Africa-Press – Cameroun. Plusieurs constats alarmants concernant les apports nutritionnels chez les enfants ont incité Santé publique France à mettre en place un nouveau guide pour accompagner les parents dans l’alimentation des 4-11 ans. Corinne Delamaire est chargée d’expertise scientifique en promotion de la santé chez Santé publique France et docteure en nutrition.
« Une des grandes préoccupations concernant la santé des enfants, c’est le risque d’obésité »
Sciences et Avenir: Quelle tendance observe-t-on aujourd’hui sur l’alimentation des enfants ? Les recommandations scientifiques sont-elles suivies ?
Corinne Delamaire: Pour en connaître davantage sur les habitudes alimentaires des Français, on a pu s’appuyer sur plusieurs études, notamment deux grandes études nutritionnelles de 2015: Esteban, réalisée par Santé Publique France et INCA 3, menée par l’Anses. Grâce à ces travaux, on s’est rendu compte que les apports en certains nutriments chez les enfants étaient problématiques: les apports en sucres et en acides gras saturés sont trop élevés.
Quant au sel, sa consommation a fortement augmenté en 10 ans. A l’inverse, les enfants ne mangent pas assez de fibres, que contiennent les fruits et légumes mais aussi les légumes secs et les produits céréaliers complets. L’apport moyen en fibres est très insuffisant. A titre indicatif, au moins 25 grammes de fibres par jour est recommandé, mais seuls 2% des enfants atteignent cette recommandation. En moyenne, leur consommation se situe plutôt autour de 13 grammes par jour.
Une des grandes préoccupations concernant la santé des enfants, c’est le risque d’obésité, et toutes les complications qu’elle peut entraîner. En cause, les boissons sucrées et les gâteaux et viennoiseries. Des vecteurs de sucres et d’acides gras saturés qui sont justement trop élevés dans l’alimentation des jeunes aujourd’hui. La répartition des prises alimentaires peut aussi jouer un rôle. Il faut éviter de prendre un repas trop copieux le soir et de manger moins de deux heures avant d’aller se coucher. Et aussi, bien sûr, dormir suffisamment, bouger et ne pas être trop sédentaire.
Néophobie alimentaire ? Pas de panique
Quand l’enfant refuse de manger un aliment qu’il aimait pourtant auparavant, ou qu’il refuse d’en découvrir un autre, c’est ce qu’on appelle la « néophobie alimentaire ». « C’est tout à fait courant entre 2 et 8 ans, il ne faut surtout pas s’inquiéter car elle disparaît au cours du temps. »
Quelles sont les nouveautés dans les recommandations de cette année ?
On a choisi de promouvoir la méthode « des petits pas » pour accompagner les parents dans leurs choix au quotidien. On s’est aperçus que beaucoup n’arrivaient pas à atteindre les recommandations chiffrées, souvent jugées difficiles à tenir. Par exemple: les 5 fruits et légumes par jour.
Désormais, on se concentre sur trois types de comportements à avoir concernant les différentes catégories d’aliments. Pour cela, on s’appuie sur les observations des comportements alimentaires révélées par plusieurs études, et ce qu’on sait des bénéfices ou des risques que représentent ces catégories d’aliments. C’est ainsi qu’on conseille:
De consommer plus de fruits et légumes mais aussi plus de légumes secs et de produits céréaliers complets, notamment pour améliorer les apports en fibres.
De réduire la consommation de produits sucrés (notamment les boissons), salés et la viande (hors volaille), la charcuterie et les aliments avec un Nutri-Score D et E.
Et d’aller vers certains aliments. Par exemple, alterner les poissons gras et les poissons maigres
Ou utiliser plutôt l’huile de colza, de noix (riche en Oméga 3, dont les français manquent), ou d’olive.
etc.
Par ailleurs, nos nouvelles recommandations prennent en compte les enjeux environnementaux actuels. On préconise de manger bio, si possible car on sait que ces aliments coûtent plus cher, mais aussi de privilégier les produits de saison et les aliments produits localement, ainsi que de manger moins de viande.
« Impliquer l’enfant dans son alimentation permet d’ancrer de meilleures habitudes »
Dans cette nouvelle campagne, vous mettez aussi l’accent sur l’implication des enfants dans leur alimentation…
Oui, car l’alimentation de l’enfant est un enjeu de taille: c’est à cette période que peuvent s’instaurer les comportements alimentaires qu’il aura une fois adulte. L’impliquer dans ce processus permet d’ancrer de meilleures habitudes. Cela passe par le partage des responsabilités: les parents décident la composition du repas, et l’enfant choisit les quantités.
On incite les parents à ne pas forcer un enfant à manger et à faire confiance à sa capacité naturelle à savoir quand il a faim et quand il se sent rassasié. Dans le guide et sur mangerbouger.fr, plusieurs recettes à 4 mains permettent également d’inclure les enfants dans la confection de certains repas afin de développer leurs compétences culinaires.
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