Africa-Press – CentrAfricaine. Le 9 octobre 2025, le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) a pris une initiative juridique préventive pour empêcher le régime Touadéra de manipuler les élections du 28 décembre 2025. Par l’intermédiaire du Cabinet Manguereka, le MLPC a officiellement notifié à l’Autorité Nationale des Élections (ANE) et au Conseil Constitutionnel qu’il ne présentera aucun candidat pour ces élections.
Cette démarche n’est pas un simple boycott. C’est une stratégie juridique pour bloquer par avance toute tentative du régime de fabriquer de faux candidats MLPC.
Dans la lettre signée par Maître André Olivier Manguereka et adressée au Président de l’ANE, le MLPC, représenté par son -président Martin Ziguélé, déclare clairement: “Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) n’investira aucun candidat pour les élections groupées du 28 décembre 2025».
Mais la lettre ne s’arrête pas là. Elle tire immédiatement la conséquence juridique de cette décision: “Par conséquent, toutes les candidatures déposées au nom de ce parti doivent être purement et simplement rejetées car non investies par le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC)».
Cette formulation est importante. Le MLPC ne dit pas seulement “nous boycottons”. Il dit: “nous ne présentons aucun candidat, DONC toute personne qui se présentera en notre nom doit être rejetée par l’ANE car elle n’aura pas notre investiture».
Pourquoi cette précaution juridique? Parce que le MLPC connaît le régime Touadéra. Il sait que face au boycott des vrais partis d’opposition, le régime est capable de fabriquer de faux candidats qui utiliseront frauduleusement le nom du MLPC pour créer l’illusion du pluralisme.
Le MLPC a donc décidé de bloquer cette route par avance. En notifiant officiellement à l’ANE et au Conseil Constitutionnel qu’aucun candidat ne sera investi par le parti, le MLPC établit juridiquement que toute candidature déposée au nom du MLPC sera frauduleuse.
Cette stratégie est intelligente. Elle place l’ANE et le Conseil Constitutionnel face à leurs responsabilités. Maintenant que ces institutions ont reçu officiellement la notification du MLPC, elles ne pourront pas prétendre ignorer que les candidatures déposées au nom du MLPC sont frauduleuses.
Si l’ANE valide quand même des candidatures au nom du MLPC, elle se rendra complice d’une fraude documentée. Si le Conseil Constitutionnel avalise ces candidatures frauduleuses, il violera ouvertement la loi. Le MLPC leur aura tendu un piège juridique.
La lettre a été officiellement reçue par l’ANE le 9 octobre 2025, comme l’atteste le cachet de réception visible sur le document, dont CNC a pu lire. Une copie a été adressée au Conseil Constitutionnel. Tout est donc tracé, daté, enregistré. Le MLPC a créé une preuve juridique irréfutable de sa non-participation.
Cette démarche montre la méfiance profonde du MLPC envers le régime. Si le MLPC prend la précaution de notifier officiellement qu’il ne présente aucun candidat, c’est parce qu’il considère que le régime est parfaitement capable de fabriquer de faux candidats MLPC.
Et cette méfiance est légitime. Le comportement du régime Touadéra depuis des années montre qu’il est prêt à toutes les manipulations pour se maintenir au pouvoir. Modification inconstitutionnelle de la Constitution, révocation de juges récalcitrants, arrestations arbitraires d’opposants, trucage électoral systématique: le régime a déjà prouvé qu’il ne respecte aucune règle démocratique.
Fabriquer de faux candidats d’opposition pour créer l’illusion du pluralisme serait tout à fait cohérent avec ces pratiques. Le régime a besoin de montrer à la communauté internationale que les élections sont “pluralistes”, que “l’opposition participe”. Si les vrais partis d’opposition boycottent, le régime fabriquera de faux partis d’opposition.
C’est exactement ce scénario que le MLPC veut empêcher en notifiant officiellement sa non-participation. Le parti dit au régime: “Nous savons ce que vous allez essayer de faire. Nous avons bloqué cette route juridiquement. Si vous fabriquez quand même des candidats MLPC, ce sera une fraude documentée».
Maintenant, la question est: comment le régime va-t-il réagir?
