Centrafrique : 28 Mai en Centrafrique : combats mélangés et déficit de justice,de vérité et de devoir de mémoire

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Centrafrique : 28 Mai en Centrafrique : combats mélangés et déficit de justice,de vérité et de devoir de mémoire
Centrafrique : 28 Mai en Centrafrique : combats mélangés et déficit de justice,de vérité et de devoir de mémoire

Africa-Press – CentrAfricaine. Lorsqu’on parle des évènements du 28 mai en République centrafricaine, il me revient à l’esprit deux évènements majeurs tant par leur gravité que leur ampleur et portée sociopolitique et historique. Les conséquences sont là mais les leçons ne sont toujours pas tirées, surtout que l’on refuse de dire la vérité autour. Il s’agit d’abord des évènements du 28 mai 2001, jour de la Fête des mères, date à laquelle le président Ange-Félix Patassé, son épouse et ses enfants, ont failli mourir sous un déluge de feu d’origine connue. S’en suivront la mort du général François N’Djadder-Bédaya alors Directeur général de la Gendarmerie nationale, ancien ministre de l’Intérieur et ancien DG de la Garde présidentielle de Patassé, la mort du colonel Abel Abrou, patron de l’Armée de l’air et adjoint du CEMA Bozizé, et la fuite en exil de l’ancien président André Kolingba et des siens. Il s’agit ensuite de l’attaque terroriste, la première du genre perpétrée contre des chrétiens dans une église, là savoir la paroisse Notre Dame de Fatima située dans le 6è arrondissement de Bangui, non loin du bastion des extrémistes musulmans du Km5. Toute la lumière n’est pas encore faite sur ces évènements mais essayons de nous rafraichir la mémoire.

I) 28 MAI 2001: COMBATS MÉLANGÉS, UNE TENTATIVE DE COUP D’ÉTAT QUI EN CACHERAIT D’AUTRES

LES FAITS

Officiellement et phénoménologiquement, il y a eu attaque à l’arme lourde de la résidence privée du président en exercice, Ange-Félix Patassé, démocratiquement élu en 1993 puis réélu en 1999. C’était dans la pleine nuit du dimanche 28 au lundi 29 mai 2001, au moment où les Centrafricains sortaient de la fête des mères qui est habituellement célébrée le dernier dimanche du mois de mai. Une horde d’hommes sauvagement armés a pris d’assaut la résidence présidentielle dite « Villa Adrienne », ou encore 124, au moment où le président Patassé et ses enfants étaient en train de rentre hommage à leur façon à Mme Angèle Patassé, Première dame de Centrafrique.

Des obus, roquettes, explosifs et toutes sortes d’armes lourdes ont secoué la maison Patassé et l’on croyait rêver. La riposte des éléments de la Garde présidentielle allait être battue en brèche par la puissance de feu de l’ennemi si des partisans du président Patassé, notamment les militants de son parti et ses parents aguerris au métier d’armes n’étaient intervenus pour soutenir la Garde présidentielle et bouter hors-concession les assaillants. C’est à l’aube vers les 4h du matin que les soldats loyalistes appuyés par des patassistes avaient réussi à repousser les assaillants.

LES RESPONSABILITÉS

C’est pendant cette nuit-là que le général François N’Djadder-Bédaya, alors DG de la Gendarmerie, qui cherchait à rallier le camp loyaliste pour organiser la résistance et la contre-attaque, a été tiré par balle réelle par quelqu’un supposé être proche du général de division François Bozizé, à l’époque chef d’état-major de l’armée nationale. Une récente lettre ouverte écrite et publiée par François-Nelson N’Djadder-Bédaya, un des fils du défunt général N’Djadder, a rendu responsable le général Bozizé d’être le cerveau de la mort de cet officier général de la gendarmerie par l’administration d’un sérum déconseillé au général N’Djadder, lequel avait entre-temps subi une opération chirurgicale qui l’avait mis hors de tout danger après extraction de la balle qui l’avait atteint. Le nom d’un médecin-militaire proche de Bozizé, Kossi Guénébem, Commandant à l’époque (actuellement général à la retraite), est même cité dans la lettre de Nelson N’Djadder. Tout comme le nom de Calixte Anatole Ngaya, à l’époque sergent-chef (actuellement colonel de l’armée), comme celui qui avait tiré à bout portant sur le général N’Djadder qu’il croyait mort (cf. Médias Plus N°2356 du Mercredi 06 Mai 2020).

En attendant que la vérité sorte un jour puisque les personnalités civiles, militaires et médicales mises en cause sont encore en vie, il convient de rappeler que d’autres personnalités étaient également considérées comme auteurs ou co-auteurs de la tentative du coup d’Etat du 28 mai 2001. Outre l’ancien président André Kolingba qui avait bêtement revendiqué le putsch (qu’il croyait réussi) avant d’être pris en chasse par Bozizé, les noms de François Bozizé (encore lui !), chef d’état-major de l’armée à l’époque, et de Me Jean-Jacques Démafouth, ministre de la Défense nationale à l’époque, étaient sur plusieurs lèvres et même dans les milieux militaires comme ayant trompé dans la tentative de déstabilisation du pouvoir de l’époque.

LE FLOU PERSISTE

Malgré le procès contre Kolingba et ses acolytes en 2001, il faut reconnaître que le flou persiste. La mort sur le terrain du colonel Abel Abrou, à l’époque patron de l’Armée de terre et adjoint de Bozizé, et du colonel Zakatao, alors patron des renseignements militaires à l’époque (un génie dans le domaine des renseignements militaires), ne permet pas de reconstituer les choses comme il se doit en vue de la pleine manifestation de la vérité.

La vérité que des gens malintentionnés ont toujours camouflée est la suivante: c’est Patassé, alors président de la République, qui a été victime d’une tentative de coup d’Etat qui allait l’emporter avec toute sa famille. Et je me suis toujours posé la question de savoir si un chef d’Etat démocratiquement élu doit être tué de façon sauvage par ceux qui ne veulent pas qu’il soit à la tête du pays. J’imagine un Kolingba, un Bozizé ou un Djotodia à l’époque menacé de mort à domicile de cette manière comme ce fut le cas cette nuit du 28 mai 2001 !!!

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