Africa-Press – CentrAfricaine. Convoqués pour un financement agricole, les habitants de Birao ont assisté fâcheusement à un meeting de campagne pour le troisième mandat de Baba Kongoboro.
La Centrafrique vit depuis bientôt sept ans sous le règne du mensonge institutionnalisé. Depuis que les hommes de Wagner ont débarqué en 2018, le pouvoir en place a progressivement abandonné toute prétention à la sincérité. Dix années de gouvernance ont transformé le régime en machine à tromper, capable de dire n’importe quoi pour tenter de sauver une popularité en chute libre. Les Centrafricains ne reconnaissent plus leur pays dans cette succession de fausses promesses et de manipulations grossières qui insultent leur intelligence.
Dans ce contexte de désillusion générale, la pré-campagne électorale a débuté sur les mêmes bases: le mensonge. Ainsi, le vendredi 14 novembre 2025, une délégation du MCU, parti présidentiel, a quitté la capitale pour Birao, chef-lieu de la Vakaga. Les habitants de cette région isolée allaient faire les frais d’une nouvelle tromperie.
Quelques heures avant l’arrivée de la délégation à Birao, les chefs de quartiers avaient appelé la population pour assister à une présentation d’un financement agricole de l’ACDA, censé provenir directement de la présidence. Dans cette région isolée où l’agriculture constitue la principale activité économique, l’annonce a provoqué un déplacement massif. Les villageois sont venus en nombre, espérant obtenir des informations sur les modalités d’attribution de cette aide promise et sur le partage éventuel des fonds.
Mais une fois que les habitants sont arrivés sur le lieu indiqué, aucun projet agricole n’a été présenté. Aucun financement n’a été annoncé. La réunion s’est transformée en meeting politique entièrement consacré à la promotion du président Faustin Archange Touadéra alias Baba Kongoboro et à la préparation de sa candidature pour un troisième mandat controversé.
La composition de la délégation expliquait d’emblée la nature réelle du déplacement. Elle était menée par Albert Toumou Deya, ministre délégué au désarmement et ex-chef rebelle du MLCJ, intégré au gouvernement après les accords de paix. À ses côtés figurait Héritier Doneng, ministre de la Jeunesse et des Sports, chef de la milice Requin, une milice armée au service du régime connue pour ses méthodes particulièrement violentes.
Le groupe comprenait également Euloge Doctrouvé, surnommé “l’insulteur public” pour ses attaques quotidiennes contre les centrafricains sur les réseaux sociaux, ainsi que Blaise Didatien Kossimatchi, connu sous le surnom de “Le Soûlard”. Ce dernier s’est rendu célèbre par ses menaces répétées, notamment celle de “broyer les tibias des jeunes de l’opposition”. Ces profils sont largement documentés sur internet et dans l’espace public centrafricain.
Sur place, les discours n’ont porté que sur la nécessité de soutenir le président sortant et de mobiliser pour les échéances électorales. La délégation a procédé à la validation d’associations et de comités de soutien à la candidature de Touadéra, comme l’attestent les publications diffusées ensuite sur les réseaux sociaux par les militants du MCU. “Birao, chef-lieu de la Vakaga, a vibré ce jour au rythme de la validation des Associations et Comités de soutien à la candidature du Professeur Faustin Archange Touadéra”, pouvait-on lire sur leurs pages.
Les habitants, interrogés par la rédaction du CNC, expriment leur colère face à cette manipulation. “On nous a fait croire qu’on venait pour l’agriculture et l’argent du président. Mais c’était juste pour nous forcer à écouter leur tas de mensonge ”, témoigne l’un d’eux.
En effet, après dix ans de pouvoir, le régime peine à mobiliser sans recourir à ces stratagèmes. La popularité du président a chuté et les populations ne répondent plus aux convocations politiques classiques du régime. Les gens n’aiment pratiquement plus le président Baba Kongoboro.
Pour tenter de créer une apparence de soutien populaire, le pouvoir multiplie les mensonges. À Birao, la méthode a fonctionné: les villageois sont venus massivement, attirés par la promesse d’un financement. Mais une fois sur place, piégés, ils ont dû subir un meeting électoral qu’ils n’étaient pas venus entendre.
L’envoi de cette délégation composée d’anciens chefs de guerre reconvertis en ministres, de responsables de milices armées et de militants connus pour leur agressivité démontre la nature de cette pré-campagne. Dans une région déjà marginalisée économiquement, l’utilisation d’une fausse promesse agricole pour organiser un rassemblement politique constitue une forme supplémentaire de mépris envers les populations.
Le régime a hérité des méthodes de Wagner: mensonge sur mensonge, tromperie sur tromperie. Les autorités ne savent même plus dire la vérité, même une seule fois. Cette machine du mensonge tourne à plein régime, épuisant une population qui ne croit plus aux promesses officielles.
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