Africa-Press – Cameroun. La morsure des Mambas, les serpents du genre Dendroaspis, est terrible. Si l’antivenin administré permet de soulager la victime un certain temps, ensuite son état peut se dégrader de manière dramatique. Elle passe d’une paralysie flasque entraînant une faiblesse musculaire traitée par l’antivenin, à une paralysie spastique caractérisée par une forte tension musculaire, qui elle n’est pas soulagée par l’antidote.
Des chercheurs australiens ont maintenant compris pourquoi. Dans une étude publiée dans la revue spécialisée Toxins le 26 septembre 2025, ils expliquent que trois espèces de Mambas attaquent en réalité de deux façons le système nerveux. « Les serpents Mamba noir, Mamba vert de l’Ouest et Mamba de Jameson n’utilisent pas seulement une seule forme d’arme chimique, ils lancent une attaque coordonnée en deux points différents du système nerveux », remarque dans un communiqué le professeur Bryan Fry, co-auteur de l’étude.
« C’est comme traiter une maladie et en révéler soudainement une autre »
La paralysie dite flasque ou molle est causée par une neurotoxicité post-synaptique: soit les neurotransmetteurs (petits composés libérés par un neurone et se fixant aux récepteurs d’une autre cellule afin de faire passer le message nerveux) ne sont pas libérés, soit ils ne peuvent pas se fixer sur leurs récepteurs situés sur le muscle. Cette paralysie est soignée par les antivenins.
Mais ces trois espèces de Mambas induisent également une toxicité pré-synaptique déclenchant une paralysie spastique, selon cette nouvelle étude. Dans ce cas, les neurotransmetteurs sont libérés de manière excessive ou alors ils ne sont pas dégradés ensuite. Et là, les antivenins n’y peuvent rien.
« Cette découverte résout un mystère clinique de longue date: pourquoi certains patients mordus par des Mambas semblent initialement aller mieux avec un antivenin et retrouver leur tonus musculaire et leur mouvement, pour ensuite commencer à avoir des spasmes douloureux et incontrôlés », reprend le Pr Fry. Dans un premier temps, le venin bloque les signaux nerveux qui atteignent les muscles, mais après l’injection de l’antidote, son autre effet devient visible: le venin peut aussi surstimuler les muscles. « C’est comme traiter une maladie et en révéler soudainement une autre », selon le chercheur.
30.000 décès par an en Afrique subsaharienne
En Afrique subsaharienne, on compte environ 500.000 morsures de serpents par an, causant 30.000 décès. Et ces chiffres sont sous-estimés. Les chercheurs rappellent que « toutes les espèces de Dendroaspis possèdent un venin neurotoxique puissant qui peut rapidement induire des fasciculations, un collapsus cardiovasculaire et une paralysie respiratoire chez l’humain, la mort pouvant survenir dans les 45 minutes dans les cas extrêmes ».
Cette nouvelle étude répond donc à un important problème sanitaire et pourrait permettre de développer un antivenin plus efficace, capable de contrecarrer les deux effets de la substance toxique inoculée par ces redoutables serpents.
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