Africa-Press – CentrAfricaine. Le pays sombre désormais dans une corruption généralisée qui n’épargne aucun secteur. Des bureaux de l’administration aux services de base, tout est devenu prétexte à soutirer de l’argent aux citoyens. La mairie de Bangui en donne un exemple étonnant: un projet financé par l’Union européenne pour délivrer gratuitement des actes de naissance se heurte à un réseau des employés de la mairie qui ont organisé leur propre mafia, exigeant des paiements illégaux à chaque étape.
Depuis plusieurs mois, des affiches tapissent la capitale et les radios diffusent des annonces: les actes de naissance pour les nouveaux-nés sont désormais gratuits à la mairie de Bangui, grâce au financement de l’Union européenne et de ses partenaires. Mais la réalité contredit complètement ces promesses. Aucun parent n’obtient réellement son document sans débourser d’argent à ces mafieux de la mairie.
Dès le dépôt du dossier, les complications surgissent. Les employés réclament aux demandeurs entre 2 000 et 3 000 francs CFA, officiellement pour “le suivi du dossier”. Sans ce paiement, le dossier reste bloqué indéfiniment.
Rencontré à la mairie de Bangui par la rédaction du CNC, un père de famille, venu faire le suivi du dossier d’acte de naissance de son fil témoigne: “Ça fait deux mois que j’ai déposé pour l’acte de naissance de mon bébé. On m’a demandé de verser 2 000 francs CFA pour le suivi. Mais j’ai refusé. Voilà que le dossier de mon bébé traine toujours, et j’attends indéfiniment. ”. Une jeune mère, de son côté, raconte une expérience similaire, avec une demande de 2 000 francs CFA. » Quand je suis arrivée à la mairie pour déposer le dossier d’acte de naissance de mon nouveau né, on m’a redirigé dans un bureau en haut. Sur place, l’employé m’a demandé une somme de 2000 francs CFA avant le dépôt du dossier », affirme-t-elle. Une autre maman, rencontrée également à la mairie, raconte la même chose. Ceci dit, cette mafia est générale est bien planifiée par la mairie elle-même.
Ce racket s’explique par une logique cynique. Auparavant, la légalisation et la délivrance des actes de naissance constituaient une importante source de bakchichs pour les employés municipaux. Le financement européen réduit drastiquement leurs profits illégaux habituels. Plutôt que d’accepter cette perte de revenus, les employés ont organisé leur propre système parallèle. Chaque demande d’acte de naissance devient prétexte à exiger des “frais de suivi” à différentes étapes du processus administratif.
Cette situation transforme une initiative humanitaire en nouvelle source de corruption. L’argent européen censé faciliter l’accès à l’état civil pour les familles centrafricaines finance en réalité un service que les employés municipaux utilisent comme levier d’extorsion. Les victimes se comptent par dizaines. Les parents, souvent démunis, n’ont d’autre choix que de céder au chantage ou de renoncer à obtenir ce document pourtant essentiel pour leurs enfants. Même les programmes d’aide internationale destinés aux populations les plus vulnérables se retrouvent détournés par des fonctionnaires sans scrupules.
Source: Corbeau News Centrafrique
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