Dans la tête de Touadéra : et si le président centrafricain changeait de Premier ministre ?

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Dans la tête de Touadéra : et si le président centrafricain changeait de Premier ministre ?
Dans la tête de Touadéra : et si le président centrafricain changeait de Premier ministre ?

Africa-Press – CentrAfricaine. Alors que Faustin-Archange Touadéra (FAT) s’active sur le plan international – entre une brève rencontre avec son homologue français Emmanuel Macron à Libreville, un discours anti-occidental au Qatar et un sommet de la Cemac à Yaoundé –, son propre parti est en crise à Bangui.

Selon nos sources, le Premier ministre, Félix Moloua, est en effet fortement contesté au sein du Mouvement cœurs unis (MCU).

Le soutien en sous-main de Simplice Sarandji

Des députés proches du chef de l’État trouvent – sans le déclarer officiellement – que l’actuel occupant de la primature ne s’implique pas assez sur le terrain national et ne se privent pas d’orchestrer une campagne médiatique afin d’aboutir à un remaniement. Ils estiment notamment que Félix Moloua n’a pas suffisamment bien géré la crise et les grèves récentes dans les secteurs de l’éducation et de la santé.

Le renouvellement, le 7 mars, du bureau de l’Assemblée nationale a encore mis en lumière l’existence de clans au sein du MCU. Évariste Ngamana a en effet conservé son poste de premier vice-président, tandis que la seconde vice-présidence était attribuée à Bernard Dillah, du Mouvement de libération du peuple centrafricain. Or, FAT avait demandé à ses troupes d’écarter ce dernier, qui s’est illustré ces derniers mois dans l’opposition.

Dans le secret des votes, plusieurs députés ont donc passé outre à la consigne du président. Un symbole des dissensions à l’intérieur même du parti au pouvoir. Une frange du MCU espère en effet pousser le président à se séparer du Premier ministre. Cependant, ce dernier est soutenu en sous-main par le président de l’Assemblée nationale, Simplice Mathieu Sarandji (SMS), et ses proches.

Ne pas « casser l’équilibre »

SMS n’a en effet pas totalement abandonné ses ambitions de se présenter à la prochaine élection présidentielle – prévue en 2026 –, si FAT ne parvient pas à mettre en place la réforme de la Constitution, indispensable pour atteindre son objectif de troisième mandat. Le patron des députés fait donc tout pour éviter l’émergence d’un Premier ministre trop influent, qui pourrait venir contrecarrer ses plans personnels.

Or, selon Sarandji, Félix Moloua, qui n’a jamais affiché d’ambitions politiques démesurées, n’est pas une menace. Il milite donc discrètement pour son maintien, contrairement à un autre clan au sein du MCU. Celui-ci, qui ne manque pas de relais dans les médias centrafricains, a un temps cherché à faire remplacer le Premier ministre – qui n’est pas un historique du parti au pouvoir – par le vice-président de l’Assemblée nationale, Évariste Ngamana.

FAT NE VEUT PAS SE PASSER DE NGAMANA À L’ASSEMBLÉE

Ce dernier représente toutefois un atout trop précieux pour Faustin-Archange Touadéra au Parlement, où il est avant tout chargé de contrebalancer l’influence de Simplice Mathieu Sarandji. « Ngamana a le profil pour être Premier ministre et c’est une créature du président. Mais FAT ne veut pas se passer de lui à l’Assemblée nationale », confie un proche du gouvernement centrafricain.

« Le chef de l’État sait que plusieurs cadres du MCU, notamment Sarandji mais aussi l’autre ancien Premier ministre Firmin Ngrebada, ont conservé des ambitions présidentielles et seront candidats si lui-même ne parvient pas à imposer son troisième mandat. Il doit donc verrouiller le parti et cela passe par Ngamana », confie un député à Bangui. « Il réfléchit à remplacer Moloua. Mais le problème est de trouver la bonne personne et de ne pas casser l’équilibre actuel », conclut cette source.

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