Africa-Press – CentrAfricaine. Le calendrier a parfois ses ironies. Ce 30 juillet 2025, tandis que Bangui sortait ses plus beaux discours sur l’amitié internationale, Armel Sayo franchissait les portes de sa captivité après vingt et un jours d’absence forcée. Coïncidence troublante pour une journée censée honorer la fraternité entre les hommes.
L’Organisation des Nations unies avait pourtant pensé à tout en 2011 quand elle institua cette célébration. Inspirée d’une idée commerciale américaine des années 1930, cette journée devait tisser des ponts entre les peuples. Noble intention que celle de transformer le 30 juillet en hymne à la solidarité planétaire.
À Bangui, les autorités ont déployé leur arsenal habituel: forums sur la paix, rencontres interreligieuses, messages radiophoniques sur l’unité nationale. Moïse Kivir Kandoro Kelly, observateur attentif des questions sociales, rappelle dans son intervention sur la Radio Centrafrique que ces gestes de rapprochement demeurent essentiels pour panser les blessures du passé.
Les églises et mosquées de la capitale ont ouvert leurs portes à des échanges fraternels. Dans les quartiers, quelques initiatives citoyennes ont fleuri, portées par une jeunesse qui refuse de porter éternellement le fardeau des conflits d’hier. Ces efforts, aussi modestes soient-ils, dessinent les contours d’une société qui tente de se reconstruire malgré les obstacles.
Mais l’ombre portée par l’affaire Sayo plane sur ces célébrations. Comment parler d’amitié quand des hommes disparaissent dans les geôles du pouvoir? Comment invoquer la fraternité quand la peur du lendemain habite encore tant de foyers centrafricains?
De Bambari à 385 kilomètres de la capitale jusqu’à Berbérati située à 584 kilomètres, les échos de cette journée se sont perdus dans les préoccupations quotidiennes. Là-bas, l’amitié se mesure moins aux grands principes qu’aux petits services rendus entre voisins, aux solidarités concrètes face aux difficultés du quotidien.
Les véritables organisations de défense des droits humains saisissent l’occasion pour rappeler une évidence: l’amitié véritable ne prospère que dans le terreau de la justice et du respect mutuel. Leurs voix portent d’autant plus loin que la libération de Sayo, le jour même des festivités, sonne comme un aveu involontaire.
Les leaders religieux, eux, appellent à dépasser les discours convenus. Leurs prêches du 30 juillet ont mis l’accent sur la réconciliation authentique, celle qui exige vérité et pardon plutôt que silence et oubli.
Cette Journée de l’amitié 2025 restera dans les mémoires comme un moment de vérité pour la Centrafrique. Elle aura montré qu’entre les belles paroles sur la fraternité et les actes qui l’incarnent, un gouffre persiste. L’amitié ne se proclame pas ; elle se mérite par la cohérence entre les principes affichés et les comportements adoptés.
Source: Corbeau News Centrafrique
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