Dette africaine : trois propositions pour réformer le système des DTS

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Dette africaine : trois propositions pour réformer le système des DTS
Dette africaine : trois propositions pour réformer le système des DTS

Yara Rizk

Africa-Press – CentrAfricaine. De Washington à Charm el-Cheikh, la question de la réforme du système d’allocation des Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI est identique. Pour Jeune Afrique, Hanan Morsy, secrétaire exécutive adjointe et économiste en chef de la CEA, revient sur les propositions formulées au cours des assemblées annuelles de la BAD.

Comme ils l’avaient déjà fait lors des Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale en avril dernier, les ministres africains des Finances, appuyés par l’Union africaine, Afreximbank, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont appelé, lors des assemblées générales de cette dernière, à des réformes du système des Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI). L’objectif étant de renforcer le filet de sécurité financière mondial et de mettre davantage de liquidités à la disposition des pays africains.

Une « goutte d’eau dans un océan »

« Lorsque des DTS sont alloués, ils ont tendance à bénéficier de manière disproportionnée aux pays qui en ont le moins besoin », indique Hanan Morsy. Les allocations de DTS, qui sont examinées tous les cinq ans, sont octroyées aux pays proportionnellement à leurs quotes-parts. Ces derniers étant calculés en fonction de plusieurs facteurs : PIB (50 %), degré d’ouverture de l’économie (30 %), variations économiques (15 %) et réserves officielles de change (5 %).

Ainsi, lors de l’allocation générale de 650 milliards de dollars de DTS en 2021, les pays les plus riches –donc ceux qui sont les moins susceptibles d’en avoir besoin – ont reçu 70 % des attributions totales, soit 450 milliards de dollars. L’Afrique n’a pour sa part reçu que 33 milliards de DTS (soit 5 % des attributions). Une allocation pour tout un continent qui est inférieure à celle perçue par certains pays comme la Chine, les États-Unis ou même l’Allemagne. Une « goutte d’eau dans un océan » avait alors estimé le président Sénégalais, Macky Sall.

Face à cela, et dans un contexte de crise qui empêche les économies les plus fragiles d’accéder aux marchés financiers et qui augmente les taux d’endettement, l’économiste en chef de la CEA considère que tout ce système d’attribution est à revoir.

Plus de transparence

« Il faudrait que, dans un futur proche, une plus grande proportion des allocations de DTS parvienne aux pays ayant le plus besoin de liquidités », indique l’experte à Jeune Afrique interrogée en marge des assemblées annuelles de la BAD.

Pour ce faire, il serait, selon ses dires, primordial de mettre en place un système plus transparent qui se fonde sur des critères stricts et connus de tous. Notamment pour les allocations exceptionnelles qui correspondent à des « évènements majeurs inopinés », comme ce fut le cas en 2009 et 2021.

« La disposition relative aux évènements majeurs inopinés doit être clarifiée et opérationnalisée afin d’inclure les chocs exogènes, tels que les pandémies ou les catastrophes naturelles, les récessions mondiales et les inversions importantes des flux de capitaux des économies émergentes et en développement », indique Hanan Morsy. Et d’ajouter, « pour plus d’équité, il faudrait implémenter des critères transparents, analytiques et rigoureusement définis ».

Profiter de l’effet levier des banques de développement

Lors des AG de la BAD, les ministres ont également plaidé pour la réorientation des DTS vers les banques multilatérales de développement, telle la Banque africaine de développement. Pour rappel, à ce jour, les DTS peuvent être détenus par le FMI, les pays membres et 15 détenteurs agréés tels que la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds africain de développement, la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC), la Banque des règlements internationaux (BRI), la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque est-africaine de développement (IADB).

« Faire converger les DTS vers les banques multilatérales de développement est un choix des plus pertinents. Non seulement parce que ces institutions ont un effet multiplicateur très important, avec un effet de levier qui peut générer trois à quatre fois la capacité de prêt ; mais aussi car elles facilitent les transferts », explique Hanan Morsy.

Jusqu’à présent, la réallocation de DTS d’un pays développé à un pays en développement n’est pas simple. Elle doit se faire sous la forme de prêts (particulièrement via les fonds fiduciaires pour la résilience et la durabilité), et dépend des politiques domestiques de chaque pays, du bien vouloir des Banques centrales concernées, et doit parfois être validée par les ministères compétents et/ou le Parlement.

La BAD et la Banque interaméricaine de développement ont donc proposé une solution de réorientation des DTS. Ce mécanisme fait actuellement l’objet de discussions, car sa mise en œuvre dépendra du soutien officiel de cinq pays donateurs membres du FMI. Jusqu’à présent, seul le Royaume-Uni a officiellement appuyé ce projet.

La Source: JeuneAfrique.com

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