Africa-Press – CentrAfricaine. Le pouvoir de Bangui vient de parapher un nouvel accord de paix avec deux groupes armés le 10 juillet 2025 à la cité des chefs d’Etat en présence des autorités tchadiennes qui en assuraient la caution ou la garantie.
Il s’agit bien évidemment des groupes armés de l’UPC et de 3R dirigés respectivement par des chefs de guerre d’origine étrangère.
Il apparaît important de rappeler que l’un des seigneurs de guerre fut paradoxalement signataire de l’accord de paix de Khartoum en 2019 c’est-à-dire qu’il a récidivé au prix du non respect du précédent engagement.
Ce qui déduit qu’il est à son deuxième accord de paix avec le même pouvoir, à la même période c’est-à-dire la veille des élections nationales et pour le même motif.
Cet énième accord de paix de trop soulève la problématique de la lassitude et du scepticisme du pouvoir de Bangui.
Sous cette mandature, les accords de paix sont ainsi devenus des moyens d’occuper de hautes fonctions de l’État et même pour profiter des concessions au détriment de l’opposition démocratique sans armes qui a réclamé en vain un dialogue politique réellement inclusif intégrant de façon globale toutes les couches de la société y compris les groupes armés.
Une autre lecture de cet accord de paix nous indique que l’État centrafricain a perdu le monopole de la violence légitime et par voie de conséquence affaiblit son autorité, son crédit voire son image à l’international, sa légitimité auprès de son propre peuple sans oublier la perte d’autonomie politique.
Par ailleurs, cet accord de paix relève une incohérence majeure du pouvoir de Bangui qui d’une part accepte sans gêne la médiation du gouvernement tchadien dans le processus de paix mais refuse systématiquement le dialogue politique avec l’opposition démocratique qui ne réclamait que la médiation d’un chef d’état étranger.
Au regard de l’investissement massif du gouvernement tchadien, l’on est en droit de s’interroger sur le vrai bénéficiaire de cet accord de paix ou alors si le pouvoir tchadien a un agenda caché.
En d’autres termes, on ergote au point de savoir à qui profite cet accord.
Perdu dans ses différents accords de paix signés avec presque les mêmes acteurs, le citoyens lambda s’interroge:
1- Cet accord de paix de trop a t-elle vocation à arrêter la violence, faciliter le processus électoral en cours ou à reconstruire une nation en déconfiture?
2- Peut-on véritablement parler de paix sans les premiers acteurs?
3- Pourquoi ces accords de paix ne se limitent qu’aux élites politico-militaires sans tenir compte de la société civile, des victimes, des autorités religieuses et traditionnelles?
4- En quoi cet accord de paix avec des groupes armés étrangers est-il bénéfique pour la cause centrafricaine?
5- Le pouvoir de Bangui a t-il tiré les leçons et les enseignements de l’échec de l’accord de paix de Khartoum?
En tout état de cause, la Centrafrique est pris en otage par les groupes armés et les mercenaires du groupe Wagner qui dictent leur loi en excluant l’opposition démocratique et la société civile qui n’ont ni droit de s’exprimer librement, ni de manifester à plus forte raison de dialoguer avec le pouvoir pour améliorer les conditions de vie de la population.
Fort de ce qui précède, le projet mortifere de troisième mandat devient un facteur de crise supplémentaire qui affirme la rupture de légitimité démocratique, ouvre la porte à l’instabilité politique et compromet les chances ou toutes velléités de reconstruction nationale.
Nous rappelons in fine qu’il faut se méfier d’un peuple apeuré et meurtri dans son âme qui ne parle pas…car un problème ne peut résoudre un autre problème et qu’un problème peut en cacher un autre.
L’expérience de l’Afrique sub-saharienne montre toujours que le troisième mandat tue plus qu’un coup d’état militaire qui de nos jours évite de pertes en vies humaines.
En déduction de ce qui précède, demandez à un citoyen lambda de faire le choix entre un troisième mandat et un coup d’état militaire…son choix sera simple et sans réflexion.
On ne répétera jamais assez ce credo devenu liturgique et nous exhorterons le nouveau souverain pontife qui prônait la paix dans sa première homélie papale de rappeler à ce pasteur devenu tyran le caractère sacré du serment, de la parole politique donnée et le scrupuleux respect des textes établis.
Les chants des sirènes et le culte de personnalité ne vous placeront jamais au dessus de la République.
Un penseur disait que le pouvoir de l’État n’est pas un héritage familial mais au contraire une responsabilité limitée dans le temps alors n’attendez pas que le peuple dépositaire de la souveraineté vous chasse pour comprendre que c’est le moment de partir car l’amour d’antan risque de se transformer en méchante haine…
Alors Monsieur le président, il faut savoir partir dignement du pouvoir car un troisième larron dénommé “maladie” s’est invité dans l’arène politique compliquant au passage votre situation déjà fragile et chaotique.
Abdiquer, renoncer en échange d’une stabilité politique au projet mortifere et crisogene de troisième mandat, choisissez-vous un dauphin politique avant qu’il ne soit trop tard et cela avec honneur au lieu de capituler honteusement sous la pression populaire laissant derrière vous votre fauteuil présidentiel tant aimé.
Monsieur le président, nous avons le flair de prévenir des différents dangers à travers nos diverses analyses géopolitiques et geostrategiques mais malheureusement nous ne savons pas jouer aux pompiers qui ont vocation à sauver des vies et des biens en cas d’incendies ou de sinistres de tout genre.
Au delà de tout, nous tenons à signaler qu’on ne récolte que ce qu’on a semé et qu’au final, les mêmes causes produisent toujours et toujours les mêmes effets…
Malheur à ceux où celles qui s’attendent paradoxalement à un résultat différent. Les fables du célèbre fabuliste français Jean de La Fontaine teintées d’allegories éducatives auront prévenu les autistes avant que le monde ne s’effondre tel que défini par le célèbre romancier nigerian Chinua Achébé.
Source: Corbeau News Centrafrique
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