risque malheureusement d’être insuffisant pour éviter la guerre de l’eau qui se profile.

Le « jour zéro », c’est ainsi que l’on nomme le jour où plus une seule goutte d’eau ne coulera des robinets. Et selon un rapport rendu public ce mardi, près d’un quart de la population mondiale serait proche d’atteindre ce stade de pénurie en eau !

Autrefois impensables, les pénuries en eau sont en train de devenir monnaie courante. À tel point que près d’un quart de la population mondiale, vivant dans 17 pays, est aujourd’hui en situation de pénurie hydrique grave, proche du fameux « jour zéro » lors duquel plus aucune eau ne sortira du robinet. C’est ce que nous apprend un rapport du World Resources Institute (WRI) rendu public mardi 6 août.

« L’agriculture, l’industrie et les municipalités absorbent 80 % de la surface disponible et des eaux souterraines lors d’une année moyenne » dans les 17 pays concernés — le Qatar, Israël, le Liban, l’Iran, la Jordanie, la Libye, le Koweït, l’Arabie saoudite, l’Érythrée, les Émirats arabes unis, Saint-Marin, Bahreïn, le Pakistan, le Turkménistan, Oman, le Botswana et l’Inde –, principalement situés au Moyen-Orient et au nord de l’Afrique, précise le rapport.

Une crise sans précédent

« La pénurie en eau est la plus grande crise, dont personne ne parle. Ses conséquences prennent la forme d’insécurité alimentaire, de conflit, de migration, et d’instabilité financière », a indiqué Andrew Steer, PDG de WRI.

« Lorsque la demande rivalise avec les réserves, même de petits épisodes de sécheresse — qui vont augmenter avec le changement climatique — peuvent avoir de terribles conséquences », comme les récentes crises à Cape Town, Sao Paulo ou Chennai, détaille l’institut.

Vingt-sept autres pays figurent sur la liste des pays présentant une pénurie hydrique élevée parmi lesquels la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie.

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