Matthieu Millecamps
Africa-Press – CentrAfricaine. L’annonce par Donald Trump de l’augmentation générale des droits de douane à destination des États-Unis marque un tournant majeur dans l’histoire du commerce international. État des lieux, pays par pays, de l’impact à venir sur le continent.
Un coup de masse qui vient fracasser le système du commerce international, accompagné d’une « démonstration » économique qui est aussi fantasque que non documentée. En annonçant son intention d’augmenter les taxes douanières imposées aux produits importés par les États-Unis, dans des proportions d’une ampleur sans précédent, Donald Trump a déclenché, ni plus, ni moins, une guerre commerciale à l’échelle mondiale.
« Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis », a déclaré le milliardaire américain. Jamais avare de mise en scène, il a dévoilé ses mesures en brandissant un grand tableau sur lequel figurait une longue liste de pays concernés par des hausses de taxes douanières. Une annonce qu’il a qualifiée de « jour de la libération ».
Sur le continent, c’est le Lesotho qui est le moins bien loti, avec des droits de douane qui vont désormais passer à 50 %. Madagascar le talonne, avec des taxes douanières qui vont atteindre 47 %, suivi par l’île Maurice (40 %) et le Botswana (37 %). L’Algérie, l’Afrique du Sud et la Libye sont aussi fortement ciblés par ces nouvelles barrières tarifaires. À noter que la Côte d’Ivoire est elle aussi concernée par une hausse des droits de douane, lesquels sont désormais fixé à 21 %.
L’infographie ci-dessous permet de mesurer, pays par pays, l’ampleur du choc qui va frapper les économies africaines.
Il peut être difficile de comprendre la logique économique qui sous-tend la décision de l’administration américaine d’imposer des droits de douane plus importants à certains pays, quand d’autres se voient uniquement appliquer la règle générale des 10 % édictée par le locataire de la Maison-Blanche. D’autant que le niveau des droits de douane présenté par Donald Trump et qui sont supposés être aujourd’hui pratiqués vis-à-vis des États-Unis ne correspondent pas aux données répertoriée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le président américain, qui a construit une partie de sa popularité sur la promotion des « faits alternatifs », n’a pas délivré le détail des calculs qui ont abouti à ces chiffres. Tout juste Washington affirme avoir pris en compte les déficits commerciaux qu’il enregistre avec chaque pays, ainsi que des données monétaires. Dans leurs calculs, les États-Unis indique également avoir intégré des « barrières non tarifaires » que constitueraient la protection des droits de la propriété intellectuelle ou l’imposition de normes sanitaires ou sociales.
Si, de la Chine à l’Union européenne, les réactions inquiètes ou hostiles se multiplient, les déclarations sont, sur le continent, encore rares. Les « droits de douane unilatéralement imposés et punitifs sont une préoccupation et constituent des barrières au commerce et à la prospérité partagée », a cependant déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa dans un communiqué dans lequel il insiste sur « l’urgence de négocier un nouvel accord commercial bilatéral et mutuellement bénéfique avec les États-Unis ».
La réponse des marchés, en revanche, a été immédiate: les bourses européennes ont ouvert ce jeudi 3 avril en très forte baisse. L’ampleur du coup porté à l’économie mondiale, et aux économies du continent en particulier, risque d’être massif.
Source: JeuneAfrique
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