Africa-Press – Cameroun. La formule est devenue célèbre. Au Cameroun, il vaut mieux avoir un long bras qu’un gros. Cette affirmation trouve tout son sens dans les procédures de recrutement, surtout dans les entreprises et les institutions publiques du pays. C’est une chose qui attire l’attention de l’auteur Jean Ediegnie qui a choisi d’en parler sur sa page Facebook. Parole à lui !
Lors de son discours d’investiture du 6 novembre 2025, le chef de l’État, Paul Biya, a solennellement parlé de la jeunesse, de l’emploi, de la lutte contre le chômage, de la nécessité d’ouvrir davantage d’opportunités. Ces paroles sont fortes. Mais elles se heurtent, sur le terrain, à une réalité troublante: personne ne sait quand les grandes institutions publiques recrutent. Personne ne sait par quels canaux. Personne ne sait selon quels critères.
Voici donc, sans haine mais avec lucidité, les institutions publiques dont on ne sait jamais quand elles recrutent, malgré leurs budgets, leurs immeubles et leurs milliers d’agents.
Le Conseil économique et social, le parlement fantôme. Des bureaux. Des conseillers. Des budgets. Des véhicules. Des sessions. Mais qui peut citer un seul concours d’entrée? Qui peut dire quand on y postule? Qui connaît le parcours normal pour y entrer? On sait qu’on y entre. On ne sait jamais comment.
La Conac, l’institution contre la corruption. Opaque sur son propre fonctionnement. Une seule figure à la tête depuis la création. Une mission nationale. Des communiqués. Des rapports. Mais aucun recrutement public connu, aucune vague d’embauche visible, aucun mouvement de personnel annoncé. On lutte contre la corruption dans une totale discrétion administrative.
La Banque des PME, la banque la plus mystérieuse du pays. Officiellement créée pour financer les jeunes, les PME, les start-ups, les initiatives locales. Mais dans la pratique, on ne connaît pas ses guichets, on ne connaît pas ses agents, on ne connaît pas ses recrutements, on ne connaît presque personne qui y travaille. Une banque sans visage.
Le Fonds national de l’emploi (FNE), le paradoxe absolu. Son travail est de lutter contre le chômage. Mais quand il s’agit d’entrer au FNE lui-même, le chômage redevient une fatalité. Son directeur est en poste depuis la création. Les agents existent. Les bâtiments existent. Mais les recrutements, eux, semblent hors du temps.
La CRTV, le géant audiovisuel aux portes closes. On y voit des journalistes. On y voit des animateurs. On y voit des techniciens. On y voit des comptables. Mais les vagues de recrutement sont rares, souvent floues, rarement publiques, presque jamais nationales. Pour une entreprise d’État de cette taille, le silence est assourdissant.
Elecam, l’institution électorale sans concours électoral. Elecam organise toutes les élections. Mais qui organise l’entrée à Elecam? On connaît les conseillers, les démembrements, les responsables régionaux. On ignore les concours, les appels à candidatures, les recrutements de base. Une institution qui gère les votes, mais dont le recrutement ne se vote jamais.
La CNPS, l’argent des travailleurs, mais des recrutements invisibles. La CNPS collecte des milliards chaque mois auprès de millions de travailleurs. Mais les travailleurs qui y entrent n’empruntent aucun couloir public connu, ne passent presque jamais par des concours visibles. Tout le monde cotise. Peu savent comment on y entre.
Les Aéroports du Cameroun (ADC). Beaucoup d’agents, peu de concours connus. Sécurité, logistique, finances, maintenance, pistes, fret. Un univers complet d’emplois. Mais très peu de souvenirs collectifs de concours nationaux ouverts.
La Société nationale des hydrocarbures (SNH), le cœur financier, le plus fermé. C’est le cœur de l’économie réelle. C’est là que passent les grandes décisions énergétiques. C’est là que circulent les chiffres. Mais pour l’emploi, aucun canal public clair, aucun calendrier de recrutement connu, aucun processus visible pour le citoyen ordinaire. Une forteresse administrative.
Les grandes agences et autorités administratives indépendantes. Antic, Arsel, ART, AER, etc. Des agences partout. Des budgets partout. Des sièges partout. Mais des recrutements rares, discrets, parfois confidentiels. On découvre souvent les agents après leur installation.





