Africa-Press – Cameroun. Le 8 décembre 2024 a marqué un tournant dans l’histoire de la Syrie. En effet, le président Bachar el-Assad, en place à la tête du pays depuis le 17 juillet 2000, a été renversé du pouvoir par le groupe islamiste radical Hayat Tahir al-Cham (appelé HTC ou HTS). Le chef du groupe rebelle, Abou-Mohammed al-Joulani, a notamment déclaré à Damas, capitale de la Syrie, que l’ancien président a « semé le sectarisme et le captagon ». En effet, depuis la chute de Bachar el-Assad, de nombreux laboratoires produisant du captagon ont été découverts par le groupe HTC en Syrie, notamment à Damas. Des milliers de petites pilules blanches, prêtes à l’envoi et au commerce, ont été retrouvées dans des sacs, dans de faux fruits ou encore dans de faux boîtiers électriques.
Le captagon, un médicament à l’origine
A l’origine, le captagon n’est pas une drogue. En effet, initialement, c’est un médicament commercialisé en Allemagne dans les années 1960. Dérivé de la fénéthylline, il est censé aider les personnes avec des troubles déficits de l’attention, avec ou sans hyperactivité, en dépression, ou bien encore narcoleptiques. Cependant, la fénéthylline est un stimulant appartenant à la même famille que les amphétamines, c’est pourquoi dès 1986 les Nations Unies la place sur leur liste noire des psychotropes.
La fénéthylline est, entre autres, connue pour ses nombreux effets. La drogue impacte certains neurotransmetteurs, des molécules permettant aux neurones de communiquer entre eux et aux neurones de communiquer avec les muscles, permettant ainsi une augmentation de l’efficacité du cerveau. Ce processus entraîne une accentuation de la vigilance et de la concentration, ainsi qu’une suppression des sensations de faim et de fatigue. De plus, le captagon engendre une euphorie ou un sentiment de toute puissance et de bien-être, ces sensations sont provoquées par la libération de dopamine, une hormone impliquée dans les sentiments de plaisir et de récompenses.
Le captagon est également utilisé pour l’augmentation des capacités physiques qu’il engendre. En effet, cette drogue élève la quantité de glucose libérée, permettant d’amplifier la puissance musculaire. De plus, le captagon dilate les vaisseaux des bronches, ce qui permet une meilleure respiration, il augmente également la température du corps et le rythme cardiaque. C’est pourquoi le commerce illégal de captagon – qui n’en est plus vraiment, puisqu’il est devenu une drogue de synthèse, mais qui a tout de même gardé ce nom – est florissant dans les années 1990.
Cependant, le captagon possède de nombreux effets néfastes, surtout lorsqu’il est régulièrement consommé sur de longues durées, notamment au niveau cardiaque puisque son utilisation peut entraîner des infarctus du myocarde, mais également des battements cardiaques irréguliers ou bien encore une toxicité cardiaque (c’est-à-dire des lésions cardiaques dues à la présence de toxines dans le cœur). Cette drogue peut aussi entraîner des dépressions sévères, des insomnies ou encore de la malnutrition. De plus, le captagon peut parfois engendrer des difficultés respiratoires, des sensations de vertiges, des douleurs et des crampes musculaires ainsi que de la confusion ou encore de l’irritabilité et une humeur instable. Enfin, cette drogue peut évidemment provoquer une addiction. En effet, les personnes la consommant peuvent continuer à rechercher les effets qu’elle produit sur elles et ainsi augmenter leurs doses et leurs prises.
Le captagon, une drogue qui gangrène la Syrie
C’est justement dans ces années 1990 que la Bulgarie se place grande productrice de la petite pilule blanche marquée de deux demi-lunes. Toutefois, lorsque le pays entre dans l’Union européenne (UE), dans les années 2000, plus précisément en 2007, la production doit alors s’exporter afin de respecter les réglementations de l’UE. C’est ainsi que la fabrication de captagon s’exporte au Liban et en Syrie, d’après l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives (OFDT). Au fur et à mesure que le temps passe et que la production s’agrandit, le captagon fait de plus en plus de ravage dans la péninsule arabique, et notamment en Arabie Saoudite, pays où l’on trouve les plus grands consommateurs de cette drogue.
Cependant, l’histoire de la production du captagon en Syrie est encore plus sombre que cela. Entre laboratoires cachés, bases militaires, Hezbollah et présidence, le pays est gangrené par le captagon. En effet, le trafic de drogue en Syrie aurait été organisé par la famille de Bachar el-Assad depuis le début de la guerre civile en 2011. Dès le début de cette guerre civile, les nombreux belligérants se basent sur le trafic de drogue, surtout de captagon, pour se financer et se munir d’armes. Ainsi, en 2018, lorsque Bachar el-Assad reprend la majorité du pays, il récupère également les laboratoires de production de captagon.
De nombreuses tentatives pour éradiquer le fléau
Ainsi, le trafic et la production de captagon « empoisonnent » la Syrie et d’autres pays alentours depuis de nombreuses années. C’est pour cette raison qu’en 2022 les Etats-Unis adoptent le “Captagon Act”, afin de dénoncer la situation et de mettre au point une “stratégie visant à perturber et à démanteler la production et le trafic de stupéfiants et les réseaux affiliés liés au régime de Bachar el-Assad”.
La Ligue des Etats arabes, l’organisation régionale regroupant 22 pays arabes et possédant le statut d’observateur auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU), a, elle aussi, tenter de stopper le trafic de captagon. En effet, lors de son sommet en mai 2023, elle a convié le président Bachar el-Assad pour la première fois depuis le début de la guerre civile. Le but était de lui demander d’éradiquer la production de captagon du pays.
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