Centrafrique : entre France et Russie, les douanes de la discorde

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Centrafrique : entre France et Russie, les douanes de la discorde
Centrafrique : entre France et Russie, les douanes de la discorde

Africa-Press – CentrAfricaine. La question de la gestion des recettes douanières, un temps confiée aux Russes, a envenimé les relations entre Paris et Bangui. Mais le dossier pourrait ne pas être clos.

Les Russes sont-ils définitivement écartés de la gestion des douanes centrafricaines ? Et la France y est-elle pour quelque chose ? Début octobre, après plusieurs semaines de polémique, Bangui a annoncé au chef de la mission économique russe la fin de sa « mission d’assistance technique auprès des différents postes de la douane centrafricaine ».

Entamée en mai dernier, cette collaboration avait fait couler beaucoup d’encre, tendant davantage encore les relations déjà difficiles qu’entretiennent Paris et Bangui. Officiellement, le but était de mieux lutter contre les fraudes en matière de transit et donc d’améliorer le niveau des recettes perçues par l’État. Mais nombre d’observateurs et de diplomates ont immédiatement soupçonnés Moscou d’avoir fait main basse sur une véritable manne financière (les recettes douanières représentent près du tiers du budget de l’État). Certains laissaient même entendre que cela permettait aux Russes de financer la coûteuse présence en Centrafrique des groupes paramilitaires liés à la société Wagner, appelés pour aider à combattre les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC).

« Les Russes confisquent la capacité fiscale de l’État »

Une accusation ainsi résumée par Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une émission diffusée mi-octobre par la chaîne de télévision France 5 : « Lorsque [les Russes] pénètrent dans un pays, ils multiplient les violations, les exactions, les prédations pour se substituer parfois même à l’autorité de l’État. L’exemple le plus spectaculaire, c’est la République centrafricaine où finalement, pour pouvoir se payer, ils confisquent la capacité fiscale de l’État. »

C’est peu dire que Bangui n’a pas apprécié. « La présence des Russes dans la fiscalité [avait] pour but d’aider la Centrafrique à se passer de l’aide financière française suspendue », insiste Frédéric-Théodore Inamo, directeur général des Douanes et droits indirects, même si une source française tient à préciser que « les douanes n’entrent pas dans [notre] domaine de collaboration directe ».

Bangui ne formule aucune insatisfaction vis-à-vis de Moscou, bien au contraire

En poste depuis 2016, ce neveu du président Faustin-Archange Touadéra balaye les accusations formulées par le chef de la diplomatie française. « Ce que les gens peuvent dire, ce n’est pas la réalité. C’est de la politique et ne me concerne en rien, poursuit Frédéric-Théodore Inamo. Nous avons travaillé cinq mois [avec les Russes] et aucun manquement n’a été constaté. Nous avons même été au-dessus des prévisions fiscales qui avait été faites. Les Russes ont aussi permis de corriger le comportement de certains opérateurs économiques, voire de certains douaniers. Plusieurs de ceux qui ne respectaient pas les procédures d’exportation par exemple sont désormais réglos. »

Autrement dit, même si la fin de l’assistance technique a été officiellement signifiée aux représentants russes, Bangui ne formule aucune insatisfaction, bien au contraire. Suffisant pour que, côté français notamment, on soupçonne maintenant les autorités centrafricaines d’envisager de faire revenir Moscou dans le jeu, fusse de manière moins voyante, par l’entremise de conseillers par exemple.

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