Mission réconciliation pour la Libye en Centrafrique

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Mission réconciliation pour la Libye en Centrafrique
Mission réconciliation pour la Libye en Centrafrique

Africa-Press – CentrAfricaine. En ce 13 février, un jet privé floqué du drapeau libyen se pose à la mi-journée sur le tarmac de l’aéroport Bangui-M’Poko. En descendent seize personnes, reçues par le ministre centrafricain de la Justice, Arnaud Djoubaye Abazene, qui remplace sa collègue des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, alors en déplacement hors du pays. Le ministre libyen de la Jeunesse, Fathallah Abdel-Latif al-Zini, très proche du président du conseil présidentiel libyen, Mohammed el-Menfi, conduit la délégation.

Dettes de plusieurs milliards de francs CFA
Le temps de leur visite de cinq jours, les autorités libyennes ont échangé avec la partie centrafricaine sur, entre autres, le remboursement de dettes s’élevant à plusieurs milliards de francs CFA, correspondant aux impôts et taxes sur les biens immobiliers du pays en Centrafrique. Selon nos sources, Fathallah Abdel-Latif Al-Zini est une ancienne connaissance du puissant homme d’affaires Sani Yalo. Le conseiller de l’ombre du président Faustin-Archange Touadéra a donc usé de sa proximité avec le garde des Sceaux pour organiser ce voyage.

Tripoli compte d’importants intérêts économiques dans le pays. Rien qu’à Bangui, la Libye possède des immeubles en location au nom du groupe Laico, mais aussi le luxueux Ledger Plaza Hotel, objet de convoitise des autorités centrafricaines. Financé par Mouammar Khadafi, cet établissement cinq étoiles a été inauguré en 2012, au lendemain de la chute du Guide. Un an plus tard, lorsque la Séléka a renversé François Bozizé, elle y a pris ses quartiers. L’établissement est alors devenu un lieu de trafic et de pouvoir. Il le restera après le départ des rebelles.

C’est en 2014 que le Libyen Ziad al-Zarzour en prend la tête. Il tisse alors son réseau et gagne chaque jour en influence, au point que Tripoli finit par vouloir en reprendre le contrôle. Dès l’élection de Touadéra, deux clans s’opposent farouchement dans ce dossier. Le premier, emmené par Harouna Douamba, est proche de l’ancien Premier ministre Henri-Marie Dondra. Le second est lié à Sani Yalo. Ce dernier reprend ensuite les choses en main et met hors jeu le clan Dondra, tout en installant une nouvelle équipe de direction. En septembre 2021, le Tunisien Chokri Ben Abdallah prend les rênes de l’hôtel dont il a été le directeur administratif et financier de 2016 à 2018.

Rencontre avec le Premier ministre
C’est donc aussi grâce à ses liens avec l’équipe dirigeante actuelle que Sani Yalo a coordonné la visite de la délégation libyenne. Il en a également financé l’organisation. « Je suis venu renforcer les relations diplomatiques entre nos deux pays et chercher les moyens de développer cette coopération », a déclaré Fathallah Abdel-Latif al-Zini dès son arrivée à l’aéroport de Bangui.

Très écouté par l’actuel Premier ministre, Félix Moloua, l’homme d’affaires a également provoqué une rencontre entre ce dernier et les émissaires libyens. Un moyen de passer un coup de chiffon sur ce « passé sale », juge Arnaud Djoubaye Abazene, et d’« espérer des relations d’État à État qui portent les intérêts des deux pays ».

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