Helicobacter Pylori Et Risque De Cancer Gastrique

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Helicobacter Pylori Et Risque De Cancer Gastrique
Helicobacter Pylori Et Risque De Cancer Gastrique

Africa-Press – CentrAfricaine. Petite (1 à 2 mm), fréquente (15 à 30% de la population française serait infectée) mais silencieuse et parfois redoutable. Telles sont quelques caractéristiques de la bactérie Helicobacter pylori (H. pylori) décrite depuis les années 1980 par deux chercheurs australiens ayant reçu en 2005 le prix Nobel de Médecine pour leurs travaux pionniers.

Or, cet agent microbien connu comme étant impliqué dans la survenue du cancer de l’estomac va, dans les années à venir, s’avérer responsable de plus de 10 millions de cas de cancers de l’estomac dans le monde chez les personnes nées entre 2008 et 2017,soit près de 45.000 cas rien que pour l’Hexagone, comme le démontre une solide étude épidémiologique française récemment publiée dans la revue Nature.

Un cancer de l’estomac évitable car la détection de la bactérie est possible

Un bien lourd bilan qui pourrait être atténué si des stratégies de prévention dites « screen-and-treat » (« dépister et traiter ») étaient mises en place. On sait que cette infection bactérienne le plus souvent acquise dans l’enfance peut, au terme de plusieurs décennies, être responsable du développement d’un cancer de l’estomac dans 1 % des cas. Or, ce cancer est évitable car il est aujourd’hui possible à la fois de détecter la présence de la bactérie mais aussi de l’éradiquer par un traitement antibiotique.

« Les stratégies de dépistage et de traitement pourraient réduire le nombre de cas jusqu’à 75 % », affirment les auteurs de l’étude. Or, elles ne sont pas encore déployées car estimées trop coûteuses, sauf au Japon. C’est justement pour aider les décideurs politiques à mieux les utiliser que des chercheurs du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS basé à Lyon ont voulu calculer le fardeau lié à cette bactérie.

15, 6 millions de cas dans 185 pays

Leurs calculs et projections ont été réalisés pour 185 pays et aboutissent à un chiffre colossal:15, 6 millions de cas, dont 76 % attribuables à H. pylori. Soit au total plus de 10 millions de cas dans le monde. Les auteurs précisent que deux tiers des cas seront concentrés en Asie, suivie des Amériques et aussi de l’Afrique subsaharienne, où la charge future pourrait même, en partie à cause de l’évolution démographique, être six fois plus importante que celle estimée en 2022.

Pour mémoire, l’infection par H. pylori s’effectue le plus souvent dans l’enfance avant l’âge de cinq ans, par transmission orale et au sein des familles, les conditions de vie, d’hygiène et la qualité de l’eau ingérée ayant un rôle déterminant. Ensuite, la bactérie s’accroche à la muqueuse de la paroi de l’estomac, entraînant une inflammation (gastrite) qui passe généralement inaperçue. Mais au fil du temps, en raison de cette inflammation chronique, peuvent survenir des ulcères (10% des cas) ou plus rarement un cancer de l’estomac, avec l’intervention conjointe de facteurs génétiques, alimentaires et environnementaux.

« Peu d’élan à l’heure actuelle pour faire avancer le développement d’un vaccin »

Or, il est devenu possible d’éviter le développement du cancer (et de la récidive des ulcères) en détectant d’abord la présence de la bactérie (test sanguin, test respiratoire, fibroscopie) puis en l’éradiquant par un traitement pris pendant 14 jours (trois antibiotiques associés à un inhibiteur de la pompe à protons), ce qui permet dans 90% des cas l’éradication de la bactérie. Mais de très nombreuses raisons (résistance aux antibiotiques en augmentation, effets secondaires, coûts médicaux élevés, mauvaise observance des patients…) viennent compliquer la prise en charge.

C’est pourquoi la mise au point d’un vaccin demeure très attendue. Mais comme le soulignent amèrement les auteurs de l’étude, « il semble qu’il y ait peu d’élan à l’heure actuelle pour faire avancer le développement d’un vaccin », un seul essai a à ce jour ayant atteint la phase 3. En France, on estime à environ 6 000 le nombre de nouveaux cas de cancer de l’estomac chaque année.

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