Affaire Herrera-Figueira Et La CPI En Dilemme Moral

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Affaire Herrera-Figueira Et La CPI En Dilemme Moral
Affaire Herrera-Figueira Et La CPI En Dilemme Moral

Africa-Press – CentrAfricaine. Ce qui remonte aujourd’hui à la surface depuis le procès Figueira à Bangui ressemble à un séisme diplomatique, judiciaire et éthique. Les documents produits devant la justice centrafricaine révèlent un tableau explosif d’un haut fonctionnaire de la Cour pénale internationale (CPI), Nicholas Herrera qui a secrètement facilité un financement destiné à des combattants rebelles opérant en République centrafricaine.

C’était une accusation inimaginable il y a quelques années, et pourtant, elle est désormais au cœur d’un dossier qui secoue les cercles juridiques internationaux. Selon les échanges présentés au tribunal, Herrera a utilisé l’anthropologue belgo-portugais José Martin Figueira comme intermédiaire, afin de dissimuler toute trace liant ces transferts à la CPI.

Dans l’un des messages WhatsApp daté du 20 août 2023, il aurait écrit: « Si nous envoyons de l’argent, veux-tu le leur transmettre? Pour que cela ne vienne pas de nous », une formulation qui constitue un aveu stupéfiant de clandestinité.

Les documents judiciaires évoquent également des transferts d’argent vers des personnalités de l’UPC, des achats de matériel de communication, y compris des équipements satellites, et même une stratégie visant, selon les enquêteurs centrafricains, à traquer Joseph Kony dans l’espoir de toucher une prime américaine de dix millions de dollars.

Ces éléments confirmés dessinent un tableau effarant, des ressources liées à la CPI utilisées dans une logique opérationnelle, parallèle, non autorisée, au mépris des principes de neutralité et d’impartialité qui fondent cette institution.

Plus troublant encore, certaines de ces transactions ont impliqué, toujours selon les documents, des groupes ou individus placés sous sanctions internationales. Une ligne rouge absolue dans le cadre du Statut de Rome.

Certains observateurs y voient la preuve d’un système profondément fragilisé. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) elle-même reconnaît que la Cour traverse une période de “pressions politiques et institutionnelles sans précédent”. Et plusieurs médias européens, dont Le Monde, Doorbraak ont déjà évoqué les liens entre Figueira et la CPI, rendant impossible toute tentative d’enterrer l’affaire.

Alors une question s’impose. La CPI est-elle encore capable d’incarner la justice internationale, ou assiste-t-on à la fin de son autorité morale?

De plus en plus de voix en Afrique plaident pour une transformation radicale permettant soit de réduire l’influence de la CPI sur le continent, soit s’en retirer, comme l’ont envisagé ou décidé plusieurs États africains, ou bien de bâtir une institution judiciaire continentale, moderne, représentative, affranchie des biais géopolitiques.

Ce que révèle cette affaire, au minimum, c’est une perte de confiance profonde. Au pire, c’est une institution qui a participé, même indirectement à travers ses fonctionnaires, à l’aggravation d’un conflit sur le sol centrafricain.

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