Africa-Press – CentrAfricaine. Le ministre Bruno Yapandé nous livre une nouvelle comédie théâtrale sur les “élections inclusives” de décembre. Dans son interview à la Radio Ndékè Luka, il n’arrête pas de vanter le “président démocrate” Touadéra qui veut organiser des “élections vraiment inclusives”. Sauf que ce même président a violé la Constitution, limogé la présidente de la Cour constitutionnelle, fait emprisonner ses opposants et laissé Wagner massacrer des civils. Mais pour Bruno Yapandé, tout va bien: c’est un “démocrate” qui organise des élections “inclusives” !
Écoutons cette propagande gouvernementale débitée avec le sérieux d’une déclaration officielle. « Le gouvernement a toujours honoré ses engagements que le président de la République lui-même, il tient à cela en tant que démocrate et il tient absolument à ce que s’organise. Cette année à Bangui, des élections vraiment inclusives », déclare Bruno Yapandé sans rougir.
Un “démocrate” ! Voilà comment le ministre qualifie un président qui a violé son serment constitutionnel. Le 30 mars 2016, Touadéra a juré sur la Constitution qu’il ne la modifierait pas. Mais en 2022, quand la Cour constitutionnelle a refusé sa nouvelle constitution ouvrant la voie au mandat à vie, qu’a fait ce “démocrate”? Il a ignoré la décision de justice et limogé la présidente Danièle Darlan ! C’est ça, la démocratie version Bruno Yapandé?
Le ministre poursuit sa démonstration avec cette fierté gouvernementale: « Nous avons mobilisé, depuis le démarrage du processus jusque-là, les ressources nécessaires à la participation du gouvernement au financement du processus électoral. Et nous, à un moment donné, nous avons fait même plus que ça. »
“Nous avons fait même plus que ça” ! Le ministre se vante d’avoir mobilisé 2,8% du budget électoral comme d’un exploit. Pendant ce temps, son “président démocrate” fait arrêter des députés en pleine nuit. Dominique Yandocka, député du 4ème arrondissement de Bangui, arrêté à 4h du matin chez lui pendant qu’il dormait, accusé sans preuve de tentative de coup d’État. Le député de Djema est actuellement en garde à vue à l’OCRB depuis trois mois sans aucune justification légale. C’est ça, les “élections inclusives”? Arrêter les élus du peuple?
Le ministre enchaîne avec cette leçon de gestion publique: « L’essentiel, c’est de faire réussir les élections et nous mettre les modestes moyens que nous avons à la disposition de l’ANE pour la réussite de ces élections ».
“Faire réussir les élections” ! Quelle conception de la réussite ! Quand des députés sont emprisonnés arbitrairement, quand la garde à vue de 72 heures devient trois mois de détention, quand on arrête les élus en prétextant des “flagrants délits” bidons, Bruno Yapandé appelle ça comment? Dans son univers, une élection réussie, c’est une élection où l’opposition est terrorisée !
Car pendant que le ministre parle d’inclusivité, que fait son “président démocrate”? Il laisse Wagner massacrer la population centrafricaine. Des milliers de civils tués, des villages entiers rasés, des exactions en série… Mais Touadéra n’a jamais fait la moindre déclaration de condamnation. Il est parfaitement au courant des crimes de Wagner, mais il préfère regarder ailleurs. C’est ça, un “démocrate” selon Bruno Yapandé?
Le ministre justifie ensuite les dysfonctionnements de l’ANE: « L’ANE avait eu de sérieux problèmes, il est bien vrai. Il y a de problèmes qui relèvent du degré de compétences, qui relèvent aussi de la disponibilité financière. Mais il y a également des problèmes qui sont liés à la défaillance des machines, notamment les tablettes ».
Des “sérieux problèmes” ! L’ANE n’arrive pas à faire une révision de listes électorales depuis un an, ses tablettes tombent en panne, elle a besoin d’expertise internationale pour extraire des données basiques… Mais Bruno Yapandé appelle ça des “élections inclusives”. Inclusives pour qui? Pour les fantômes des listes électorales bâclées?
Et voici le summum de cette comédie: « Nous n’avons pas pu extraire les données le plus vite possible. Et c’est ça qui a amené le gouvernement et l’ANE de faire appel à une expertise internationale qui nous a aidés à extraire l’essentiel des données ».
Une “expertise internationale” pour extraire des données ! Ils ne savent même pas utiliser leurs propres tablettes, mais ils veulent organiser des “élections inclusives”. On paie des experts étrangers pour faire le travail que l’ANE devrait maîtriser, et le ministre présente ça comme une preuve de bonne gestion !
Le ministre termine sa démonstration par cette philosophie gouvernementale: « L’opposition est dans son rôle, mais nous nous jouons aussi notre rôle, nous accomplissons notre mission pour que les élections réussissent en République Centrafricaine ».
“L’opposition est dans son rôle” ! Oui, son rôle selon ce régime, c’est d’être en prison ou de se taire ! Les députés emprisonnés jouent parfaitement leur rôle d’opposants terrorisés. Et le gouvernement joue son rôle en organisant des élections dans un climat de peur. Voilà les “élections inclusives” version Bruno Yapandé !
Cette propagande révoltante montre l’état de déconnexion totale de ce régime avec la réalité. Comment peut-on vanter un “président démocrate” qui viole la Constitution et fait appel aux mercenaires? Comment peut-on promettre la réussite électorale avec une ANE incompétente financée à 2,8%?
Au final, ces “élections inclusives” ressembleront à quoi? À une comédie où seuls les partisans du régime oseront se présenter, où les listes électorales seront bâclées, où les résultats seront préfabriqués. Une parodie de démocratie organisée par des violeurs de Constitution qui emprisonnent les élus du peuple.
Alors non, monsieur Yapandé, vos “élections inclusives” avec votre “président démocrate”, c’est de la pure propagande. Un régime qui viole la Constitution, emprisonne des députés et laisse Wagner massacrer n’organise pas des élections démocratiques. Il organise une comédie pour légitimer sa dictature.
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