Arrestation de Babanani: Bouba et le piège Wagner

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Arrestation de Babanani: Bouba et le piège Wagner
Arrestation de Babanani: Bouba et le piège Wagner

Africa-Press – CentrAfricaine.
Après deux semaines d’investigation, la rédaction de Corbo News Centrafrique peut maintenant reconstituer le piège sophistiqué qui a conduit à l’arrestation de l’homme d’affaires Mahamat Djamil Babanani, actuellement détenu à l’OCRB. Cette opération implique le général Bienvenu Zokoué (directeur général de la Police), le général Armel Baraba (directeur de l’OCRB), le ministre Hassan Bouba (Élevage et Santé animale), et les mercenaires russes du groupe Wagner.

Rappelons les faits: le 27 octobre 2023, Babanani avait subi un braquage à son domicile du Km5. Les hommes de l’OCRB, accompagnés de mercenaires russes, avaient emporté près de 6 millions de francs CFA, ses documents d’identité, ses équipements informatiques et ses objets de valeur.

L’homme d’affaires avait déposé plainte par l’intermédiaire de son avocat Maître Albert Panda Gbianimbi. Cette plainte circonstanciée, accompagnée d’un procès-verbal d’huissier, a mystérieusement disparu des archives judiciaires. Les mercenaires russes ont conservé tout ce qu’ils avaient pris.

Face aux menaces persistantes et soupçonné d’être proche de l’ancien président de l’Assemblée nationale Abdoul Karim Meckassoua, devenu ennemi du régime, Babanani s’était réfugié au Cameroun où il possède également des activités commerciales.

C’est pendant son exil camerounais que le piège a commencé à se mettre en place. Selon nos sources, le ministre de l’Élevage Hassan Bouba a contacté Babanani à plusieurs reprises pour lui proposer des commandes officielles de l’État centrafricain.

“Tu peux rentrer sans problème. L’État a des commandes importantes à te confier”, aurait répété le ministre à l’homme d’affaires exilé. Ces sollicitations répétées ont fini par convaincre Babanani que sa situation s’était normalisée et que le gouvernement souhaitait faire appel à ses services.

Suite à ses nombreux échanges avec l’homosexuel Hassan Bouba, Babanani est rentré finalement au pays. À son retour à Bangui, le ministre Hassan Bouba, auteur du piège, a immédiatement installé Babanani dans un bureau au sein du ministère de l’Élevage. Un espace de travail équipé, avec ordinateurs et matériel professionnel. L’homme d’affaires pensait avoir réintégré le circuit officiel et récupéré la confiance des autorités.

Nos investigations montrent que pendant cette période, des documents ont été préparés et remis à Babanani: bons de commande, cahiers des charges, autorisations diverses. L’homme d’affaires les a reçus comme des documents officiels authentiques et s’est mis au travail pour préparer l’approvisionnement demandé.

Muni de ces documents, Babanani s’est présenté à l’aéroport de Bangui pour se rendre au Cameroun effectuer les achats. C’est à ce moment précis que l’opération planifiée s’est déclenchée.

L’homme d’affaires a été arrêté avant d’embarquer. Les sommes d’argent qu’il transportait ont été saisies. Il a été immédiatement transféré à l’OCRB où il est détenu depuis plusieurs semaines.

Les généraux Zokoué et Baraba ont fait bloquer tous les fonds saisis. Babanani se trouve maintenant dans les cellules de l’OCRB sans perspective de libération rapide et sans que les motifs précis de son arrestation aient été communiqués publiquement.

Cette arrestation s’inscrit dans la continuité du braquage de 2023. Babanani avait osé porter plainte contre les mercenaires russes. Cette résistance légale lui coûte aujourd’hui sa liberté et probablement les fonds qu’il avait réussi à reconstituer pendant son exil camerounais.

Le rôle central du ministre Hassan Bouba dans cette affaire interroge plus d’un sur l’utilisation des fonctions ministérielles à des fins qui dépassent largement le cadre institutionnel normal.

Cette affaire s’ajoute à une longue liste de cas similaires: l’entrepreneur malien Traoré, l’homme d’affaires Abdel Karim Dobo, et d’autres encore qui croupissent dans les geôles de l’OCRB après avoir vu leurs biens confisqués et leurs activités détruites.

Le mode opératoire se répète: identification d’entrepreneurs prospères, premier braquage, plainte qui disparaît, puis arrestation avec confiscation des fonds restants. Un système de prédation institutionnalisé qui détruit méthodiquement le tissu économique centrafricain.

L’enrichissement rapide des généraux Zokoué et Baraba, constructions immobilières multiples, train de vie dépassant largement leurs salaires officiels, témoigne des bénéfices tirés de ces opérations.

Le président Touadéra reste silencieux face à ces pratiques qui chassent les investisseurs et détruisent la confiance dans les institutions. Cette passivité présidentielle transforme le pays en zone de non-droit où les forces de sécurité opèrent comme des entreprises criminelles protégées au plus haut niveau.

Tant que Babanani restera détenu à l’OCRB, tant que ses fonds resteront confisqués par les généraux Zokoué et Baraba, tant que le ministre Hassan Bouba continuera d’exercer ses fonctions après avoir servi d’appât dans ce piège, la République centrafricaine restera un État où les uniformes cachent des prédateurs et où les ministres participent à des opérations qui ruinent les hommes d’affaires légaux.

Source: Corbeau News Centrafrique

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