Africa-Press – CentrAfricaine. Une opération meurtrière de mercenaires russes contre des éleveurs soudanais près d’Amdafock a déclenché des représailles sanglantes, laissant les populations civiles centrafricaines exposées aux vengeances transfrontalières impitoyables.
La région frontalière entre la République centrafricaine et le Soudan vit des heures difficiles depuis la semaine dernière. Les événements qui se déroulent dans l’extrême nord-est du pays montrent les conséquences graves des méthodes employées par les mercenaires russes.
La semaine dernière, les mercenaires russes du groupe Wagner basés à Birao, chef-lieu de la préfecture de la Vakaga, ont quitté leur position pour se diriger vers Amdafock. Cette localité centrafricaine se trouve à 62 kilomètres de Birao et donne directement sur la frontière soudanaise. Mais avant d’arriver à destination, à 25 kilomètres d’Amdafock près du village de Guila, ils ont trouvé un campement d’éleveurs arabes soudanais installé dans la brousse.
La rencontre a tourné au drame. Les mercenaires ont tué cinq à six éleveurs peuls sur place. Une fois leur action terminée, ils ont immédiatement regagné leur base de Birao, abandonnant complètement la zone.
Cette méthode – attaquer puis partir aussitôt – a provoqué exactement ce que craignaient les populations locales. Les groupes soudanais, informés du massacre de leurs compatriotes, ont conclu que les villageois centrafricains avaient aidé les mercenaires à localiser le campement. Leur riposte n’a pas tardé.
Les représailles ont visé le village de Goba, situé à sept kilomètres d’Amdafock côté centrafricain. Les assaillants soudanais ont capturé trois habitants. Deux ont réussi à s’échapper, mais l’un d’eux se trouve aujourd’hui à l’hôpital avec des blessures graves après avoir été torturé. Le troisième captif a été tué. D’autres habitants ont fui le village, mais on ne connaît pas le nombre exact de victimes.
Toute la région vit maintenant dans la peur. Les populations d’Amdafock ne décolèrent pas et restent en alerte permanente. Quand deux Soudanais sont venus récupérer leur véhicule dans la ville, les habitants les ont immédiatement arrêtés pour les remettre aux Forces armées centrafricaines.
Pendant ce temps, les critiques pleuvent sur les mercenaires russes. À Birao, à Amdafock et dans d’autres localités, tout le monde condamne leur façon de procéder. Le reproche principal porte sur leur habitude de frapper puis de disparaître, laissant les populations civiles assumer les conséquences de leurs actes.
“Ces mercenaires arrivent, tuent, puis repartent. Pour eux, la mort est une priorité. Ils pensent que faire peur leur donne du pouvoir, mais c’est lamentable”, expliquent des témoins à Amdafock interrogés par la rédaction du CNC. Les habitants estiment que si ces hommes veulent vraiment contrôler la région, ils devraient rester pour sécuriser durablement la frontière, sans s’en prendre aux populations. Mais leur méthode consiste à “agir puis partir”, exposant systématiquement les civils aux vengeances.
La situation montre aussi les défaillances des forces officiellement chargées de la sécurité. La MINUSCA et les Forces armées centrafricaines sont pourtant présentes à Amdafock, mais leur inaction pose question. Les témoins racontent que même quand des incidents se produisent à quelques centaines de mètres de leurs positions, ces forces ne bougent pas.
Cette crise montre dans quel piège se trouvent les populations civiles de cette région frontalière. D’un côté, des mercenaires qui tuent puis s’en vont. De l’autre, des groupes armés soudanais qui se vengent sur les innocents. Au final, ce sont toujours les civils qui paient le prix d’un cycle de violences qu’ils n’ont pas voulu.
Source: Corbeau News Centrafrique
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