Africa-Press – CentrAfricaine. La pression sur le pouvoir d’achat africain se relâche. Dans les deux zones franc CFA que sont l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), la hausse des prix générée par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ralentit, selon les banques centrales. Jean-Claude Kassi Brou, le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) s’est ainsi félicité, le 5 mars, d’une désinflation dans la zone au cours du dernier trimestre 2024.
De fait, l’inflation est passée de 4,1 % au troisième trimestre à 2,9 % sur les trois derniers mois de 2024 au sein l’Uemoa. Un chiffre qui répond à l’objectif affiché d’une inflation annuelle comprise entre 1 % et 3 %. Le bulletin mensuel statistique de la BCEAO indique, lui, une hausse des prix contenue chez ses huit pays membres (Bénin, Burkina faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) à 2,5 % en janvier, contre 23,5 % au Ghana et 34,2 % au Nigeria.
Les chiffres présentés par le gouverneur ne prennent toutefois pas en compte l’inflation importée, qui concerne les produits alimentaires et l’énergie. Cet indicateur est en baisse de 5 % en janvier après un repli de 3,5 % en décembre dernier, indique la BCEAO. Pour autant, ces importations « tirent l’inflation vers le haut », rappelle l’économiste sénégalais Alla Sène Gueye, qui souligne qu’une « inflation importée supérieure à l’inflation sous-jacente ne peut qu’influer négativement sur les chiffres officiels ».
« La détente des cours mondiaux des produits alimentaires et énergétiques, ainsi que l’arrivée des premières récoltes sur les marchés de la campagne vivrière 2024-2025, dont la performance est meilleure, ont permis d’atténuer les pressions sur les prix dans les pays membres », a souligné Jean-Claude Kassi Brou. Sur les produits de première nécessité, comme le riz, l’Uemoa note une baisse de 13,8 % des cours mondiaux sur le prix, en glissement annuel. La céréale est passée de 232,70 F CFA en janvier 2024 à 200,40 F CFA en ce début d’année. L’organisation se base sur les prix à l’importation pour effectuer ses calculs et non sur ceux des marchés locaux.
Maintenir les efforts
Même signaux de détente en Afrique centrale. Alors que l’inflation a atteint 6,8 % en 2023 et 5,9 % en 2024 dans la zone, la Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac) table sur une hausse des prix autour de 3 % en 2025. Pour autant, le Fonds monétaire international (FMI) incite les pays de la zone à maintenir leurs efforts en faveur du pouvoir d’achat, rappelant que « l’inflation est restée élevée, à 4,3 % en septembre 2024, dépassant ainsi le critère de convergence régional ».
« La Beac devrait maintenir une politique monétaire avec un biais restrictif, et ne réduire ses taux d’intérêt que lorsque des signes tangibles indiqueront que l’inflation se rapproche du critère de convergence régionale et que les risques pour la stabilité extérieure se sont atténués », a ainsi déclaré le FMI fin février à l’issue des entretiens annuels sur les politiques communes de la Cemac. Conséquence, le taux directeur actuel de 5 %, décidé en septembre dernier par la banque, devrait rester inchangé.
Au Cameroun, pays membre de la Cemac, l’inflation était de 4,5 % en 2024, selon l’Institut national de statistique (INS). « En moyenne, sur les douze derniers mois, le taux d’inflation [dépasse] le seuil de 3 % fixé par la Cemac. [Elle est] en grande partie due à l’augmentation de 5,9 % des prix des produits alimentaires et de 11,8 % des coûts des transports, deux postes de dépenses essentiels pour les ménages. Elle est cependant repartie en hausse en janvier avec 5,3 % », poursuit la note de l’INS.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press