Africa-Press – Cameroun. En 2024, une équipe de chercheurs de l’Université de Pékin soulignait le cruel manque de données concernant l’impact exact des microplastiques sur la santé humaine. Dans leur méta-étude, ils mettaient en évidence des effets toxiques et inflammatoires de ces particules sur les systèmes respiratoire, digestif, nerveux, cardio-vasculaire, immunitaire et reproductif.
Cette fois-ci, une équipe espagnole a examiné le liquide folliculaire de 29 femmes et le liquide séminal de 22 hommes, des sécrétions qui jouent tous deux un rôle essentiel dans la conception naturelle et la reproduction assistée.
Les scientifiques ont détecté sans grande surprise des microplastiques dans les liquides reproductifs humains, une observation qui soulève d’importantes questions quant aux risques potentiels pour la fertilité et la santé reproductive. Leurs résultats sont publiés dans la revue Human Reproduction.
« Nous avons été frappés par leur fréquence »
Un microplastique est un petit fragment de plastique mesurant moins de 5 millimètres, qui provient la plupart du temps de la dégradation de déchets plastiques (emballages, sacs, bouteilles). S’il est prouvé que ces derniers constituent une menace pour l’environnement, leur danger pour la santé publique est moins mis en avant.
« Des études antérieures avaient déjà montré que les microplastiques peuvent migrer dans divers organes humains (sang, placenta, ndlr). Nous n’avons donc pas été totalement surpris de trouver des microplastiques dans les fluides de l’appareil reproducteur humain, mais nous avons été frappés par leur fréquence », déclare Emilio Gomez-Sanchez, premier auteur de l’étude et directeur du laboratoire de FIV de Next Fertility Murcia (Espagne).
Des microplastiques étaient présents dans 69 % des échantillons de liquide folliculaire analysés, et dans 55% des échantillons de liquide séminal. Une série de polymères microplastiques couramment utilisés ont été détectés. Le polytétrafluoroéthylène (PTFE), un polluant éternel que l’on retrouve dans les revêtements antiadhésifs des poêles, était notamment présent dans 31% à 41% des échantillons.
Le polystyrène (emballages alimentaires jetables), le polyéthylène téréphtalate (bouteilles en plastique) ou encore le polypropylène (bouchons et contenants) ont également été identifiés dans les deux groupes.
Pour les détecter, les chercheurs ont utilisé la technologie d’imagerie infrarouge directe par laser (LDIR). En bref, la LDIR est une technique avancée utilisée pour détecter et analyser les microplastiques dans les échantillons environnementaux. Elle combine la spectroscopie infrarouge et l’imagerie laser pour identifier la taille, la forme et la composition chimique des particules de plastique.
Comprendre les conséquences sur la fertilité
« Très peu d’études ont été publiées sur ce sujet. On suppose que les microplastiques provoquent des réactions inflammatoires qui peuvent entraîner des modifications dans de nombreux processus biologiques, comme le déclenchement de l’apoptose dans les cellules (faculté des cellules à s’auto-détruire), poursuit Emilio Gomez-Sanchez. Ils peuvent également agir comme des perturbateurs endocriniens, introduire des substances chimiques dans l’organisme ou provoquer des infections ». L’une des hypothèses principales serait de dire que les microplastiques nuisent à la qualité des ovules et des spermatozoïdes chez l’homme. Mais les données actuelles ne sont pas suffisantes pour la confirmer.
Cette étude sur une petite cohorte ne permet pas de tirer des conclusions sur les conséquences des microplastiques sur la fertilité et la santé reproductive, mais leur détection met en évidence la nécessité de poursuivre les recherches. Les phases ultérieures du projet permettront d’explorer la relation potentielle entre la présence de microplastiques et la qualité des ovocytes et des spermatozoïdes, sur un nombre de cas plus élevé.
« Il n’y a pas lieu de s’alarmer à ce stade. Les microplastiques ne sont qu’un des nombreux éléments susceptibles de jouer un rôle dans la fertilité, avec l’âge et la génétique », ajoute l’auteur de l’étude. Néanmoins, des mesures simples, telles que l’utilisation de récipients en verre pour conserver et réchauffer les aliments, le choix d’ustensiles en inox ou la limitation de la quantité d’eau consommée dans des bouteilles, peuvent contribuer à minimiser notre exposition.
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