Haute-Kotto : Fin d’une Année D’Enfer Pour FAKA

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Haute-Kotto : Fin d'une Année D'Enfer Pour FAKA
Haute-Kotto : Fin d'une Année D'Enfer Pour FAKA

Africa-Press – CentrAfricaine. La dernière rotation des soldats FAKA dans la Haute-Kotto a marqué la fin d’une épreuve insoutenable pour des dizaines des soldats FACA déployés dans cette région militaire. À Mouka particulièrement, ces hommes ont enduré douze mois de conditions extrêmes, bien au-delà de la durée initiale prévue de trois mois. Leur calvaire quotidien, fait de privations alimentaires et d’abandon institutionnel, révèle les profondes failles du système de soutien aux troupes déployées en province.

En mai 2024, leur périple a commencé à Bangui, où ils ont embarqué dans des véhicules militaires en direction de Sibut. À leur arrivée dans cette ville, chaque soldat a reçu 2000 francs CFA pour se nourrir pendant la suite du trajet. Une somme dérisoire pour couvrir leurs besoins alimentaires jusqu’à leur destination finale. De Sibut, le convoi a poursuivi vers Bambari, puis Bria, avant d’atteindre enfin Mouka après plusieurs jours de voyage éprouvant.

À Mouka, ils étaient une quarantaine de soldats à prendre position. Dès leur installation, chaque homme a reçu 30 000 francs CFA, présentés comme leur Prime Globale d’Alimentation. Cette allocation unique, qui aurait dû être mensuelle, constituera leur seul soutien financier pendant toute la durée de leur mission. Après ce versement initial, plus rien ne leur parviendra des autorités militaires pendant les douze mois suivants.

Sur le terrain, la réalité s’est avérée bien plus dure que prévu. Mouka, localité isolée entre Bria et Ouadda-Maïkaga, offre peu de ressources alimentaires. Les soldats ont rapidement épuisé leurs maigres provisions. Les premiers mois, ils ont tenté de compter sur la solidarité des villageois, mais cette aide occasionnelle ne suffisait pas. La situation est devenue si critique qu’ils ont dû recourir à des mesures de survie extrêmes.

À quatre reprises, la faim les a poussés à abattre et consommer des chiens du village. La première tentative de la consommation du chien s’est soldée par des vomissements, la viande mal préparée étant difficile à digérer. Des villageois leur ont alors enseigné la technique du boucanage: sécher la viande au feu pour la rendre comestible. Cette méthode leur a permis de survivre, mais au prix d’une profonde humiliation.

Entre ces repas de désespoir, leur alimentation se limitait souvent à des pattes d’arachides rapportées de Bria par des civils compatissants. Certains jours, ils ne mangeaient qu’un seul repas, insuffisant pour des hommes devant assurer la sécurité de la zone. Leur état physique s’est progressivement dégradé, affectant leur moral et leur capacité opérationnelle.

Pendant des mois, les soldats ont cru que leurs difficultés provenaient de détournements. Ils soupçonnaient particulièrement leur chef du détachement, un lieutenant, souvent absent chaque week-end, qui se rendait régulièrement à Bria pour passer ses week-end dans des bars. Mais la vérité s’est révélée plus dures: l’État n’a tout simplement pas versé les PGA depuis six ans, sans avertissement ni explication.

Cette situation n’est malheureusement pas exceptionnelle. À Ouadda Maïkaga, d’autres unités connaissent des conditions similaires, parfois pires. Les relèves tardives aggravent le problème, certains soldats restent en poste jusqu’à un an au lieu des trois mois prévus.

La rotation de mai 2025 a enfin permis à ces hommes de rentrer auprès de leur famille respective. Mais leur soulagement ne doit pas masquer l’urgence de réformer le système. Comment des soldats affamés et épuisés peuvent-ils efficacement protéger les populations? La question reste sans réponse, alors que de nouveaux militaires prennent leur place dans les mêmes conditions difficiles….

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