Pacôme Pabandji – envoyé spécial à Boali
Africa-Press – CentrAfricaine. L’ancien Premier ministre Ngrebada espère conserver son mandat de député de Boali à l’occasion des législatives, à la fin de l’année. Mais un rival local, membre comme lui du parti au pouvoir et qui n’est pas sans atouts, compte bien lui barrer la route.
C’est une journée dominicale peu ordinaire dans la ville de Boali, située à un peu moins de 100 km de Bangui, capitale de la Centrafrique. Le soleil est au zénith, et les habitants, mélangés avec les nombreux touristes locaux, vaquent à leurs occupations. Certains sortent de leur lieu de culte. Un attroupement soudain vient rompre ce calme. Sur la place du marché, au milieu de la foule et de chants à sa gloire, Davy Bounguinza échange des salutations chaleureuses, des accolades et des baisers. L’ambiance est joyeuse. « Nous ne fêtons rien. Nous acclamons simplement notre candidat, qui vient d’arriver dans la ville », s’écrie Chrysostome, un vendeur ambulant.
Davy Bounguinza est vêtu, ce jour-là, d’un ensemble de tissu en pagne à l’effigie du président, Faustin-Archange Touadéra. Natif de Boali, le quadragénaire veut marcher dans les pas de son père, Jean-Marie Bounguinza, député de Boali de 1998 à 2003, puis de 2005 à 2011. Aujourd’hui son fils, qui dit se présenter aux prochaines législatives dans la circonscription pour répondre à l’appel des habitants, met en avant cet héritage.
Après son bain de foule sur la place du marché, c’est à la gargote de sa sœur, à la gare routière, qu’il s’accorde une pause, entouré de ses partisans. « Mon père a laissé une trace indélébile dans les cœurs, ici. Je veux reprendre le flambeau et faire prospérer la ville », glisse-t-il à Jeune Afrique.
Ngrebada crie au complot
Ce genre de bains de foule, Davy Bounguinza en organise régulièrement depuis quelques semaines. C’est ainsi qu’il est parvenu à convaincre des cadres du Mouvement cœurs unis (MCU), le parti au pouvoir, alors même que l’actuel député de Boali, Firmin Ngrebada, lui aussi membre de cette formation, compte bien se représenter et conserver son mandat. Depuis, les deux hommes se livrent une bataille à distance. L’ancien Premier ministre pourrait payer certaines de ses critiques à l’égard de Faustin-Archange Touadéra. Et son concurrent apparaît comme le pion idéal pour l’écarter des sphères du pouvoir.
Il y a quelques mois, recevant Jeune Afrique dans sa ferme, à Boali, Firmin Ngrebada avait évoqué « un vaste complot ourdi par des cadres de la majorité présidentielle », dont l’objectif consistait à l’ « éjecter de son siège à l’Assemblée nationale ». L’ombre de Davy Bounguinza planait déjà.
Ce dernier mène aujourd’hui une pré-campagne dans la ville, où il a récemment rencontré des jeunes ainsi que des dignitaires religieux. « Davy mise beaucoup sur la jeunesse. Il intéresse les habitants à des projets dans l’agriculture, l’élevage et le commerce. Il veut aussi travailler avec les différentes communautés, dont les Peuls », explique sa sœur, Aïcha, également cadre à la mairie.
Le 30 mars, à l’occasion du neuvième anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Faustin-Archange Touadéra, Bounguinza a également organisé un grand carnaval pour le compte du MCU. Son activisme lui vaut régulièrement les critiques de Firmin Ngrebada. L’actuel député de Boali l’accuse d’avoir mis sur pied un système de fraude en faisant inscrire sur la liste électorale locale des électeurs venus de Bangui. « Des ressortissants de Boali qui sont à Bangui m’ont sollicité car ils ont des problèmes de transport pour venir jusqu’ici. Je suis candidat, c’est mon devoir de leur venir en aide en mettant à leur disposition un véhicule pour les transporter jusqu’à Boali. Est-ce cela qu’on appelle fraude? », se justifie l’intéressé.
À sept mois de l’échéance électorale, la lutte s’annonce rude. Novice en politique mais disposant de discrets appuis au sein du MCU et de l’entourage du chef de l’État, Davy Bounguinza joue la carte de la proximité avec les habitants.
Firmin Ngrebada est, quant à lui, resté dans les esprits comme celui qui a mené localement la riposte face à la progression de la Coalition des patriotes pour le changement, un mouvement rebelle. À l’époque où il était Premier ministre, il avait beaucoup œuvré pour Boali en engageant des programmes de développement et des projets sociaux, ce que les habitants disent ne pas oublier. Les deux adversaires devraient s’affronter à l’occasion des primaires du MCU.
Source: JeuneAfrique
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