Africa-Press – Cameroun. “N’en prenez pas… tenez bon !”, alertait Donald Trump lors d’une conférence de presse le 23 septembre 2025 au sujet de la prise de paracétamol par les femmes enceintes. La cause de sa crainte: la possibilité que ce médicament puisse avoir des conséquences neurologiques chez le bébé, augmentant le risque d’autisme ou de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). En effet, plusieurs études ont mis en évidence cette corrélation, y compris une méta-analyse publiée en août 2025 dans le BMC Environmental Health. Pourtant, l’OMS s’entête à dire qu’il ne s’agit pas de lien avéré de causalité.
Alors, quelle est la réalité? Pour y voir plus clair, des chercheurs de l’Université de Liverpool (Royaume-Uni) ont analysé toutes les études précédentes sur le sujet. Leur article, publié le 10 novembre 2025 dans la revue BMJ, met en évidence les failles méthodologiques de la plupart d’entre elles et souligne l’implication d’autres facteurs qui pourraient expliquer ce risque accru.
Un niveau de preuve très bas pour les études sur le sujet
Les scientifiques ont identifié neuf revues systématiques (articles qui synthétisent et évaluent toutes les connaissances sur un seul et même sujet), basées sur une quarantaine d’études publiées ces dix dernières années. La plupart montraient une association entre la prise de paracétamol par la femme enceinte et le risque de troubles du spectre de l’autisme ou de troubles de l’attention. Mais sept d’entre elles prévenaient qu’il n’était pas possible de conclure à un quelconque lien de causalité.
Les chercheurs ont ensuite évalué ces revues sur leur méthodologie (ainsi que celle des études primaires incluses), pour déterminer si le niveau de preuve est élevé. Ce qui n’était pas le cas, notamment car la plupart des revues ne prenaient pas en compte le risque de biais des études primaires, et qu’elles se basaient tous principalement sur les mêmes études primaires. Ils concluent donc que le niveau de preuve est très bas pour sept des revues, et bas pour les deux autres.
Pas de lien de causalité avéré
Une deuxième observation qui émerge de cette analyse est que seule une de ces revues inclut des études prenant en compte des facteurs familiaux pouvant biaiser les résultats. Les études en question ne se contentaient pas de mesurer le risque de développer l’autisme ou le TDAH après une prise de paracétamol par la mère durant la grossesse. Ils comparaient aussi le risque au sein d’une même fratrie où seul un enfant était concerné par cette prise médicamenteuse. Cette analyse supplémentaire permet de voir si le risque accru est vraiment causé par le médicament (si seulement l’enfant concerné développe le trouble, mais pas ses frères et sœurs), ou si ce risque est plutôt dû à des facteurs familiaux (si même des enfants non concernés développent le trouble).
Résultat de ces études: le risque accru disparait lorsqu’on prend en compte ces facteurs confondants, c’est-à-dire qu’il est très probable que la cause du trouble ne soit pas le paracétamol, mais un autre facteur partagé par toute la fratrie (qui pourrait être une prédisposition génétique ou à une exposition à des toxines, etc.). “L’autisme et le TDAH dépendent fortement de facteurs familiaux, il est donc important de prendre en compte ces facteurs dans les études”, concluent les auteurs.
Le paracétamol reste la meilleure option pour traiter une fièvre chez les femmes enceintes
Même si actuellement il n’y a pas de lien de causalité avéré entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et les risques pour la santé de l’enfant, on ne peut pas non plus exclure complètement cette possibilité. Cependant, le risque d’une fièvre forte pendant la grossesse est quant à lui bien connu et doit être traité. C’est pourquoi l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle que ce médicament peut être utilisé par les femmes enceintes, mais seulement « à la dose efficace la plus faible, pendant la durée la plus courte possible et à la fréquence la plus réduite possible. » En revanche, il faut absolument éviter les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, aspirine…), car ils peuvent augmenter le risque de malformation et de fausse-couche, entre autres.





