Africa-Press – CentrAfricaine. L’accord de N’Djamena promet la paix en Centrafrique, mais à Bangassou, 25 rebelles de l’UPC, venus se désarmer, ont été renvoyés armés dans la brousse.
Le 21 juin 2025, la Centrafrique avance vers l’application concrète de l’accord de N’Djamena, signé en avril dernier au Tchad. Cet accord, négocié entre le gouvernement centrafricain et l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), dirigée par Ali Darassa, vise à arrêter les violences et désarmer les rebelles pour les réintégrer dans la société ou dans l’armée nationale. À Maloum et Nzacko, dans la préfecture du Mbomou, des combattants de l’UPC ont commencé à quitter la brousse pour se présenter aux Forces armées centrafricaines (FACA). Ces premières opérations, bien reçues par les habitants, donnent de l’espoir pour un retour progressif à la stabilité dans ces zones touchées par des années de conflit.
Mais à Bangassou, chef-lieu du Mbomou, l’opération a mal tourné. Vingt-cinq rebelles de l’UPC se sont présentés ce dimanche pour déposer leurs armes, comme prévu dans le cadre du programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR). Pourtant, les FACA leur ont demandé de repartir dans la brousse avec leurs armes, en attendant l’arrivée de leur officier supérieur qui devait superviser l’opération, mais qui n’était pas encore arrivé. On leur a simplement donné une nouvelle date pour revenir.
Cette décision a surpris et inquiété les habitants de Bangassou. « On ne comprend pas. Ils viennent pour se désarmer, et on les renvoie avec leurs fusils? C’est dangereux pour nous », dit un commerçant de la ville. Les gens craignent que ces 25 combattants, toujours armés, ne profitent de leur retour dans la brousse pour reprendre leurs activités, comme attaquer des villageois ou braquer des voyageurs sur les routes. « Ce n’est pas normal de laisser des armes entre leurs mains et de leur dire d’attendre. Ils peuvent faire n’importe quoi », ajoute une mère de famille, visiblement inquiète.
Ce problème à Bangassou montre des défaillances dans l’organisation du cantonnements et du désarmement. L’absence de l’officier attendu semble avoir pris les FACA de court, mais la décision de renvoyer les rebelles armés pose des questions sur la coordination et la préparation. Pour beaucoup, c’est une occasion ratée de sécuriser la zone. « On aurait dû récupérer leurs armes tout de suite et les garder sous contrôle, pas les laisser repartir comme ça », pense un chef du quartier de Bangassou.
L’accord de N’Djamena, soutenu par le Tchad, représente une opportunité de ramener la paix en Centrafrique, un pays déchiré par des décennies de conflits armés. L’UPC, active depuis des années, est connue pour ses affrontements avec les éléments de forces armées centrafricaines et forces de l’ONU et ses actions contre les civils, ce qui rend ce processus de désarmement d’autant plus important. À Maloum et Nzacko, les résultats sont encourageants.
Mais l’incident de Bangassou risque d’affaiblir la confiance des habitants dans ce processus. Beaucoup se souviennent des accords précédents, comme celui de Khartoum en 2019, qui avaient promis la paix sans toujours tenir leurs engagements. « On veut y croire, mais il faut que ce soit bien fait. Laisser des rebelles armés repartir, ça nous rend nerveux », explique un habitant. Avec les élections prévues en décembre 2025, la réussite de cet accord est essentielle pour calmer le pays et permettre un scrutin dans un climat serein….
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press