Africa-Press – CentrAfricaine. Des quartiers importants de la capitale centrafricaine manquent cruellement d’eau potable depuis plusieurs jours en cette période de saison sèche. La Société de distribution d’eau peine à les approvisionner, faute de produits de traitement.
Il est 3 heures du matin. Dans la pénombre de l’aube du 4 mars, en plein cœur du quartier Malimaka, Gracia, 16 ans, et son petit-frère Dieu-Béni, 9 ans, poussent leur brouette contenant quelques bidons. Les jeunes enfants sont en quête d’eau, une denrée devenue très rare dans ce quartier du 5e arrondissement de Bangui, la capitale de la Centrafrique.
« Nous bravons l’insécurité, comme les braquages à mains armées dans notre quartier, pour être dehors à cette heure. Nous devons être très matinaux car il y a beaucoup de gens qui sont dans notre situation, sans eau depuis plusieurs jours », explique d’une voix fine Gracia. Nous les suivons jusqu’au point d’approvisionnement, où l’activité est en effet déjà intense.
Une dizaine de personnes, jeunes, hommes et femmes, sont déjà présentes, certains depuis la veille. « Vous nous voyez comme ça, mais on n’en peut plus. Moi, par exemple, j’ai veillé ici, en sachant que je ne dois pas rentrer sans eau. Je dois rentrer m’occuper de mes enfants pour qu’ils partent à l’école et je dois aussi aller au travail. Est-ce une vie ? » s’agace une jeune femme, visiblement fatiguée.
« Ça finira par nous tuer »
Quelques minutes plus tard, la foule qui attend l’arrivée d’eau s’agite. Quelques gouttes sortent du tuyau. Gracia et le groupe sur place pourront rentrer avec un ou deux bidons d’eau. Une chance que, dans le quartier de Ouango, dans le 7e arrondissement, Tanguy Azoumi n’a pas eue. Juste devant sa maison, ce trentenaire observe une borne-fontaine, devant laquelle une centaine de bidons sont entassés, en rang.
« Cela va faire huit jours aujourd’hui que ces bidons sont là. On n’a pas vu couler une seule goutte des tuyaux depuis », s’offusque-t-il. Selon Tanguy, par manque de forage à proximité, lui et ses voisins sont obligés de s’approvisionner au fleuve Oubangui. « Ce n’est pas propre. Ça finira par nous tuer, mais ce n’est pas comme si on avait d’autres choix », se désole-t-il.
Une situation face à laquelle la Société de distribution d’eau en Centrafrique (Sodeca) dit chercher des solutions. Les responsables de la Sodeca évoquent surtout « un problème de citoyenneté ». « Lorsque vous prenez l’eau de la Sodeca, c’est une eau traitée, donc qui a un coût. Vous devez solder vos factures afin que la Sodeca puisse renouveler le stock de produits chimiques et payer son personnel », a déclaré à la radio Éric Megalos-Dima, son directeur général.
Une source au sein de la société évoque « un entrepôt de stockage des produits de traitement vide ». Selon cette source, « la Sodeca manque de chlore et de sulfate », des produits essentiels pour le traitement de l’eau avant distribution. « Ce qui fait qu’on ne peut pas distribuer », soutient notre interlocuteur.
Si aucune date de retour à la normale n’est annoncée, les habitants de Bangui, eux, devront se contenter des forages ou encore des puits, parfois avec des conséquences sanitaires dramatiques.
Source: JeuneAfrique
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