Africa-Press – CentrAfricaine. Face aux caméras, Maxime Balalou a osé déclarer dans son communiqué de presse du 30 juillet dernier qu’Armel Sayo, ancien ministre et prévenu dans une affaire de “tentative de coup d’État”, l’avait chargé de transmettre ses excuses au président Faustin-Archange Touadéra.
Présent dans le bureau du directeur général de la police à Bangui, entouré de policiers parfaitement complices, Balalou a construit un récit larmoyant, décrivant le chef de l’État Faustin-Archange Touadera comme un “homme de paix” et la Centrafrique comme un “État de droit”. En réalité, tout le dispositif policier et administratif, du sommet de l’État aux exécutants, a joué un rôle actif dans cette mise en scène criminelle et pathétique.
Cette scène n’était pas improvisée. Elle répond à une stratégie bien connue des pays dictatoriaux: fabriquer devant l’opinion l’image d’un adversaire humilié, présenté comme repentant, afin de justifier sa détention et de discréditer toute critique. En exploitant la privation de liberté d’Armel Sayo pour nourrir un discours politique, le gouvernement franchit un seuil dangereux où la propagande remplace la justice.
Rappelons que le 4 juillet dans la matinée, vers neuf heures, le ministre conseiller spécial à la sécurité du président Touadéra, accompagné de mercenaires russes, se rend personnellement à la prison du camp de Roux. Ensemble, ils mènent une fouille directement dans la cellule d’Armel Sayo et de son codétenu Nour Gregaza, en dehors de toute procédure légale. Sous prétexte d’avoir découvert un document lié à un coup d’État, le procureur — sous pression directe de l’exécutif, signe immédiatement le 4 juillet une note d’extraction. Les deux détenus sont sortis de leur cellule le 7 juillet dans la matinée par le directeur de l’office central pour la répression du banditisme (OCRB) et conduits dans cette structure policière.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet, vers 22 heures, des mercenaires russes, cagoulés, sont venus à l’OCRB et enlèvent Armel Sayo de sa cellule et l’emmènent vers une destination inconnue. Pendant 21 jours, aucune trace, aucun signe de vie. L’opposition, la société civile et les ONG dénoncent sa disparition. Face à la pression internationale croissante, notamment après un message du président camerounais Paul Biya, et des interventions du Comité international de la Croix-Rouge et de l’ambassade de France, Touadéra, acculé, demande pardon aux mercenaires russes de ne pas tuer Armel Sayo. Il leur supplie finalement de ramener Sayo vivant, car, en cas de sa mort, il serait possiblement attaquée devant la cour pénale internationale..
C’est ainsi que, dans la nuit du 29 au 30 juillet, Sayo est discrètement ramené à l’OCRB par les mercenaires russes. Le matin, il est conduit au tribunal de grande instance de Bangui, présenté devant un juge d’instruction, puis transféré à la Direction générale de la police. C’est là que le porte-parole du gouvernement, l’ex-détenu Maxime Balalou, entouré de la hiérarchie policière, organise la rencontre filmée, transformant un détenu en outil de propagande.
Ce coup de théâtre n’est pas de la communication politique: c’est une opération de propagande coercitive, indigne d’un État qui prétend respecter la loi. En utilisant un prisonnier comme décor d’un récit de soumission, le gouvernement montre que la justice est instrumentalisée, et que la parole d’un détenu n’est qu’une arme dans sa guerre contre ses opposants.
Source: Corbeau News Centrafrique
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