Africa-Press – CentrAfricaine. Dans la Vakaga, la colère monte après la décision du gouvernement centrafricain de libérer cinq rebelles soudanais du FSR capturés par la Minusca, soupçonnés d’avoir participé au braquages et meurtres.
Depuis des décennies, la préfecture de la Vakaga, frontalière du Soudan, subit des incursions répétées des bandits et de groupes armés soudanais. Mais le 22 mai 2025, un nouvel épisode dramatique a secoué la zone de Boromata et ses environs. En effet, trois jeunes Centrafricains ont quitté le village de « 5 kilos » pour se rendre à Boromata. À 35 km de leur destination, ils ont été attaqués par des braqueurs soudanais, qui ont volé leur moto et leur argent. Contraints de rentrer à pied, les jeunes sont venus alerter les habitants de Boromata. En réponse, trois membres d’une milice d’autodéfense de la commune sont partis sécuriser l’axe routier. Malheureusement, ils sont tombés dans une embuscade tendue par les mêmes assaillants, qui les ont tués.
Face à ces violences, des éléments des milices d’autodéfense de Boromata, « 5 kilos », Ouandja et Gordil se sont mobilisés pour traquer les agresseurs. Ils n’ont pas retrouvé les braqueurs, mais ont abattu un individu soudanais, dont l’affiliation – rebelle ou simple criminel – reste incertaine. Cet acte a déclenché une réaction immédiate. Des rebelles des Forces de Soutien Rapide (FSR), accompagnés de civils armés, ont franchi la frontière en masse, à bord de motos et de véhicules, menaçant de brûler Boromata. Ils se sont positionnés à 32 km de la ville et ont exigé une compensation, appelée « dia » en arabe, fixée à 30 têtes de bœuf pour l’homme tué. Des notables locaux ont entamé des négociations pour éviter une attaque, et l’intervention des mercenaires du groupe Wagner a finalement conduit au retrait des rebelles soudanais.
Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. La MINUSCA, présente dans la préfecture, avait arrêté cinq individus – trois membres du FSR et deux civils armés – près de l’aéroport de Birao, chef-lieu de la Vakaga, le 23 mai 2025. Détenus à la gendarmerie locale, ils devaient être transférés à Bangui pour être jugés. Contre toute attente, le gouvernement centrafricain a refusé ce transfert. Invoquant le risque de représailles massives de la part des rebelles soudanais, les autorités ont ordonné leur libération. Le 25 mai 2025, en présence de représentants du FSR venus d’Amdafock, au Soudan, les cinq détenus ont été remis aux autorités soudanaises lors d’une cérémonie officielle avec la Minusca.
Cette décision a provoqué une indignation générale à Boromata, Ouandja, Gordil et dans toute la Vakaga. Les habitants dénoncent une injustice criante.
« Pourquoi libère-t-on ceux qui tuent nos proches? », s’interrogent-ils. Depuis des décennies, les incursions soudanaises se traduisent par des vols, des meurtres et des menaces, sans que justice soit rendue. Pourtant, lorsqu’un Centrafricain tue un assaillant en légitime défense, les rebelles soudanais exigent une compensation, sous peine de représailles. Les chefs de village, de canton et religieux, souvent contraints, demandent aux communautés de cotiser pour payer le « dia ». En revanche, les victimes centrafricaines n’obtiennent ni justice ni compensation.
« On nous demande d’oublier et de prier », déplore un habitant.
Cette impunité alimente un profond sentiment d’abandon. La population de la Vakaga reproche au gouvernement centrafricain sa passivité face aux pressions des soudanais. Les forces armées nationales, mal équipées et cantonnées à Birao, semblent incapables de protéger la région. La libération des cinq individus est perçue comme une capitulation, un abandon des citoyens face à des agresseurs soudanais. Les critiques visent également les notables locaux, accusés d’accepter trop facilement les exigences soudanaises, obligeant les communautés à payer pour des morts qu’elles n’ont pas provoquées.
Ce cycle d’injustice, qui se répète depuis 40 ou 50 ans, mécontente les habitants. Les Soudanais traversent la frontière, attaquent, tuent, pillent, et repartent sans conséquences. La population de la Vakaga, laissée à elle-même, exprime une colère croissante, se demandant quand l’État défendra enfin leurs droits….
Source: Corbeau News Centrafrique
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