Africa-Press – CentrAfricaine. Pluies, halo solaire, poissons morts, oiseau tué, puis maladie de Touadéra: le pasteur Talingano voit depuis des signes contre un troisième mandat.
Depuis la célébration des neuf ans de pouvoir du président Faustin-Archange Touadéra le 30 mars 2025, une série d’événements troublants secoue la Centrafrique, renforçant les spéculations sur des signes prémonitoires liés à son ambition d’un troisième mandat. Alors que le pays se prépare aux élections locales d’avril et à la présidentielle de décembre 2025, la santé critique du président, confirmée par son évacuation médicale, s’ajoute à une chaîne d’incidents interprétés comme des avertissements divins par le pasteur Talingano.
Tout a commencé le 30 mars 2025, lors des festivités marquant l’anniversaire de l’investiture de Touadéra en 2016. Malgré une pluie torrentielle qui a provoqué des inondations dévastatrices à Bangui et dans les environs, submergeant des rues et causant l’effondrement de maisons, le président a maintenu ses rassemblements. À l’Assemblée nationale, puis au stade de 20 000 places, entouré de partisans arborant des tee-shirts « Touadéra mon président », il a célébré son bilan, qualifié de « bâtisseur » et de « père de la nation » par ses soutiens. Mais pour le pasteur Talingano, figure religieuse centrafricaine influente, ces pluies n’étaient pas anodines. Dans une adresse publique sur les réseaux sociaux, il a averti Touadéra: « Ces inondations sont un signe prémonitoire. Briguer un troisième mandat est une erreur. Renoncez, ou les cieux parleront encore ». Selon lui, la persistance du président à modifier la Constitution pour prolonger son pouvoir attire des avertissements divins.
Quelques jours plus tard, le 3 avril 2025, un autre phénomène a captivé Bangui: un halo solaire, un cercle lumineux autour du soleil, a illuminé le ciel. Les météorologues ont expliqué ce rare événement par des conditions atmosphériques, invoquant la réfraction de la lumière à travers des cristaux de glace dans l’atmosphère. Mais pour beaucoup, ce spectacle céleste renforçait l’idée d’un message divin, surtout après les pluies dévastatrices. « Le ciel parle », murmurait-on dans les quartiers de la capitale, où les discussions sur le troisième mandat s’intensifiaient.
Le 13 avril 2025, un nouvel événement a frappé, cette fois à Damara, village natal du Président Touadéra, où il a établi une ferme piscicole. Dans la journée, des milliers de poissons sont morts subitement dans les bassins de l’exploitation, un projet personnel cher au président. Les employés, sous le choc, ont retrouvé les carcasses flottant à la surface. « Nous avons rempli cinq brouettes, soit sept grandes cuvettes débordantes », ont-ils rapporté, décrivant une perte sans précédent.
Aucune explication claire n’a émergé: ni maladie, ni manque d’oxygène, ni problème d’eau n’ont été confirmés. Certains ont même évoqué un sabotage, mais les pisciculteurs, interrogés, ont juré n’avoir rien remarqué d’anormal la veille. À Damara, les habitants, habitués à voir la ferme prospérer, se demandent si cet incident est une simple coïncidence ou un signe plus profond. Le pasteur Talingano, s’adressant à ses fidèles, a été catégorique: « Après les pluies et le halo, les poissons morts sont un avertissement clair. Touadéra doit écouter. »
Plus récemment, un événement tragique a marqué les esprits. Quelques jours avant la crise de santé du président, un oiseau appartenant à Touadéra, probablement un cormoran, a été tué à Bangui. L’oiseau, laissé sans surveillance alors que le président était absent, s’était échappé pour chercher de la nourriture. Poursuivi par des passants, il a été abattu par un soldat de la garde présidentielle d’un coup de feu. Cet incident, survenu dans le quartier Boy-Rabe, a été interprété comme un présage funeste, renforçant les craintes d’une malédiction liée au troisième mandat.
La santé de Touadéra a dramatiquement empiré par la suite. Selon une information exclusive de Corbeau News Centrafrique, dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 juin 2025, vers 3 heures du matin, le président a été évacué d’urgence à l’étranger après un malaise grave. Lors d’une réunion avec ses ministres, il a souffert de vomissements et de diarrhées sanglantes, avant de chuter dans sa résidence. Accompagné de sa deuxième épouse, Tina Touadéra, et de son médecin personnel, il a quitté la Centrafrique à bord d’un jet médicalisé, probablement vers la Belgique via le Gabon, bien que la destination reste officieuse. Depuis, son état reste préoccupant, confirmant les rumeurs sur des problèmes de santé qu’il dissimulait depuis des mois.
Ces événements s’inscrivent dans un contexte politique tendu. La Constitution de 2023, adoptée par référendum avec 95 % des voix malgré un boycott de l’opposition, permet à Touadéra de briguer un troisième mandat en décembre 2025, prolongeant la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans. Mais cette réforme provoque une vive contestation. L’opposition, réunie au sein du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), rejette catégoriquement cette possibilité, exigeant un dialogue politique inclusif et la dissolution des institutions électorales. Les manifestations contre un troisième mandat se multiplient, comme celle du 4 avril 2025, où un millier de personnes ont défilé à Bangui pour dire « non ».
Dans ce climat, les signes accumulés – pluies, halo solaire, poissons morts, oiseau tué, maladie de Touadera, prennent une résonance particulière. Pour les partisans du président, ces événements sont des coïncidences sans lien avec sa volonté de se maintenir au pouvoir. « Le président est un homme de paix, il travaille pour la nation », assure un membre du Mouvement cœurs unis (MCU), son parti. Mais pour d’autres, comme le pasteur Talingano et une partie importante de la population, ils forment une chaîne d’avertissements. « Touadéra doit renoncer au troisième mandat. S’il persiste, il verra ce que les cieux réservent », a répété le pasteur.
Alors que les élections locales et la présidentielle de décembre approchent, chaque événement, qu’il soit naturel ou symbolique, est scruté à la loupe….
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