Vahid Halilhodzic, sélectionneur du Maroc : « J’ai un bon groupe, avec un excellent état d’esprit »

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Vahid Halilhodzic, sélectionneur du Maroc : « J’ai un bon groupe, avec un excellent état d’esprit »
Vahid Halilhodzic, sélectionneur du Maroc : « J’ai un bon groupe, avec un excellent état d’esprit »

Africa-Press – CentrAfricaine. C’est au Maroc et plus précisément au Raja Casablanca, en 1997-1998, que Vahid Halilhodzic (69 ans) a dirigé pour la première fois de sa carrière une équipe africaine. Depuis, l’ancien international yougoslave (quinze sélections), passé notamment par Nantes et le Paris-Saint-Germain, a entraîné la Côte d’Ivoire (2008-2010) et l’Algérie (2011-2014). De retour dans le royaume chérifien après le départ du Français Hervé Renard, le coach bosnien a atteint son premier objectif en qualifiant les Lions de l’Atlas pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun, où son équipe fera partie des principaux prétendants au titre. Le 24 décembre, il a accordé une interview au Monde Afrique.

Le Maroc est considéré, au même titre que le Cameroun, l’Algérie, l’Egypte ou la Côte d’Ivoire, comme un des candidats au titre continental. Assumez-vous ce statut ?

Oui, le Maroc a de l’ambition. La CAN, on la gagne si on a le mental, le physique, l’envie. C’est une compétition difficile. On va devoir tenir compte de la chaleur, de l’humidité et de plein d’autres détails. Ce n’est pas toujours la meilleure équipe qui l’emporte. Comme nous avons hérité d’un des groupes les plus relevés, avec le Ghana, les Comores et le Gabon, nous devrons tout de suite être performants, dès le premier match contre les Ghanéens. Il va d’abord falloir sortir de cette poule…

Vous avez déjà disputé la CAN à deux reprises, avec la Côte d’Ivoire en 2010 en Angola et avec l’Algérie en 2013 en Afrique du Sud. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Des souvenirs mitigés. En 2010, il y a eu un attentat contre la délégation du Togo dans l’enclave de Cabinda. Deux personnes sont mortes et il y a eu beaucoup de blessés. Avec la Côte d’Ivoire, on devait affronter les Togolais et comme nos matchs se jouaient à Cabinda, mes joueurs avaient peur, ils dormaient mal, l’ambiance était très particulière. Par ailleurs, il y avait des clans au sein de la sélection… Nous avons réussi malgré tout à nous qualifier pour les quarts de finale, où nous avons perdu contre l’Algérie. J’ai été limogé quelques semaines plus tard, alors que nous nous apprêtions à participer à la Coupe du monde en Afrique du Sud.

Quant à 2013, avec l’Algérie, cela s’était terminé dès le premier tour. J’étais arrivé en juin 2011, l’équipe était en cours de reconstruction, et malgré l’élimination, elle avait montré de bonnes choses. Un an et demi plus tard, elle participait à la Coupe du monde au Brésil et atteignait les huitièmes de finale. Cette CAN nous avait permis de progresser, d’apprendre à vivre ensemble.

Le Maroc est invaincu en 2021. Pourtant, vous avez été critiqué parce que votre équipe gagnait difficilement ses matchs. Que répondez-vous à vos détracteurs ?

Je suis très satisfait de nos performances en 2021. L’équipe a atteint ses deux objectifs : se qualifier pour la CAN d’abord, puis pour le troisième tour des éliminatoires de la Coupe du monde, qui auront lieu en mars. Il est vrai qu’on a parfois eu du mal à gagner, comme lors des deux derniers matchs de qualification pour la CAN contre la Mauritanie et le Burundi. On manquait d’efficacité, mais à partir de septembre, lors du début des qualifications pour la Coupe du monde 2022, l’équipe a montré un autre visage. Nous avons remporté nos six matchs face à la Guinée, au Soudan et à la Guinée-Bissau, en marquant 20 buts pour un seul encaissé. Et je crois que le Maroc a également proposé des choses très intéressantes, en pratiquant un jeu offensif.

Comment avez-vous composé votre effectif ?

Je suis arrivé au Maroc en 2019, après la CAN en Egypte. On savait que des joueurs allaient arrêter, que d’autres arriveraient. Il fallait en partie reconstruire, tout en conservant une base. J’ai appelé beaucoup de joueurs, peut-être trop, mais il fallait que je fasse des essais. Aujourd’hui j’ai un bon groupe, avec un excellent état d’esprit. Sa progression est réelle et j’ai la chance d’avoir un choix important pour composer mon effectif, entre les joueurs qui évoluent en Europe, dans le Golfe ou au Maroc.

Mais pour la CAN, vous avez effectué des choix forts en ne convoquant pas Hakim Ziyech et Noussair Mazraoui, avec qui vous avez eu des dissensions assez fortes ces derniers mois. Pourquoi ?

Il fallait faire des choix. Je ne veux dans ce groupe que des joueurs qui affichent un état d’esprit irréprochable, en plus d’être performants. Quand vous vous apprêtez à disputer une phase finale, cela veut dire que vous allez passer, entre la préparation et le tournoi, au moins trois semaines ensemble et peut-être plus en fonction du parcours de l’équipe. C’est long, pas toujours facile et il y a des joueurs qui peuvent avoir du mal à le vivre, qui vont faire la gueule ou qui ne seront pas contents parce qu’ils ne jouent pas ou pas assez. L’équilibre d’un groupe, c’est fragile. Et j’ai toujours agi en fonction des intérêts de l’équipe, qui est au-dessus de tout. Aucun joueur n’est plus important qu’elle.

La communication est-elle un défi dans un effectif où on parle plusieurs langues ?

Oh oui ! J’ai des joueurs nés en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne, au Maroc… Pour expliquer le travail tactique aux entraînements, ce n’est pas toujours simple, mais on y arrive. Je me rappelle que lors du premier confinement, en 2020, j’avais rédigé, avec le staff technique et médical, un document sportif en différentes langues à l’attention des joueurs, pour leur expliquer comment on allait travailler. Je crois que ça a été utile.

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