Quel avenir pour l’Afrique au sein des Brics ?

7
Quel avenir pour l’Afrique au sein des Brics ?
Quel avenir pour l’Afrique au sein des Brics ?

Romain Chanson

Africa-Press – CentrAfricaine. Pretoria, qui assure la présidence tournante du groupe Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (Brics), veut faire avancer les intérêts du continent.

On sonne à la porte mais personne ne vient ouvrir. Le groupe des Brics dit recevoir avec plaisir les candidatures de la vingtaine de pays qui souhaitent intégrer ce club des économies émergentes, mais les heureux élus n’ont pas encore été désignés. Parmi eux, deux pays africains : l’Égypte et l’Algérie. Mais les ministres des Affaires étrangères des Brics, réunis au Cap en Afrique du Sud les 1er et 2 juin, ne sont pas parvenus à déterminer les critères qui permettront de filtrer les prétendants.

« Ce travail est toujours en cours, on l’aborde avec bonne volonté et un esprit d’ouverture », a expliqué Subrahmanyam Jaishankar, le ministre indien des Affaires étrangères, tout en reconnaissant qu’il fallait aussi « consolider la manière dont les membres existants des Brics travaillent ensemble ».

PÉKIN ESPÈRE DE NOMBREUX CANDIDATS REJOINDRE LA GRANDE FAMILLE DES BRICS

Une nuance qui contraste avec l’enthousiasme de Pékin, qui espère voir les candidats encore plus nombreux rejoindre « la grande famille des Brics », selon Ma Zhaoxu, vice-ministre chinois des Affaires étrangères. « Dès que nous aurons un document qui met les choses au clair, nous le présenterons lors du sommet en août. Nous voulons conclure ce travail avant que les chefs d’État ne se retrouvent », a affirmé Naledi Pandor, la ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération.

Piste solide

Pretoria prend ce sujet à cœur, quitte à se tirer une balle dans le pied. « Si les Brics s’élargissent et intègrent l’Arabie Saoudite par exemple, l’Afrique du Sud deviendra immédiatement la plus petite économie du groupe », souligne Anthony Butler, professeur en sciences politiques à l’université du Cap. À moins que, pour contrebalancer une éventuelle perte d’influence, « l’Afrique du Sud essaye de négocier des avantages comme une distinction entre les membres du premier cercle et les nouveaux arrivants », anticipe l’expert.

NOUS ENCOURAGEONS TOUTES LES INITIATIVES POUR ÉTABLIR UN ORDRE INTERNATIONAL ÉQUILIBRÉ

En attendant, l’ouverture vers le Moyen-Orient est une piste solide. Le ministre saoudien des Affaires étrangères était présent au Cap, où il a évoqué l’élargissement lors d’une rencontre bilatérale avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Le ministre iranien a, lui, eu droit à son aparté avec Naledi Pandor. Les candidats africains les plus sérieux, l’Algérie et l’Égypte, n’étaient en revanche pas présents.

Élargissement symbolique

L’élargissement avait lieu symboliquement au deuxième jour de la réunion : les « amis des Brics » étaient invités à rejoindre les pères fondateurs à l’hôtel des 12 Apôtres en périphérie du Cap. Treize ministres ont participé à cette réunion, dont cinq représentants de pays africains : les Comores qui exercent la présidence tournante de l’Union africaine, le Gabon, la Guinée-Bissau (par message enregistré), l’Égypte (virtuellement) et la RDC qui préside la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

Kinshasa semble adhérer au constat d’un monde sous domination, tel que décrit par les Brics. « Nous encourageons toutes les initiatives qui tendent à opérer les changements pour établir un ordre international équilibré, juste constructif […]. Nous espérons que les Brics vont contribuer efficacement à la réalisation de ce noble combat », a encouragé Christophe Lutundula, le ministre congolais des Affaires étrangères. Et que pense-t-il de la présence de la Russie, un pays agresseur, au sein des Brics ? « Ce sont les membres qui jugent, pas nous. »

Opportunité économique

C’est la première fois que la RDC était invitée. L’opportunité pourrait être économique avant tout. Les Brics s’intéressent en effet au développement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et ils ont choisi pour thème « L’Afrique et les Brics, un partenariat pour une croissance mutuelle accélérée. » Invité à s’exprimer en premier, Dhoihir Dhoulkamal, le chef de la diplomatie comorienne, a été présenté par son homologue sud-africaine comme le « porte-voix de 55 États africains [et] de 1,4 milliard d’Africains ». « Il fait partie d’une économie continentale de 3 trillions de dollars », s’est-elle enthousiasmée.

Les Brics restent un cercle fermé depuis l’intégration de l’Afrique du Sud, en 2010. Aujourd’hui, les Africains sont invités à jouer le rôle d’observateurs. Tous les chefs d’État du continent seront d’ailleurs invités par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, à participer au sommet qui se tiendra les 22 et 24 août à Johannesburg.

La Source: JeuneAfrique.com

Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here