Wagner Domine Le Marché Du Charbon De Bois En Centrafrique

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Wagner Domine Le Marché Du Charbon De Bois En Centrafrique
Wagner Domine Le Marché Du Charbon De Bois En Centrafrique

Africa-Press – CentrAfricaine.
Wagner, une société russe de la mafia criminelle, ravage les forêts centrafricaines pour produire du charbon de bois, dominant le marché national tout en marginalisant les petits commerçants qui luttent pour survivre.

Comme tout le monde le sait, en République centrafricaine (RCA), les forêts tropicales, vitales pour l’équilibre écologique et la survie des communautés locales, sont pillées à un rythme alarmant par le groupe Wagner. Après avoir exporté massivement des bois précieux jusqu’en 2023, les mercenaires russes se sont tournés vers la production industrielle de charbon de bois de chauffe, inondant le marché centrafricain et marginalisant les petits producteurs. Ce virage stratégique, dicté par les pressions internationales sur le Cameroun pour bloquer le trafic de bois, prouve une fois de plus une exploitation cynique des ressources naturelles, au mépris des Centrafricains et de leur environnement.

Entre 2021 et 2023, Wagner, via sa société écran Bois Rouge (rebaptisée Wood International Group), a organisé un vaste trafic de bois précieux, comme le sapelli et l’iroko, depuis la RCA vers l’Europe, la Chine et d’autres marchés internationaux. Ces grumes, extraites de concessions massives comme celle de 187 000 hectares dans la Lobaye, transitaient par le port de Douala au Cameroun. En 2022, Bois Rouge était le septième plus grand exportateur de bois centrafricain vers l’Union européenne, avec 465 m3 de sapelli vendus à des acheteurs en France et au Danemark, générant des profits estimés à 2 millions d’euros par an.

Toutefois, la pression internationale, notamment de l’Union européenne, qui a adopté en 2023 une réglementation stricte contre les produits issus de la déforestation, a contraint le Cameroun à renforcer ses contrôles. Depuis mi-2023, Yaoundé a interdit le transit de bois centrafricain sur son territoire, mettant un coup d’arrêt à l’exportation de grumes par Wagner. Face à cette restriction, le groupe n’a pas cessé ses activités destructrices. Au contraire, il a pivoté vers la production massive de charbon de bois, destiné non pas à l’exportation, mais à la consommation sur le marché national centrafricain.

Aujourd’hui, Wagner domine le marché du charbon de bois en RCA, contrôlant, selon certaines estimations, 80 à 90 % de l’approvisionnement à Bangui et dans d’autres grandes villes. Dans les différents quartiers de la capitale, les sacs de charbon produits par Wagner s’écoulent à des prix imbattables: 4 000 FCFA pour un sac rempli. Ce commerce, qui génère des millions de FCFA mensuels, repose sur une exploitation industrielle des forêts, notamment dans la Lobaye et les zones périphériques. Des hectares d’arbres sont abattus, transformés en charbon dans des fours rudimentaires, puis distribués à grande échelle, privant les petits producteurs centrafricains de leur principale source de revenus.

Ces petits commerçants, souvent des familles vivant près des frontières avec le Cameroun ou le Congo, dépendent de la vente de charbon artisanal pour survivre. Mais un arrêté interministériel du 17 mai 2024, émis par le ministère des Eaux et Forêts, interdit l’exportation de bois-énergie, y compris le charbon, sous peine d’amendes de 500 000 à 1 000 000 FCFA. Cette mesure, qui vise officiellement à protéger les forêts, frappe durement les petits producteurs, incapables de payer de telles sanctions. Pendant ce temps, Wagner opère sans entrave, ses activités industrielles échappant à tout contrôle. Cette injustice flagrante alimente le sentiment que le gouvernement prend les Centrafricains « pour des idiots », comme le déplorent de nombreux habitants.

La production massive de charbon par Wagner accélère la déforestation à un rythme effréné. Les forêts de la Lobaye, riches en biodiversité et abritant des espèces comme les éléphants, les gorilles et les léopards, sont réduites en cendres. Ce saccage libère d’importantes quantités de CO2, aggravant le changement climatique, tandis que les communautés pygmées, qui dépendent de ces écosystèmes pour leur subsistance, sont chassées de leurs terres ancestrales. Contrairement au bois, dont l’exportation rapportait des millions d’euros, le charbon est vendu localement à bas prix, mais son volume colossal – des dizaines de milliers de sacs écoulés chaque mois – génère des profits substantiels, estimés à des milliards de FCFA sur l’année.

L’inaction des autorités centrafricaines est sidérante. Le ministère des Eaux et Forêts, censé protéger les ressources naturelles, reste muet face aux activités de Wagner, tandis que les petits commerçants sont traqués. Les enquêtes d’organisations comme All Eyes on Wagner et Earthsight ont exposé l’ampleur du désastre, mais sans provoquer de réaction à Bangui. Ce deux poids, deux mesures alimente la colère des Centrafricains, qui se sentent méprisés par un gouvernement semblant protéger les intérêts de Wagner au détriment des siens.

Le règne de la société de la mafia russe Wagner sur le charbon de bois révèle une vérité agressive: en Centrafrique, les richesses naturelles sont bradées à des acteurs étrangers, tandis que les citoyens paient le prix fort. Les forêts, vitales pour la biodiversité et le climat, disparaissent sous les fours à charbon, et les petits producteurs, déjà frappés par la pauvreté, sont privés de leur gagne-pain. Ce scandale ne peut plus être ignoré.

Le gouvernement centrafricain doit agir désormais avec courage: enquêter sur les activités de Wagner, appliquer les lois de manière équitable et soutenir les petits commerçants. La communauté internationale, de son côté, doit maintenir la pression pour démanteler les réseaux de Wagner et financer des projets de reforestation. Sans une mobilisation urgente, la RCA risque de perdre ses forêts, son patrimoine et l’espoir d’un avenir digne pour ses habitants. Les Centrafricains méritent mieux qu’un pays transformé en cendres pour le profit d’un géant sans scrupules….

Source: Corbeau News Centrafrique

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