Africa-Press – CentrAfricaine. Firmin Ngrebada, ancien Premier ministre, député, alerte sur une fraude électorale à Boali, où des électeurs non-résidents, venus en masse depuis la capitale, s’inscrivent illégalement sur la liste électorale à Boali, compromettant les élections de 2025.
À l’approche des élections présidentielle, législatives et municipales de 2025, une affaire grave éclate à Boali, dans l’Ombella-M’Poko. Firmin Ngrebada, ancien Premier ministre et député de ladite circonscription, a pris la parole sur la radio Ndéké-Luka dans l’émission parlement pour dénoncer ce qu’il appelle une fraude électorale en préparation. Selon lui, des individus transportés en masse depuis Bangui, sans lien avec Boali, s’inscrivent sur les listes électorales, en violation claire du code électoral. Cette manœuvre, qu’il qualifie de “fraude en gestation”, met en péril l’honnêteté des scrutins à venir et révèle des failles profondes dans la supervision du processus électoral.
L’enrôlement des électeurs, démarré en novembre 2024 par l’Autorité nationale des élections (ANE), vise à mettre à jour le fichier électoral et à enregistrer les nouveaux votants. À Boali, tout semblait initialement sous contrôle, jusqu’à ce que Firmin Ngrebada repère des anomalies. Il accuse un candidat aux élections municipales et législatives d’avoir organisé le transport de “camions entiers” de personnes depuis des quartiers précis de Bangui, comme Fou, le centre social de Fou et les abords de l’hôpital de l’amitié Gobongo. Ces individus, qui ne vivent pas à Boali, se sont inscrits en nombre, notamment à l’école préfectorale (connue localement comme le “lycée moderne”) et sur les axes Lambi et Cousine de Roo.
Firmin Ngrebada fonde son accusation sur le code électoral, qui exige, à l’article 12, que l’inscription électorale se fasse dans la circonscription du lieu de résidence. Les articles 6 et 20 précisent qu’un changement de résidence nécessite une radiation préalable de l’ancienne liste électorale. Or, les personnes déplacées depuis Bangui n’auraient respecté aucune de ces règles. Elles ne résident pas à Boali et n’ont pas suivi les démarches légales pour modifier leur inscription. Cette opération vise, selon le député, à fausser les résultats électoraux à Boali pour avantager certains candidats, au détriment des habitants légitimes de la circonscription.
Le plus troublant reste le silence des autorités locales. Firmin Ngrebada dit avoir alerté les responsables administratifs de Boali, les pressant de faire respecter le cadre légal. Pourtant, aucune action n’a suivi. Ni l’enrôlement illégal n’a été stoppé, ni les responsables n’ont été inquiétés. Cette inertie laisse planer le soupçon d’une complicité ou d’une négligence lourde, inacceptable dans un pays où la démocratie, encore fragile après des années de crises et l’accord de Khartoum, repose sur la confiance des citoyens. La passivité des autorités risque de saper la légitimité des institutions et d’alimenter le désintérêt, voire la colère, de la population.
Cette affaire à Boali révèle des problèmes plus larges dans la gestion électorale en RCA. L’ANE, chargée d’organiser les scrutins dans un contexte d’insécurité persistante et de ressources limitées, peine à garantir l’intégrité du processus. L’absence de sanctions immédiates contre les auteurs de ces inscriptions illégales renforce un sentiment d’impunité. Fort de son expérience de Premier ministre, Ngrebada insiste sur la nécessité d’une vigilance sans faille et d’une application stricte des lois électorales. Sans une réponse rapide, de telles pratiques pourraient se multiplier ailleurs, menaçant la crédibilité des élections de 2025.
Sur le plan politique, cette fraude n’est pas neutre. Boali, comme d’autres zones de l’Ombella-M’Poko, représente un enjeu stratégique pour les partis en compétition. Déplacer des électeurs depuis Bangui pour gonfler les listes électorales pourrait bouleverser l’équilibre local, au mépris des droits des résidents. Cette tactique constitue une attaque contre le principe même de la représentation démocratique, privant les habitants de Boali de leur voix légitime.
Firmin Ngrebada, par sa dénonciation, met les autorités face à leurs responsabilités. Son appel doit résonner au-delà de Boali, mobilisant l’ANE, les tribunaux, la société civile et les partenaires internationaux pour protéger la transparence des élections. La RCA ne peut se permettre une crise de confiance à l’aube de scrutins décisifs. Si les institutions échouent à agir, le pays risque de glisser vers une instabilité accrue, où la volonté populaire serait étouffée par des manœuvres indignes d’une démocratie. L’ancien Premier ministre a parlé ; aux décideurs de prouver que ses paroles ne resteront pas sans écho….
Source: corbeaunews
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