Dépenses de la Minusca pour le Pont de Kokoro

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Dépenses de la Minusca pour le Pont de Kokoro
Dépenses de la Minusca pour le Pont de Kokoro

Africa-Press – CentrAfricaine. La récente publication de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) concernant l’achèvement du Pont de Kokoro dans le 3e arrondissement de Bangui, a provoqué une vive polémique sur les réseaux sociaux. L’ouvrage, une petite passerelle en bois affichant une capacité de 8 tonnes (8t), a été annoncé au coût de 6 millions de Francs CFA, un montant jugé extravagant et sujet à moquerie par de nombreux internautes.

L’image de ce pont, jugé trop simple pour un tel investissement, a rapidement fait le buzz. Les critiques estiment que la construction n’aurait pas dû excéder 200 000 F CFA à 1 million de F CFA et y voient une nouvelle preuve de dépenses excessives, voire de mauvaise gestion des fonds.

Notre analyse Technique sur ce que les 6 Millions de F CFA pourraient financer pour ce pont. En effet, l’indignation publique se focalise principalement sur l’aspect visible du pont: un tablier fait de planches de bois. Toutefois, une analyse technique plus approfondie montre que le coût d’un ouvrage, même modeste, est souvent déterminé par des éléments invisibles ou sous-estimés par le grand public:

La Capacité de Charge (8 Tonnes): Le panneau “8t” est l’élément technique clé. Construire une simple passerelle piétonne est peu coûteux. Construire un pont capable de supporter le passage d’un petit camion, d’une ambulance, d’un engin de construction ou d’un véhicule de transport de marchandises (ce qui est l’objectif d’une capacité de 8t) exige une structure de fondation et un tablier beaucoup plus solides.

Les Poutres: Pour supporter 8 tonnes sur une portée donnée, le pont nécessite des poutres maîtresses (probablement en bois dur traité ou en acier) de très forte section. Ces matériaux de qualité technique et traités contre l’humidité coûtent très cher.

Les Fondations (Culées): Les fondations du pont, souvent sous l’eau et sous terre, sont essentielles. Elles doivent être conçues et dimensionnées pour encaisser la charge des 8 tonnes sans tasser ou s’effondrer. L’étude de sol, le ferraillage et le bétonnage des culées peuvent représenter la majorité du coût total du projet.

Les Coûts Indirects d’un Projet MINUSCA: Les coûts des agences internationales et des missions de l’ONU intègrent des frais qui n’existent pas sur un chantier de construction privé:

Études et Ingénierie: Le coût inclut probablement les études de faisabilité, l’ingénierie et la supervision par des professionnels (salaires des experts).
Logistique et Sécurité: Le transport sécurisé des matériaux dans un contexte difficile, les coûts de la main-d’œuvre respectant les normes d’une mission internationale, l’assurance et les mesures de sécurité sur le chantier.

Mais pourquoi cette indignation sur le Décalage entre l’estimation réelle des coûts d’investissement et la Perceptions du public? Voilà! Le cœur de la polémique réside dans le décalage entre le “prix affiché” et la “valeur perçue”. Pour le citoyen lambda, le pont de Kokoro n’est qu’une collection de planches.

L’expérience montre que des ouvrages similaires, réalisés par la population centrafricaine avec des matériaux non traités et sans ingénierie formelle, pourraient coûter beaucoup moins cher (autour de 500 000 F CFA). Cependant, un tel ouvrage aurait une durée de vie très limitée, serait dangereux et ne supporterait jamais les 8 tonnes requises, menant à des risques d’accidents et des coûts de maintenance récurrents.

Bien que la nécessité d’un pont de 8 tonnes à Kokoro pour faciliter la circulation soit incontestable, l’affaire montre clairement le besoin déterminant de transparence de la part des organisations internationales.

Pour éviter que de tels projets ne génèrent des polémiques, il serait essentiel que la MINUSCA (ou l’entité responsable) publie une ventilation simplifiée des coûts. Cela permettrait de distinguer clairement le prix des matériaux (bois, acier, béton), le coût de l’ingénierie et les frais logistiques, aidant ainsi le public à comprendre pourquoi un simple “pont de planches” peut légitimement atteindre les 6 millions de Francs CFA ou plus lorsqu’il est construit aux normes internationales pour une capacité de 8 tonnes.

Source: Corbeau News Centrafrique

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