Africa-Press – CentrAfricaine.
Il est des voix qui informent, des plumes qui éclairent, et puis il y a David Koïmara, directeur général de Radio Centrafrique, dont les éditoriaux ne sont qu’un écho servile des desiderata du pouvoir. À l’écouter, on se demande si l’homme est journaliste, griot ou simple mercenaire de la parole publique. Son dernier exercice en date, une ode béate à l’accord de paix signé le 19 avril 2025 à N’Djamena, est un nouvel épisode dans une longue série de dérives qui insultent l’intelligence des Centrafricains.
Depuis des années, David Koïmara se distingue par une constance pathétique: celle de transformer la fréquence nationale en tribune de propagande. Sous prétexte d’éditoriaux, il débite des récits complaisants, glorifiant un régime qui, après une décennie au pouvoir, n’a toujours pas su juguler l’insécurité qui gangrène le pays. Les groupes armés, dont il évoque la reddition avec une candeur suspecte, continuent de semer la mort dans le pays. Les Centrafricains, eux, ne demandent pas des héros autoproclamés ni des accords de façade, mais la sécurité, la dignité et un avenir qui ne soit pas hypothéqué par des compromis douteux.
David Koïmara, avec ses 200 000 francs CFA de salaire, semble avoir vendu son âme pour des miettes. Il chante les louanges d’un président qu’il qualifie de « père de la nation », oubliant commodément que ce même pouvoir savait, dès son arrivée, l’ampleur des exactions des groupes armés. Dix ans plus tard, les résultats sont difficiles à supportés: des villages pillés, des familles endeuillées, et des accords de paix qui ne tiennent que le temps d’une cérémonie. Pourtant, David Koïmara persiste à peindre un tableau idyllique, où les chefs rebelles, hier criminels, deviennent subitement des apôtres de la paix. Cette rhétorique, aussi creuse qu’indécente, est une insulte aux victimes de l’insécurité chronique.
Comment un directeur de radio nationale peut-il se regarder dans une glace en tenant un tel discours? La mission d’un média public est d’éclairer, de questionner, de confronter le pouvoir à ses échecs, et non de s’agenouiller devant lui. David Koïmara, lui, préfère jouer les hérauts d’une « realpolitik » qu’il ne comprend manifestement pas, vantant des initiatives qui, loin de consolider la paix, risquent de légitimer des criminels. Quand il évoque les « gages d’espoir » offerts par des chefs rebelles comme Ali Darassa, on oscille entre la nausée et l’incrédulité. Ces « gages » sont-ils censés effacer les vies brisées, les terres spoliées, les espoirs anéantis?
Et que dire de l’omission criminelle dans les éditoriaux de Koïmara? Pendant qu’il célèbre des accords partiels avec deux groupes armés, il passe sous silence le fléau des mercenaires russes, introduits dans le pays par le pouvoir qu’il défend si ardemment. Ces forces, loin d’être des alliées, surpassent en barbarie les exactions des groupes armés qu’il prétend voir désarmés. Leur présence, instrumentée par le régime, a semé plus de morts et de chaos que les factions rebelles réunies. L’assassinat récent de l’ancien ministre Armel Sayo, une énième tragédie imputable à ces mercenaires, est la goutte de sang qui fait déborder le vase. Quand David Koïmara chantera-t-il le désarmement de ces tueurs à gages? Quand osera-t-il pointer du doigt ceux qui les ont invités, ceux qui les laissent prospérer, ceux qui sacrifient les Centrafricains sur l’autel d’alliances opaques? Son silence est une complicité, et sa plume, tachée du sang des victimes, trahit une nation entière.
Le plus tragique, c’est que David Koïmara n’est pas une exception. Il incarne une caste de responsables qui, par opportunisme ou lâcheté, préfèrent les strapontins du pouvoir à l’honneur de servir leur peuple. Les Centrafricains méritent mieux que ces griots modernes, dont la voix ne porte que pour flatter l’ego des puissants. Ils méritent une radio nationale qui soit un phare de vérité, non un haut-parleur de la complaisance. Ils méritent des dirigeants qui, plutôt que de glorifier des accords fragiles, s’attaquent réellement aux racines de l’insécurité: la corruption, l’impunité, l’absence d’État.
David Koïmara, par ses éditoriaux pathétiques, trahit non seulement son métier, mais aussi son pays. Son nom devrait être rayé des annales de la Centrafrique, non pas par vengeance, mais par nécessité. Car un peuple qui aspire à se relever n’a que faire des laudateurs qui le bercent d’illusions. À l’heure où la Centrafrique pleure ses morts et lutte pour sa survie, il est temps que des voix courageuses s’élèvent, et que les mercenaires de la parole soient réduits au silence qu’ils méritent….
Source: Corbeau News Centrafrique
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