les rebelles se retirent de Bangassou après un ultimatum de l’ONU

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Centrafrique : les rebelles se retirent de Bangassou après un ultimatum de l’ONU
Centrafrique : les rebelles se retirent de Bangassou après un ultimatum de l’ONU

Africa-PressCentrAfricaine. Deux semaines après en avoir pris le contrôle, les rebelles centrafricains qui mènent depuis décembre une offensive contre le régime du président Faustin-Archange Touadéra ont quitté la ville de Bangassou, à 750 kilomètres à l’est de Bangui, après un ultimatum de l’Organisation des Nations unies (ONU).

La cinquième ville du pays, avec environ 30 000 habitants, est « sous le contrôle total de la Minusca », les rebelles « ont abandonné les positions qu’ils occupaient [depuis le 3 janvier] et fui la ville dans la nuit de vendredi à samedi », a déclaré, samedi 16 janvier au soir, Vladimir Monteiro, porte-parole de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca). La force de l’ONU « reste en alerte pour prévenir toute action des groupes armés visant la population civile, l’autorité de l’Etat et les casques bleus ou le retour des rebelles dans la ville », a-t-il souligné.

« Des incidents impliquant des tentatives de pillage ont eu lieu

[vendredi soir et samedi matin] et la force est intervenue pour y mettre fin. La situation est calme et sous contrôle, les positions initialement occupées par les éléments armés ne le sont plus », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le lieutenant-colonel Abdoul Aziz Fall, porte-parole de la composante militaire de la Minusca. « Le pillage de la ville de Bangassou par les rebelles (…) avant leur retrait, à l’arrivée des renforts constitués des éléments du contingent rwandais de la Minusca, est révélateur d’un des objectifs de ces mercenaires étrangers : piller nos richesses et les biens de notre peuple », a fustigé sur Facebook le premier ministre centrafricain, Firmin Ngrebada.

« Les gens vont pouvoir rentrer chez eux »

Le 17 décembre, les six groupes armés les plus puissants, qui occupaient les deux tiers de la Centrafrique en guerre civile depuis huit ans, se sont alliés au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) puis ont annoncé le 19 décembre, huit jours avant les élections présidentielle et législatives, une offensive dans le but d’empêcher la réélection du président Touadéra. Ils se sont jusqu’alors heurtés à des forces bien supérieures en nombre et lourdement équipées : l’armée centrafricaine, la Minusca, déployée depuis 2014 et forte de près de 12 000 soldats, et des centaines de militaires rwandais et de paramilitaires russes dépêchés par leurs pays, au début de l’offensive rebelle, à la rescousse de M. Touadéra.

Ce dernier a été déclaré réélu, mais à l’issue d’un scrutin pour lequel moins d’un électeur inscrit sur deux a pu se rendre dans les bureaux de vote, en raison de l’insécurité dans tout le pays (à l’exception de Bangui). Ce que l’opposition invoque pour réclamer l’annulation de la présidentielle, en plus de « fraudes massives », selon elle. La Cour constitutionnelle doit valider ou rejeter le résultat de l’élection d’ici au 19 janvier. Dimanche, une coalition de partis d’opposition a demandé à l’ONU d’enquêter sur son représentant, Mankeur Ndiaye, l’accusant sans apporter de preuves de soutenir « ostensiblement » le président Touadéra. Dans un Tweet publié dimanche soir, Mankeur Ndiaye a déclaré que la Minusca « continuera[it] d’œuvrer pour le dialogue politique et social entre tous les acteurs, sans exclusive ».

Lors de l’attaque de Bangassou, « les corps de cinq éléments armés ont été retrouvés », avait tweeté la Minusca, sans plus de précisions. Une quinzaine de blessés avaient été transportés par Médecins sans frontières (MSF). Après l’offensive des groupes armés, de nombreux habitants de Bangassou s’étaient réfugiés en République démocratique du Congo (RDC). « C’est une grande joie », a déclaré à l’AFP Juan Jose Aguirre, évêque de Bangassou, à la suite de la reprise de la ville par la Minusca. « Après treize jours à dormir à la belle étoile, les gens vont pouvoir rentrer chez eux », a-t-il ajouté.

Deux tentatives d’incursion à Bangui

Depuis la mi-décembre, les rebelles se livrent à des attaques sporadiques mais parfois violentes, généralement loin de la capitale. Mais mercredi, environ 200 membres des groupes armés ont tenté deux incursions simultanées aux portes de Bangui. Ces assauts ont été repoussés à l’issue de combats qui ont fait une trentaine de morts parmi les rebelles, selon le gouvernement et des sources onusiennes ; un casque bleu rwandais a été tué.

Vendredi, un casque bleu burundais a été tué dans une embuscade d’« éléments armés des groupes coalisés » près de Grimari, à 300 kilomètres au nord-est de Bangui, au cours d’une « opération de sécurisation » des environs de cette ville par des casques bleus burundais et bangladais, selon la Minusca. Deux soldats bangladais ont été légèrement blessés.

Depuis décembre, quelque 60 000 Centrafricains ont fui les violences, a fait savoir vendredi le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à Genève. Pour la seule journée du 13 janvier, ce sont 10 000 personnes qui ont traversé le fleuve Oubangui pour trouver refuge en RDC.

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