Scénario 1: L’ANE et le Conseil Constitutionnel respectent la notification du MLPC et rejettent toutes les candidatures déposées au nom du MLPC. Dans ce cas, le MLPC aura réussi à bloquer la fabrication de faux candidats.
Scénario 2: L’ANE et le Conseil Constitutionnel ignorent la notification du MLPC et valident quand même des candidatures au nom du MLPC. Dans ce cas, le régime assumera ouvertement la fraude, en violation d’une notification juridique officielle.
Le scénario 2 est malheureusement le plus probable. L’ANE n’est pas indépendante, elle est contrôlée par le régime. Le Conseil Constitutionnel également. Ils valideront probablement les candidatures frauduleuses parce que le régime a besoin de ces faux candidats pour créer l’illusion du pluralisme.
Mais même dans ce cas, le MLPC aura gagné quelque chose: la preuve juridique irréfutable que les élections sont truquées. Quand des candidats se présenteront au nom du MLPC le 28 décembre, le MLPC pourra montrer la lettre officielle du 9 octobre et dire: “Voilà la preuve que ces candidats sont des imposteurs, nous avions prévenu l’ANE et le Conseil Constitutionnel».
Cette preuve sera utile pour contester les résultats des élections devant les instances internationales. Elle sera utile pour documenter la fraude électorale. Elle sera utile pour l’Histoire, pour établir que ces élections étaient une parodie.
La démarche du MLPC est aussi un message politique fort. Elle dit aux Centrafricains: “Nous ne cautionnons pas cette parodie électorale. Nous boycottons. Et nous prenons les précautions juridiques nécessaires pour que le régime ne puisse pas fabriquer de faux candidats MLPC».
Ce message de fermeté est important. Il montre que le MLPC ne se laissera pas manipuler. Que le parti préfère le boycott et la contestation juridique à la participation à des élections truquées. Que Martin Ziguélé et le MLPC choisissent la dignité plutôt que la compromission.
Cette position du MLPC pourrait encourager d’autres partis d’opposition comme le RDC à faire la même chose: notifier officiellement leur non-participation et bloquer juridiquement toute tentative de fabrication de faux candidats en leur nom.
Si plusieurs grands partis d’opposition adoptent cette stratégie, le régime se retrouvera dans une situation difficile. Il pourra toujours fabriquer de faux candidats, mais la fraude sera tellement documentée qu’elle ne trompera plus personne.
La lettre du MLPC pose aussi une question importante: pourquoi un parti politique doit-il prendre des précautions juridiques pour empêcher qu’on fabrique de faux candidats en son nom? Pourquoi le MLPC doit-il notifier officiellement qu’il ne présente pas de candidats, alors que cela devrait être évident?
Parce que la Centrafrique de Touadéra est devenue un pays où tout est possible. Où les règles démocratiques les plus élémentaires sont violées. Où le régime peut fabriquer de faux candidats d’opposition sans que personne ne s’y oppose. Où les institutions électorales et judiciaires sont aux ordres du pouvoir.
Dans un pays normal, la notification du MLPC serait inutile. Si le parti ne dépose pas de candidats, aucun candidat MLPC n’apparaîtrait sur les bulletins. Mais en Centrafrique, le MLPC doit prendre des précautions juridiques parce qu’il sait que le régime peut fabriquer des candidats fantômes.
Cette situation est la démonstration parfaite que les élections du 28 décembre 2025 ne seront pas des élections. Ce sera un spectacle monté par le régime, avec des acteurs choisis par le pouvoir, pour donner l’illusion de la démocratie.
Le MLPC refuse de participer à ce spectacle. Et il a eu l’intelligence de bloquer juridiquement par avance toute tentative de le faire participer malgré lui en fabriquant de faux candidats MLPC.
Maintenant, observons comment le régime va réagir. Va-t-il respecter la notification du MLPC? Ou va-t-il assumer ouvertement la fraude en validant quand même des candidatures MLPC frauduleuses?
La réponse nous dira si le régime Touadéra a encore un minimum de respect pour les apparences juridiques, ou s’il est prêt à violer ouvertement la loi pour organiser son élection truquée.
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