Africa-Press – CentrAfricaine. Le gouvernement centrafricain a adopté, lors du Conseil des ministres du 2 octobre 2025, un projet de loi présenté comme une « réforme du code de la commande publique ». Officiellement, l’objectif serait de garantir la transparence, l’équité et la bonne gouvernance. Mais derrière ces grands mots, c’est le même système de détournement qui se recycle sous un nouvel emballage.
Lors du conseil des ministre du 2 octobre 2025, le ministre des Finances Hervé Ndoba a pris la parole après l’autorisation du Président Touadera pour expliquer que la réforme répondait aux « standards internationaux » et visait à « améliorer le cadre juridique des marchés publics ». En réalité, cette réforme n’est pas née d’une volonté nationale de transparence, mais d’une exigence des bailleurs, notamment la Banque mondiale, lassée de financer des projets absorbés par la corruption. Autrement dit, ce n’est pas l’État centrafricain qui réforme, c’est la Banque mondiale qui impose, et le gouvernement obéit.
Le même texte reconnaît que la loi de 2008, censée déjà « mettre le pays au standard international », n’a jamais produit les effets attendus. Quinze ans plus tard, les détournements n’ont pas diminué, les marchés continuent d’être attribués à des proches du pouvoir, et les organes de contrôle, souvent dirigés par les mêmes responsables, ont été incapables de sanctionner quoi que ce soit. Le Conseil parle de « lacunes à corriger ». Mais les lacunes ne sont pas dans le texte: elles sont dans la pratique. Dans un système où la corruption est structurelle, gérée par le Président de la République lui – même, une nouvelle loi devient simplement un nouveau bouclier juridique pour ceux qui détournent.
Parmi les « innovations » vantées par le gouvernement figurent la « prise en compte du genre » et le « développement durable ». Des termes séduisants qui n’ont jamais empêché un marché public d’être attribué à un ministre ou à une société écran. Le texte promet aussi de « renforcer les organes de contrôle ». Or ces organes sont nommés directement par l’exécutif — c’est-à-dire par ceux qui signent et profitent des marchés. Qui contrôlera donc les contrôleurs? Les mêmes qui détournent. Cette réforme, présentée comme un pas vers la transparence, revient à confier la lutte contre la corruption à ceux qui en vivent.
La Banque mondiale applaudit la réforme. Le gouvernement parle d’un « pas vers la transparence ». Mais dans les ministères, rien ne change: les appels d’offres continuent d’être truqués, les entreprises proches du pouvoir raflent les chantiers, et les audits restent secrets. Les marchés publics centrafricains sont devenus la première source de financement politique du régime. Chaque projet financé par l’étranger se transforme en caisse noire, chaque contrat en récompense pour fidélité politique.
Le texte sera transmis à l’Assemblée nationale pour adoption. Mais comme toutes les précédentes lois dites « de réforme », celle-ci n’aura d’effet que sur le papier. Ce code, censé corriger les abus, sera utilisé pour justifier les mêmes pratiques, avec plus de formalisme et moins de transparence réelle. La Banque mondiale sera « satisfaite », le gouvernement aura « réformé », et les détournements continueront. La transparence annoncée restera un slogan dans un pays où les voleurs écrivent eux-mêmes les lois contre le vol.
Source: Corbeau News Centrafrique
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