Africa-Press – CentrAfricaine. En cette terre de Zemio, sous-préfecture du Haut-Mbomou, au cœur de la patrie de Boganda, nos ancêtres pleurent dans leur tombe. Le dimanche 8 juin 2025, alors que le soleil caressait encore nos collines ancestrales, l’impensable s’est produit. Un fils de notre terre, Zékpété, homme que les esprits avaient touché différemment, a vu sa vie s’éteindre sous les balles de ceux qui se disent nos “protecteurs”.
Zékpété, que tout Zemio connaissait dans sa simplicité d’âme, déambulait paisiblement dans la rue quand les mercenaires du groupe Wagner ont choisi de faire parler la poudre. Deux balles dans la tête. Un homme désarmé, vulnérable, qui n’avait d’autre tort que d’exister sous le soleil de ses ancêtres. Mais où est l’honneur dans un tel acte? Où est l’humanité qui nous unit tous?
Nos ancêtres d’autrefois disaient que “l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse”. Aujourd’hui, c’est notre dignité qui s’effrite dans le silence assourdissant de l’impunité. Car voyez-vous, ces hommes de Wagner nous regardent comme nos colonisateurs d’hier: des êtres sans âme, sans valeur, des “sous-hommes” qu’on peut éliminer selon son bon vouloir.
Depuis que ces mercenaires foulent notre sol centrafricain en 2018, combien de nos fils et filles ont péri dans l’indifférence? Combien de mères pleurent encore leurs enfants sans que justice ne leur soit rendue? Le sang innocent crie depuis la terre rouge de Bangui jusqu’aux savanes de l’Est, mais qui l’entend vraiment?
L’amertume nous touche quand nous réalisons que nous, héritiers des royaumes de Oubangui, descendants des guerriers qui ont résisté aux conquérants, nous nous retrouvons aujourd’hui à la merci de nouveaux prédateurs criminels russes. Ces Wagner ne sont-ils pas les nouveaux négriers qui nous considèrent comme du bétail?
En 2026, nous dit-on, Wagner cédera la place à l’Africa Corps. Mais qu’est-ce qui changera vraiment? Les bourreaux partiront, les crimes resteront impunis, et nos morts continueront de hanter nos nuits. C’est le cycle éternel: ils arrivent, ils tuent, ils repartent, et ceux qui applaudissent au pouvoir font mine d’oublier les larmes versées.
Zékpété n’était peut-être qu’un homme simple, un fou, oui, un fou aux yeux de certains, mais il était notre frère. Son sang versé souille notre terre commune et interpelle notre conscience collective. Quand cesserons-nous d’être les spectateurs impuissants de notre propre tragédie?
Nos ancêtres nous enseignaient que “quand les fourmis s’unissent, elles peuvent vaincre l’éléphant”. Il est temps de nous souvenir de cette sagesse millénaire, car tant que nous accepterons que nos vies vaillent moins que celles des autres, tant que nous laisserons l’impunité prospérer sur notre terre, d’autres Zékpété tomberont sous les balles de l’indifférence….
Source: Corbeau News Centrafrique
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