La République centrafricaine 1er pays africain à adopter le “Bitcoin” comme monnaie officielle

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La République centrafricaine 1er pays africain à adopter le
La République centrafricaine 1er pays africain à adopter le "Bitcoin" comme monnaie officielle

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – CentrAfricaine. L’annonce faite le mercredi 27 Avril 2022 par la République centrafricaine, d’avoir opté pour la Crypto-monnaie en choisissant la « Bitcoin » comme monnaie officielle aux côtés du Franc CFA, a causé la stupéfaction des experts et officiels dans les autres pays africains.

En effet, le pays, qui est sorti il y a moins de 3 ans d’une violente guerre civile, a légalisé l’utilisation des crypto-monnaies, selon ce qu’a annoncé un communiqué rendu public par la présidence centrafricaine, hier mercredi 27 avril, notant qu’il est « le premier pays d’Afrique à le faire ».

Les députés de l’Assemblée nationale ont approuvé à l’unanimité une loi « réglementant la crypto-monnaie en République centrafricaine », et le président Faustin-Archange Touadéra l’a ratifiée, selon ce qu’a confirmé le ministre d’État et Directeur de cabinet du président de la République, Obed Namsio.

Le communiqué indiquait que la République centrafricaine est « le premier pays d’Afrique à adopter la Bitcoin comme monnaie de référence », tout en estime que « cette mesure le place sur la carte des pays les plus courageux du monde ».

Rappelons que le pays connaît une guerre civile depuis près de 9 ans, dont l’intensité a considérablement diminué depuis 2019, après que le président élu Touadéra ait demandé l’aide des forces militaires russes pour maintenir la sécurité dans les villes du pays et expulser les groupes armés.

Bien que riche en diamants, en or et en uranium, l’Afrique centrale reste l’un des pays les plus pauvres du monde.

Dans ce contexte il faut noter qu’en date du 7 septembre 2021, le Salvador était devenu le premier pays au monde à adopter la Bitcoin comme monnaie légale, et le Fonds monétaire international (FMI) avait immédiatement mis en garde contre la décision, la décrivant comme menaçant « la stabilité et la sécurité financières et la protection des consommateurs ».

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra

La décision du Salvador avait suscité les critiques de nombreux observateurs, dont le FMI, sachant que beaucoup pensent que les crypto-monnaies telles que Bitcoin peuvent faciliter les opérations de blanchiment d’argent des criminels, ainsi que nuire à l’environnement.

L’idée du Salvador, c’est d’avoir un plan B et de « limiter sa dépendance envers les États-Unis », a analysé Claire Balva, cofondatrice de Blockchain Partner, leader français de l’accompagnement sur les technologies blockchain & crypto-actifs. A cela, s’est ajouté le fait que le président salvadorien, âgé de 40 ans, a voulu afficher une image moderne et pro-tech, mais la construction d’un crypto-paradis en Amérique latine pourrait masquer un accord moins reluisant.

«La bitcoin est un moyen de paiement qui permet à ceux qui l’utilisent d’avoir une confiance absolue sur l’origine de la transaction tout en étant opaque », a indiqué à son tour Gregory Vanel, titulaire d’un Diplôme d’Études Approfondies d’Économie et Politiques Internationales.

Etant donné que le franc CFA est utilisé comme monnaie officielle en République centrafricaine, comme la plupart des autres anciennes colonies françaises en Afrique, certains experts et économistes voient l’adoption de la Bitcoin comme une tentative de saper le franc CFA soutenu par la France, au milieu d’une lutte entre la Russie et la France pour l’influence en Centrafrique, un pays riche en ressources minières.

A noter qu’après que Faustin-Archange Touadera est devenu président en 2016, la République centrafricaine a commencé à s’éloigner de la France en tant qu’allié stratégique et à se tourner vers la Russie.

Par ailleurs, l’utilisation de toute crypto-monnaie nécessite la capacité de se connecter à Internet. Et en 2019, seulement 4% de la population de la République centrafricaine avait accès à Internet, selon le site World Data.

Pour sa part, en juin 2021, le président du Salvador, Nayib Bukele, a fait passer des réformes monétaires qui ont vu la BTC (Bictoin) devenir monnaie légale aux côtés du dollar américain dans ce pays d’Amérique centrale. La transition est entrée en vigueur en septembre, avec l’aide de son partenaire de portefeuille Bitcoin, Strike.

Bukele a depuis prévu d’exploiter l’énergie géothermique du Salvador pour exploiter Bitcoin ainsi que de vendre des obligations adossées à Bitcoin, cette dernière ayant été suspendue en raison d’un manque d’intérêt ou de la situation macroéconomique.


Nayib Bukele président du Salvador

On en sait moins sur les projets de la République centrafricaine en matière de crypto-monnaie ou sur la capacité du gouvernement à traduire le projet de loi du papier à la réalité.

Ne pas oublier aussi que l’un des pays les plus pauvres du monde, la République centrafricaine, dépend fortement des exportations de diamants, de l’agriculture et de l’aide étrangère. Il est également politiquement instable.

Il importe de rappeler que la guerre civile ayant éclaté au début des années 2010 avait conduit à la dissolution du gouvernement et à un État défaillant, qui a trouvé en Faustin-Archange Touadéra « une bouée de sauvetage » lorsqu’il devint président de la république en 2016, après la création d’une nouvelle constitution.

Allons-nous voir d’autres pays africains « emboiter » le pas à la République centrafricaine et adopter à leur tour la Crypto-monnaie ?

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