Les pays riches ont une dette climatique de 36 000 milliards $ envers l’Afrique (ActionAid)

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Les pays riches ont une dette climatique de 36 000 milliards $ envers l’Afrique (ActionAid)
Les pays riches ont une dette climatique de 36 000 milliards $ envers l’Afrique (ActionAid)

Africa-Press – CentrAfricaine. Les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure empruntent aux pays riches des sommes colossales pour financer des actions en faveur du climat. Ils aggravent ainsi leur crise de la dette, alors que les pays du Nord qui avaient pollué l’atmosphère et déclenché la crise climatique en profitent.

Les pays riches, responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre (GES), ont une dette climatique de 36 000 milliards de dollars envers l’Afrique, selon un rapport publié en février 2025 par l’ONG ActionAid.

Intitulé « Who Owes Who? External debts, climate debts and reparations in the Jubilee Year », le rapport précise que plusieurs travaux de recherche ont été réalisés ces dernières années pour quantifier et reconnaître officiellement les dettes climatiques des pays riches. L’étude la plus systématique à ce sujet a été réalisée par les chercheurs en économie écologique Jason Hickel et Andrew Fanning en 2023. Cette recherche repose sur le concept de compensation pour « appropriation atmosphérique », c’est-à-dire l’évaluation de l’excès d’émissions de carbone des pays riches par rapport à leur juste part du budget carbone mondial.

Un élément central de l’argument en faveur de la compensation est que cette étude estime que 70% de la variabilité transnationale du PIB cumulé par habitant peut s’expliquer uniquement par les différences dans les émissions cumulées par rapport aux parts équitables du budget mondial du carbone. En d’autres termes, les pays riches se sont « enrichis en s’appropriant plus que leur juste part du patrimoine atmosphérique ». Les calculs de compensation sont des projections de passifs jusqu’en 2050, basées sur les prix du carbone du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et sur un scénario où le réchauffement climatique est limité à 1,5° C et où l’objectif zéro net est atteint d’ici 2050. Trois années de référence sont utilisées pour examiner les émissions: 1850, 1960 et 1992.

Dans les estimations les plus basses, qui ne comptabilisent les émissions qu’à partir de 1992 (date de la Convention des Nations Unies sur le climat), les dettes climatiques des pays riches atteignent 107 000 milliards de dollars. Ce montant est plus de 70 fois supérieur à la dette extérieure totale de 1450 milliards de dollars que les 74 pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure sont collectivement contraints de payer.

La part des pays africains sur cette dette climatique globale s’élève à 36 000 milliards de dollars. Ce montant est plus de 50 fois supérieur à la dette extérieure totale du continent.

Pourtant, ces dettes climatiques restent impayées, tandis que les dettes extérieures des pays africains sont impitoyablement recouvrées, entraînant des coupes drastiques dans les budgets dédiés à la santé, à l’éducation, à l’action climatique et au développement. Cela est d’autant plus injuste que la dette extérieure de l’Afrique découle en grande partie d’un système mondial de notation de crédit inéquitable et des taux d’intérêt exorbitants appliqués aux prêts.

Des financements climatiques sous forme de prêts

Le continent se voit, en effet, imposer des taux d’intérêt très élevés sur les prêts par rapport aux pays riches: 9,8% en moyenne en Afrique contre 0,8% en moyenne pour l’Allemagne.

ONG spécialisée dans la lutte contre la pauvreté et les injustices dans le monde, ActionAid souligne en outre que les pays riches se sont formellement engagés à verser 100 milliards de dollars par an en financement climatique aux pays du Sud dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat en 2015. Cependant, non seulement les pays riches ont pris des années de retard pour respecter cet objectif, mais ils n’ont absolument pas respecté l’esprit de l’accord, puisque les deux tiers des fonds ont été accordés sous forme de prêts à des pays qui sont déjà confrontés à une crise de la dette.

Lors de la COP29, qui s’est tenue en 2024, l’objectif de financements climatiques destinés aux pays du Sud a été porté à 300 milliards de dollars par an, mais il n’a pas été précisé que cet objectif devrait être atteint sous forme de subventions et non de prêts. Or, les modélisations montrent que le remboursement de la dette climatique des pays riches et pollueurs d’ici 2050 nécessiterait un transfert annuel de 4000 milliards de dollars vers les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire inférieur (environ 5000 milliards en incluant l’ensemble des pays en développement). Sur ce montant de remboursement annuel global de la dette climatique, l’Afrique devrait recevoir 1400 milliards de dollars par an.

Confronté à une urbanisation rapide, le continent a besoin de fonds pour s’adapter au changement climatique, dont il subit les conséquences néfastes de manière disproportionnée bien qu’il ne contribue aux émissions mondiales de GES qu’à hauteur de moins 4%. Pourtant, seulement 5% du financement climatique mondial parvient actuellement à l’Afrique subsaharienne. Et la majeure partie de ces fonds sont servis sous forme de prêts.

Pour remédier à cette situation, le rapport recommande à l’Union africaine (UA) et à l’ensemble des pays du Sud de donner la priorité à l’établissement d’une nouvelle convention-cadre des Nations Unies sur la dette pour remplacer l’architecture coloniale injuste actuelle centrée sur le Fonds monétaire international (FMI) et de s’unir pour exiger l’annulation de la dette en tant que partie du paiement de la dette climatique due par les pays riches.

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